Environnement

La zone Gatumba encore victime des inondations

La zone Gatumba est encore sous l’eau depuis dimanche le 7 janvier 2024. Les habitants sont dans une désolation innommable. Ils disent que l’Etat les a abandonnés. Ils demandent la construction des digues de protection sur les berges de la rivière Rusizi comme piste de solution

La zone Gatumba est encore sous l’eau depuis dimanche le 7 janvier 2024.

 

Il est 9h 30 minutes vendredi le 12 janvier 2024. Un reporter de Burundi Eco monte à bord d’un véhicule pour se diriger vers la zone Gatumba de la commune Mutimbuzi dans la province de Bujumbura.  Il traverse le pont situé sur la rivière Rusizi avant d’arriver à cet endroit. La situation est catastrophique.

Ladite zone s’est retrouvée sous l’eau suite aux fortes pluies qui se sont abattues sur cette localité dimanche le 7 janvier 2024. Les infrastructures tant publiques que privées sont assiégées par les eaux de la rivière Rusizi.

On peut citer à titre illustratif les écoles Mushasha I et II. Les champs ont été envahis par les eaux. La population est dans une désolation innommable. Elle dort à la belle étoile. Elle a du mal à trouver de quoi manger.

Les femmes et les enfants sont plus exposés au froid. Ils sont devenus une proie facile des moustiques.  Ils se soulagent dans les eaux, car les toilettes ont été inondées.

Les victimes sur le qui-vive

Les habitants contactés disent que le gouvernement les a abandonnés, car il a rejeté l’idée de construire des digues de protection sur les berges de la rivière Rusizi. «Nous demandons à l’Etat de construire des digues sur les berges de la rivière Rivière, car ces inondations sont à l’origine du débordement des eaux de cette rivière. Le lit de ladite rivière est actuellement plein d’alluvions de toute nature.  Sa profondeur a été réduite. Ce qui fait que les eaux débordent chaque fois qu’il pleut », alertent-ils.

Ils font savoir que leur délocalisation n’est pas une solution efficace, car ils ont déjà beaucoup investi à cet endroit.

Le chef de zone Gatumba affirme que les habitants de cette zone vivent dans des conditions déplorables suite aux inondations qui ont encore sinistré cette localité. «Toutes les activités sont presque à l’arrêt. Ils n’ont pas où se loger. Ils n’ont pas de quoi manger. Leurs champs de maïs, de patates douces, de sorgho,de coton, de haricot et de différents légumes sont sous l’eau », alerte-t-il.

Et de préciser que les quartiers les plus touchés sont entre autres Mushasha I et II, Kinyinya I et II, Muyange I et II et Gaharawe.

La plateforme nationale pour la réduction des risques de catastrophes fait savoir que l’Etat a constaté que la construction de ces digues n’est pas une solution efficace pour ces inondations qui s’observent souvent dans la zone Gatumba.

Une digue sur un linéaire de 2 km ne suffit pas pour combattre les inondations à Gatumba

Anicet Nibaruta, président de cette plateforme explique que le gouvernement en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le Développement au Burundi (PNUD Burundi) avait prévu de construire ces digues sur seulement un linéaire de 2 km avec un montant de 350 000 USD.

Anicet Nibaruta président de la plateforme nationale pour la réduction des risques de catastrophes : « Il est mieux de penser à protéger toute la zone, car construire une digue sur un linéaire de 2 km alors que tout le linéaire mesure 12 km ne suffit pas ».

 

Pourtant, il a été constaté qu’il est mieux de penser à protéger toute la zone, car construire une digue sur un linéaire de 2 km alors que tout le linéaire mesure 12 km ne suffit pas. C’est pour cela qu’une commission a été mise sur pied pour voir ce qu’on peut faire pour trouver une solution efficace à cette catastrophe, précise Nibaruta.

Réouverture de la vanne située sur la rivière Rusizi II, une nécessité

Et parmi d’autres stratégies à mettre en place pour protéger les habitants de Gatumba contre les inondations, Nibaruta suggère la réouverture de la vanne qui a été mise en place en 1954 sur la rivière Rusizi II qui sépare le Burundi et la RDC.

Selon lui, cela a été fait lors d’un accord qui a été signé entre le Burundi et la RDC pour combattre les inondations qui constituaient une menace pour les champs de canne à sucre à Kiliba Ondes en RDC.

Cette vanne a fait qu’il n’y ait pas beaucoup d’eau qui passe par la rivière Rusizi II. Actuellement, une grande quantité d’eau passe par cette rivière.

Donc, c’est pour cela que s’il pleut, les eaux débordent et envahissent les habitations de la zone Gatumba. Il demande alors au gouvernement du Burundi d’approcher celui de la RDC pour voir comment rouvrir cette vanne.

Et d’ajouter que la construction des digues de protection sur tout le linéaire des berges de la rivière Rusizi est une autre alternative pour maîtriser ces inondations.

