Tourisme

Secteur du tourisme, plus des défis

L’évaluation de la situation actuelle du tourisme, les défis et les perspectives pour la rentabilité de ce secteur, quelles sont les rentrées en termes des devises, quel impact du Covid-19, quelles actions possibles pour améliorer ce secteur afin qu’il soit compétitif au niveau de l’EAC. Telles sont entre autres les grandes lignes de la synergie des médias du 5 novembre. Le point dans cet article

Le Burundi possède beaucoup de sites touristiques, mais qui ne sont pas visités comme il le devrait. Le Burundi est attractif avant tout pour ses beaux espaces naturels : le pays s’est doté de toute une série de parcs nationaux et réserves naturelles visant à préserver la faune et la flore. La contemplation des animaux sauvages demeure ainsi l’activité favorite des touristes au Burundi. Le lac Tanganyika, l’un des plus grands du monde constitue une étape incontournable, facilement accessible depuis la capitale Bujumbura. Malgré l’existence de ces lieux attractifs, ils ne sont pas bien aménagés et entretenus. Un bref aperçu des lieux touristiques existants

Des lieux touristiques oubliés

Aux chutes de Karera, en zone Shanga, commune Musongati, province de Rutana, Jean Bosco Ndikuriyo qui accueille les visiteurs de ce lieu touristique fait savoir que dernièrement, le nombre de visiteurs a considérablement diminué.  « Avant le début de la pandémie de Coronavirus, on accueillait beaucoup de touristes. Actuellement, ceux qui viennent sont peu nombreux. Ce sont essentiellement des Burundais et des Occidentaux qui vivent ici au pays. Selon lui, pour pouvoir visiter ce lieu, une somme de 5000 FBu est exigée pour les nationaux vivant au pays mais Si le touriste burundais vient de l’étranger, il doit payer 10000 FBu. Un occidental qui vit au Burundi paye 20000 FBu mais s’il vient de l’étranger, il paie 40000 FBu. Un élève de moins de 15 ans paie 2000 FBu.  Jean Bosco Ndikuriyo fait également savoir que le mauvais état de la route menant vers Rutana, est l’une des raisons qui explique le faible taux de visiteurs.

Les eaux thermales de Mugara en commune Rumonge, province Rumonge est le seul endroit bien entretenu qui peut générer des ressources (devises)pour le pays, car c’est le seul qui est visité dans cette province. Cet endroit a été aménagé d’une façon moderne. Il possède des douches, des chambres, un bar et une salle de sport.  Les autres lieux touristiques de cette province comme les eaux thermales de Gafumbe situées dans la zone Karagara, les forêts protégées et le château Maus de Kagongo sont relégués aux oubliettes et ne reçoivent plus de touristes. Les travailleurs dans ce domaine font savoir qu’avant 2015, ce lieu était l’un des plus visités par les touristes étrangers mais, qu’après cette année, aucun visiteur n’a mis les pieds à cet endroit comme nous l’a indiqué Déogratias Nshimirimana, responsable des employés dans ce domaine. A part les eaux thermales de Gafumbe, il y a d’autres eaux thermales situées à Kumbuga en zone Kizuka qui, une fois bien aménagés, peuvent amener beaucoup d’argent au pays. Dans cette même commune de Rumonge, il y a des forêts protégées où vivent des animaux et des arbres de différentes sortes, entre autres la forêt de Kigwena, celle de Rumonge qu’on appelle Mungongo et la forêt de Nkayamba. Comme le déclare Melchior Munama, chargé de protéger des réserves naturelles forestières dans la province de Rumonge, ce genre de réserves n’est visible que dans cette région seulement. C’est cela qui a fait que ces forêts soient les plus visitées. Selon lui, ça fait 5 ans que ces réserves n’accueillent plus de visiteurs et cela a été aggravé par la pandémie de Covid 19.

Le Burundi est un pays attractif pour ses beaux espaces naturels.

