Agriculture

La culture du bananier en proie à la disparition

L’insuffisance hydrique, la non fertilisation des plantations, les pratiques culturales inadéquates et les maladies ravageuses sont certaines des causes qui font que la culture du bananier tend à disparaitre. L’ISABU informe qu’on compte réhabiliter les plantations de bananier pour inverser la tendance. Et plus de 260 variétés de bananier  ont été déjà collectées à cet effet

Dr Célestin Niyongere, chercheur à l’ISABU : « L’insuffisance hydrique, la non fertilisation des plantations, les pratiques culturales inadéquates et les maladies ravageuses sont certaines des causes qui font que la culture du bananier tend à disparaitre ».

   

Le bananier tend à disparaitre.  Dr Célestin Niyongere, chercheur à l’ISABU explique les raisons de cette situation. «Le bananier est une herbe géante constituée par 80% d’eau. Ce n’est pas un arbre comme la plupart des gens le croient.  Quand il apparait une certaine insuffisance hydrique, cette culture est  directement affectée. Elle manque d’eau et bonjour le flétrissement», éclaircit-il.

La deuxième cause est liée à  l’infertilité des plantations.  Selon lui, la plupart des agriculteurs  ne pensent pas à la fertilisation de cette culture. Elle reste isolée. On croit qu’elle n’a pas besoin d’autres soins complémentaires.  Ce qui rend plus grave la situation est que le bananier exporte beaucoup d’éléments nutritifs qui devraient être restitués.  Tout cela couplé avec le manque de fertilisants fragilise le bananier.

Troisièmement, les pratiques culturales inadéquates contribuent à la disparition du bananier. «Une touffe de bananiers peut abriter plus de 20 plants ou 30 plants. Avec cette pratique, il est difficile d’avoir un bon rendement, car les plants sont en perpétuel concurrence», confie Niyongere.

Quid des maladies qui menacent le bananier ?

Suite aux couacs ci-haut évoqués,  le bananier  est devenu faible et c’est pour cela qu’il est menacé par moult maladies, précise Niyongere.  Il cite à titre illustratif le Banana Xanthomonas Wilt (BXW) ou simplement le flétrissement bactérien du bananier.

C’est une maladie bactérienne dévastatrice qui menace la production de bananes au Burundi.  Certains experts disent qu’elle affecte même toutes les variétés de bananier et  qu’il n’y a même pas de remède connu ou une variété de bananier qui résiste  à  cette maladie.

Niyongere indique qu’elle se transmet via les insectes et les oiseaux. Ils  transmettent les bactéries du BXW en suçant le nectar du bourgeon mâle du bananier sain après avoir sucé celui du bananier affecté », fait remarquer Niyongere.

Il ajoute aussi que les outils utilisés pour couper les plants des bananiers affectés sont aussi une voie de transmission de cette maladie.

D’autres experts indiquent aussi que les ruminants sont aussi des agents causals de cette maladie.  C’est lorsqu’ils broutent les feuilles de bananiers affectés et qu’ensuite ils s’attaquent aux bananiers sains qui, à leur tour, vont être contaminés.

Comme méthodes de prévention, ce chercheur propose de couper les bourgeons mâles des bananiers après l’apparition de la dernière pièce de bananes sur le régime. Ceci pour éviter aux insectes de sucer le nectar.

Le fait de couper le plant déjà affecté par le BXW  contribue à la prévention de cette maladie. Selon lui, il faut aussi stériliser les outils par le feu après usage : « Si les bananiers sont déjà affectés, il faut les déraciner et les enterrer pour les laisser se décomposer» souligne-t-il.

Le banana bunchy top disease rend les bananeraies improductives

L’autre maladie est le banana bunchy top disease (BBTD), fait savoir Niyongere. C’est une maladie identifiée dans certaines  provinces du Burundi  telles que Bujumbura, Bubanza, Cibitoke, Bururi et Makamba. Les bananeraies atteintes de cette virose deviennent improductives.

Comme moyen de lutte contre cette maladie, Niyongere demande aux agriculteurs de dessoucher la touffe affectée. Il n’y a pas d’autres choix. De plus, il leur suggère de repiquer les jeunes plants indemnes à une distance d’au moins 100 m les uns des autres.

Selon toujours le chercheur Niyongere, les charançons et les nématodes constituent aussi une menace pour le développement de la culture du bananier. Les charançons coupent les racines et le plant de bananier tombe par terre. Quant aux nématodes, elles se confinent au niveau des racines. Elles y forment des nodules et empêchent le plant de bananier de s’approvisionner en ce dont il a besoin. Il devient vulnérable et finit par être emporté par le vent.

Le Banana Xanthomonas Wilt (BXW) constitue une menace pour le développement de la culture du bananier.

 

Niyongere indique aussi que la fusariose ou la maladie de Panama constitue une menace à la culture du bananier. Cette maladie est causée par un champignon du sol. Les sols contaminés constituent souvent la source d’infection.

L’agent pathogène peut se propager également via un matériel de plantation infecté, par l’eau ou par l’action humaine. C’est l’une des maladies les plus dommageables de la culture du bananier. En outre, les spores de la fusariose peuvent survivre une cinquante d’années dans le sol en servant de source de contamination.

Les actions de l’ISABU pour inverser la tendance

Pour inverser la tendance, ce chercheur fait savoir que pas mal d’actions sont en train d’être menées par l’ISABU.  On a collecté toutes les variétés de la culture de bananier dans tout le pays.  On en dispose au total 264.

On a aussi développé un protocole sur l’aménagement des pépinières. Il y a une technologie de multiplication des plants in vitro au niveau des laboratoires. C’est une stratégie très expéditive, car un seul plant peut être multiplié jusqu’à 10 000 fois.

On collabore aussi avec les privés, car il y a un investisseur de l’agrobio tech qui s’approvisionne à l’ISABU chaque fois qu’il veut multiplier les plants de bananier.

Selon Niyongere, il ne reste que des moyens suffisants pour procéder à la multiplication des plants à grande échelle pour pouvoir satisfaire tout le monde en qualité et en quantité.

Dans ce sens, il ne reste que la replantation ou la réhabilitation des plantations de bananier  dans le strict respect de bonnes pratiques de conduite de cette culture.

Les agronomes communaux formés sur la gestion des maladies ravageurs

Il souligne aussi que dans le cadre du projet Plantwise financé par les Pays Bas, les agronomes communaux et leurs adjoints ont été formés sur le diagnostic et la gestion de telles maladies. Ce sont désormais des docteurs de plants. Ils sont auprès des agriculteurs pour les sensibiliser.

Pourtant, il évoque le grand défi qui est le changement des mentalités. «Il y a souvent incompréhension entre les agriculteurs et les agronomes communaux», note-t-il. A titre d’exemple, lorsqu’on leur demande de couper certains plants dans l’objectif de réduire la taille des touffes, les agriculteurs ne digèrent pas cette pratique. Selon eux couper les plants de bananier est considéré comme un crime et ils comparent la sève du bananier au sang.

Néanmoins, Niyongere conclut que cette méthode doit être utilisée promouvoir le bananer, car on gagne deux fois. Le rendement augmente. De plus, on gagne du terrain et on peut même associer le bananier avec d’autres cultures.

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A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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