Développement

Politique Nationale d’Industrialisation, quelles priorités ?

Deux ans après son adoption, la Politique Nationale d’Industrialisation du Burundi (PNIB) vient d’être portée à la connaissance du public. Elle a été lancée officiellement jeudi le 24 mars 2022 par la ministre en charge de l’industrie. Découvrons ses orientations dans ce numéro    

La politique nationale d’industrialisation se propose qu’à l’horizon 2027 le Burundi dispose d’un tissu industriel dynamique, diversifié, compétitif, moteur du développement et de la transformation structurelle de l’économie. Le Burundi doit pouvoir transformer ses ressources naturelles pour que le secteur industriel puisse contribuer au moins à hauteur de 25% dans la formation du PIB d’ici 2027, selon la PNIB.

Les secteurs visés sont l’agro-industrie, la manufacture (industrie du textile et de l’habillement, industrie de l’assemblage, l’industrie chimique), les mines, l’industrie hôtelière et touristique. Le développement des infrastructures d’appui à la production, les mécanismes de financement et la création d’un environnement favorable à l’industrialisation constituent la base.

Selon cette politique, les résultats se traduiront par l’augmentation de la part de l’industrie manufacturière au PIB de 6,6% en 2017 à 25% en 2027, l’accroissement de la part des produits manufacturés dans les exportations des biens de 10,6% en 2017 à 30% en 2027, la valeur ajoutée des ouvrages en métaux croîtrait au rythme annuel de 4,7% en moyenne.  L’accroissement du taux d’accès à l’électricité de 5% en 2017 à 20% en 2027, l’augmentation du taux d’exploitation du potentiel hydroélectrique de 17,64% en 2017 à 30% en 2027 … sont également d’autres résultats attendus

Le Burundi doit pouvoir transformer ses ressources naturelles pour que le secteur industriel puisse contribuer au moins à hauteur de 25% dans la formation du PIB d’ici 2027, selon la PNIB.

Le développement des infrastructures, un préalable pour la production industrielle

Le Burundi accuse un grand déficit infrastructurel dans quasiment tous les domaines, notamment dans le transport, l’électricité, le chemin de fer et la communication

L’investissement dans l’équipement de production énergétique pour rattraper les retards enregistrés pendant les trois dernières décennies constitue une priorité. La mise en œuvre de cet axe passera par différents programmes, entre autres l’investissement dans la production de l’hydroélectricité. La stratégie mettra l’accent sur les transports routier, lacustre et aérien. Il poursuivra le projet d’extension en cours du réseau ferroviaire, et du développement des corridors vers le Burundi. Il est prévu la modernisation et l’agrandissement de l’aéroport Melchior Ndadaye et du Port de Bujumbura.

Moderniser le secteur agricole

Le secteur agricole est le principal pourvoyeur de matières premières de l’agro-industrie.

Cette politique vise le développement de l’industrie agro-alimentaire, le développement de l’industrie textile et habillement, le développement de l’industrie des cuirs et peaux ainsi que le développement de l’industrie du bois

Dans ce domaine, la PNIB prévoit le programme national de régionalisation des cultures. Cela va permettre l’exploitation rationnelle du potentiel agronomique propre à chaque région naturelle avec pour objectif l’augmentation de la productivité et ainsi favoriser l’industrialisation de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de la pisciculture.   Il y aura de l’investissement dans les infrastructures et d’autres biens et services publics, notamment la construction des édifices de stockage, etc.

En ce qui est de l’industrie minière, la PNIB prévoit que le Burundi devra initialiser son industrie minière par une faible technologie qui permet la production des métaux de base. Elle veut également relever le défi de mettre sur le marché mondial des produits encore bruts «qui ne contribuent pas assez à l’économie nationale en termes de création d’emplois, et de richesses et de développement de l’industrie locale».

Le développement de l’industrie manufacturière est également un autre domaine important prévu. La PNIB mise sur l’industrie cosmétique et pharmacologie biologique, l’industrie d’assemblage et l’industrie chimique. Il y aura de la transformation physique ou chimique en nouveaux produits (matières, substances ou composants). Ces derniers proviendront des matières premières de l’agriculture, de la sylviculture, de la pêche ou des activités extractives, ou des produits issus d’autres activités manufacturières qui vont servir les industries des produits finis.

Créer un environnement favorable à l’industrialisation, une nécessité

Le Burundi fait face aux défis liés au contexte macro-économique qui handicapent notamment le secteur privé. La PNIB propose la mise en place d’un cadre macro-économique sain caractérisé par une bonne gestion des finances publiques à travers la mise en place des systèmes fiscaux incitatifs pour promouvoir les investissements et le développement du secteur privé, la maîtrise de l’inflation et la stabilité des prix, la politique monétaire favorisant les échanges commerciaux, les transferts monétaires, l’investissement et les exportations.

L’industrialisation fera également face à un grand défi de l’électricité. La production actuelle de l’électricité oscille autour de 90 MW. Cela au moment où le Plan National de Développement 2018-2027 prévoit que le Burundi aura besoin d’au moins 400 MW pour son industrialisation et 412 MW pour le secteur des mines en 2027.  La puissance totale installée sera au moins de 287,141 MW en 2027, selon les prévisions de la stratégie sectorielle de mise en œuvre du PND au ministère de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines. Donc, le déficit énergétique sera évalué à plus de 500 MW.

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A propos de l'auteur

Bruce Habarugira.

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