A Cibitoke, les autorités administratives font savoir qu’elles vont réaménager les sites touristiques de cette province qui sont constitués des eaux thermales de Ruhwa en commune Rugombo et du lac Dogodogo. Les responsables de ces endroits disent qu’ils ne sont pas bien aménagés et bien entretenus alors qu’ils devraient faire gagner beaucoup d’argent au pays. Dans la commune Kabezi de la province Bujumbura, la place où se trouve la pierre Stanley-Livingstone est l’un des lieux touristiques les plus convoités. Mais là aussi, cette place attirerait beaucoup de touristes si elle était bien aménagée. Dans la réserve naturelle de la Rusizi, il y a beaucoup d’espèces d’animaux. Les responsables de cette forêt demandent à ce que cette place soit valorisée et aménagée pour que les touristes le trouvent en bonne état.

Le nombre de touristes a considérablement diminué

Au Musée vivant de Bujumbura, les visiteurs demandent à ce que ce lieu touristique soit bien aménagé et bien valorisé et que les animaux qui s’y trouvent soient bien traités. Au sanctuaire des tambours sacrés de Gishora, le nombre de touristes a considérablement diminué comme l’indique Oscar Nshimirimana, responsable de ce sanctuaire. De ce fait, cet endroit ne peut pas bien se développer. De même au Musée de Gitega. Pascal Ndayisenga, son responsable, reconnait que ce musée a été touché par la pandémie de Covid-19. Aux mois de juin et de juillet, il recevait beaucoup de visiteurs, surtout les élèves qui font des voyages d’études. « Au mois de juin, on a reçu environ 220 élèves alors qu’avant on pouvait recevoir entre 400 et 600 élèves. Jusqu’à maintenant, on peut comptabiliser par au maximum 50 personnes venus visiter le musée. Le coronavirus nous a beaucoup touché ».

Les cimetières des rois appelés Inganzo situées dans la commune Muruta de la province de Kayanza sont menacés par des gens qui y pratiquent l’agriculture. Les habitants vivant aux alentours demandent que ces Inganzo soit clôturés et que les routes menant vers ces cimetières soient réhabilitées. Audace Habimana, administrateur de la commune Muruta fait savoir que l’administration communale a déjà prévu de réhabiliter ces tombes pour que ces places touristiques puissent accueillir beaucoup de touristes.

Le chemin est encore long

Rappelons que lors de la célébration de la Journée Internationale du tourisme, Immaculée Ndabaneze, ministre du Tourisme a annoncé que ce secteur va être réhabilité pour générer beaucoup d’argent dans les caisses du pays. Plus de 20% du PIB viendront de ce secteur. Et d’ajouter que d’autres lieux qui peuvent attirer les touristes sont en train d’être répertoriés pour qu’ils soient bien aménagés.

Venant Ngendabanka, Directeur Général de l’Office National du Tourisme fait savoir que ce secteur a beaucoup évolué par rapport à ses débuts. Il a franchi un grand pas. « Malgré cela, le chemin est encore long suite aux problèmes liés au coronavirus et à l’état de l’économie mondiale ». Il fait savoir qu’ils ont déjà réaménagé le site touristique « Camping lodge » de Kuruvubu en commune Muruta.  «Il y a environ 3 ans qu’on entretient ce lieu et son entretien nous a déjà coûté plus de 500 millions de FBu». Dans le secteur des hôtels, ils font des encadrements pour former les employés des hôtels. Se basant sur la manière dont le secteur des hôtels est organisé dans la Communauté Est Africaine, ils ont fait la classification des hôtels pour qu’ils soient au même niveau que les autres pays de la communauté.  Il y a beaucoup de lieux touristiques à vanter par rapport aux pays de L’EAC et aussi par rapport à l’accueil et à la restauration. La différence réside surtout dans les droits reconnus aux intervenants dans ce secteur. Et aussi le budget pour l’entretien de ce secteur est encore insignifiant. « Les privés ne sont pas encore conscients du fait qu’ils ont un grand rôle à jouer dans la promotion de ce secteur ».

Le DG de l’ONT évoque le problème de l’insuffisance du budget alloué à cet office par rapport aux activités qui doivent s’opérer dans ce secteur.  L’absence d’une disposition juridique régissant le secteur du tourisme et d’autres mesures d’accompagnement reste un handicap majeur. Toutefois, il indique que les textes juridiques sont en train d’être élaborés et devront être mis en application prochainement. Une autre difficulté évoquée est que les privés ont retiré leurs actions du secteur touristique depuis 2015 à la suite de la crise socio-économique qui secoue le pays.