La commune Buganda aussi touchée

Les fortes pluies sèment aussi de la panique dans d’autres endroits du pays. L’exemple emblématique est celui de la zone Ndava de la commune Buganda dans la province de Cibitoke.

Selon Pamphile Hakizimana, administrateur de la commune Buganda, 958 ménages, soit plus de 5340 personnes sont dans une désolation innommable. Leurs maisons et leurs champs ont été la cible des fortes pluies qui se sont abattues sur la zone samedi le 6 janvier 2024.

Ils vivent dans de mauvaises conditions, car ils sont exposés au froid. Ils n’ont pas de quoi manger malgré certaines interventions du gouvernement.

C’est pour cela qu’ils commencent à devenir la proie facile de différentes maladies. Déjà sur 100 personnes testées, Dr Egide Ndayishimiye, médecin provincial à Cibitoke fait remarquer que 60 souffrent de la malaria.

La commune Gihanga plus touchée par les inondations

Les mêmes catastrophes se sont abattues sur les communes de Gihanga, Mpanda et Rugazi de la province de Bubanza. A Gihanga, on enregistre plus de 2000 ménages affectés, 108 ménages à Rugazi, 114 ménages à Bubanza et 255 ménages à Mpanda.

Quid des causes des inondations dans la plaine de la rusizi ?

Athanase Nkunzimana, environnementaliste et professeur à l’Université du Burundi fait remarquer que les inondations sont monnaie courante dans la mairie de Bujumbura et dans une partie de la province de Bujumbura précisément dans les zones telles que Gatumba et Kajaga, car ce sont des zones situées dans la plaine.

Athanase Nkunzimana, environnementaliste et professeur à l’Université du Burundi ꓽ « Les inondations sont monnaie courante dans la mairie de Bujumbura et dans une partie de la province de Bujumbura précisément dans les zones telles que Gatumba et Kajaga, car ce sont des zones situées dans la plaine ».

 

S’il pleut, il indique que toutes les eaux qui proviennent des bassins versants de la ville de Bujumbura coulent directement vers cet endroit. Et parce que c’est dans la plaine, l’eau se stagne à cet endroit.

Cette situation est aggravée par la montée des eaux du lac Tanganyika, confie-t-il.  Les eaux de la rivière Rusizi ont du mal à trouver où se jeter et cela aggrave leur débordement. Ce qui fait que les zones telles que Kajaga et Gatumba soient inondées.

Nkunzimana demande alors au gouvernement de bien protéger les bassins versants de la ville de Bujumbura en plantant des arbres fixateurs et en traçant des courbes de niveau et des haies anti érosives sur les montagnes qui surplombent la ville de Bujumbura pour éviter que les eaux de pluie ne coulent directement pour inonder toute la plaine.

Selon lui, cette stratégie permet à ces eaux de s’infiltrer dans le sol et freine l’érosion. Dans ce sens, les inondations sont maîtrisées.

De plus, il demande aux agriculteurs de ne pas détruire les berges des rivières telle que la Rusizi. Selon lui, ils les fragilisent dans l’objectif de trouver l’eau dont ils ont besoin pour pratiquer l’irrigation. Ce qui fait que les riverains sont toujours victimes des inondations.

De surcroît, cet expert demande à la population d’avoir la culture du risque pour ne pas s’installer dans les zones à haut risque.

Notons que la carte multirisque montre que la mairie de Bujumbura est la première province exposée aux catastrophes naturelles avec 35 millions USD de pertes socio-économiques dues aux catastrophes. Vient en deuxième position la province Bujumbura avec 10 millions USD de pertes socio-économiques.  La troisième est la province de Ngozi avec 8 millions USD de pertes socio-économiques causées par les catastrophes naturelles.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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Un commentaire
  • Jean marie harerimana dit :

    Merci pour les idées de professeur Athanase Nkunzimana il a parle beaucoup de choses qui peuvent intervenir la population de cette localité. Je m appelle Jean Marie harerimana étudiant de l université du Burundi dans le département des sciences géographiques de l environnement et de la population dans l option de l environnement et aménagement du territoire . Quant a moi je vois une autre méthode qu’ on peut utiliser pour lutter ces dégâts pour la population de cette localité c est d éduquer et sensibiliser que la rivière a beaucoup des dégâts car il y a les gens qui veulent de vivre sur le bord de la rivière . de ne pas oublier que les catastrophes ne manque dans le cas on vit a cote de la rivière .Il faut souvenir que les hippopotames aussi sont très vigilants. ILS veulent bouffer une personne qui est proche dans ce territoire. Cela veut dire que la population doit respecter de vivre très loin de cette rivière afin d éviter tous les problèmes qui présentent dans cette localité. Deuxièmement pour intervenir l état dans le but de faire le recul, de vider les sédiments qui se trouvent dans cette rivière afin de diminuer ces dégâts

Les commentaires sont fermés.

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