Il faut une interaction entre les intervenants

Fidèle Nsengumukiza, chargé des programmes et expert à la chambre sectorielle de l’hôtellerie et du tourisme du Burundi, le rôle du tourisme dans le développement du pays est primordial. Néanmoins, il y a encore des défis. Il faut qu’il y ait des études approfondies sur ce secteur pourrait occuper une grande place dans le développement de l’économie du pays. Le secteur touristique réunit 3 grandes parties, à savoir : les hôteliers, les transporteurs et les tours opérateurs qui travaillent avec les guides touristiques. Selon lui, la CFCIB s’investit pour que ces derniers puissent travailler en étroite collaboration et interagissent pour développer ce secteur. Et d’indiquer que l’Etat a déjà offert des facilités aux hôtels que ces derniers puissent se développer et que les opérateurs puissent investir dans ce domaine. « Quand il y a eu cette opportunité, il aurait été mieux que ces intervenants aient une association qui les rassemble. Car si un hôtelier reçoit des facilités, un transporteur va en bénéficier également ». Les guides touristiques doivent également bénéficier des formations pour renforcer leurs capacités. « Il doit y avoir un programme de guidance pour que ces guides touristiques puissent avoir un modèle pour vanter ces lieux touristiques ». Il indique que la CFCIB ne ménage aucun effort pour que les opérateurs économiques puissent de nouveau investir dans ce domaine. Qu’il y ait des facilités sur les taxes et les impôts dans ce domaine comme on le fait pour ceux qui exportent le café et le thé. Les deux génèrent des devises pour le pays. La crise de 2015 a fait que ceux qui ont investi dans le tourisme n’ont pas pu rentabiliser leurs investissements. Fidèle Nsengumukiza demande aux banques de faciliter l’octroi des crédits à ces investisseurs et à la Regideso de réserver un traitement spécial aux hôtels.

Un secteur très important pour le pays

Edouard Bagumako, expert dans le domaine du tourisme estime que l’hôtellerie et le tourisme est un secteur en berne. Les lieux et les sites touristiques ne sont pas bien entretenus.  Pour que le secteur du tourisme soit rentable, il faut que les lieux touristiques soient accessibles pour les touristes et, pour cela, il faut qu’il y ait des routes praticables. Il faut aussi que l’Etat cherche des investisseurs dans ce secteur dans le cadre du partenariat public-privé. L’Etat a également le rôle d’entretenir ces lieux touristiques en y mettant de l’eau, de l’électricité, des hôtels et des restaurants.

M. Bagumako indique que ce secteur est très important pour le pays, car il crée de l’emploi. « On dit que par exemple dans les hôtels, chaque chambre d’hôtel crée deux emplois selon les statistiques. Donc, un hôtel qui a cent chambres crée de l’emploi pour deux cents personnes ». Le secteur du tourisme fait entrer les devises dans le pays en attirant les touristes. « D’un autre côté, le tourisme fait la promotion de l’art et de la culture. Vous trouverez près des hôtels ou d’autres endroits fréquentés par les touristes, des personnes vendant des objets d’art et effectuant des présentations culturelles ».

La direction de l’OBPE soutient que dans les espaces protégés, la faune est bien portante, mais déplore la carence des touristes suite à la pandémie de Covid-19. Cependant, il faut noter que le peu de touristes qui viennent apprécient ces espaces, dit-il. C’est notamment le parc de la Rusizi, la réserve naturelle de Bururi, le monument national de l’Est et le parc de la Ruvubu. A part ces espaces qui sont plus fréquentés par les touristes, il y en a d’autres qui restent méconnus. Il donne l’exemple des lacs du Nord. Il promet que son institution va vulgariser ces espaces touristiques surtout dans les endroits fréquentés par les gens qui visitent le pays comme à l’aéroport et les hôtels. Les coopératives qui œuvrent dans les localités où se trouvent ces espaces touristiques seront appelés à orienter leurs activités vers la fabrication des objets qui attirent les touristes. Il indique que l’office fait face à un problème de manque de personnel. Il donne l’exemple de la réserve naturelle de la Ruvubu qui a plus de 5000 mille hectares, mais qui compte seulement 63 employés.

Quid des autres pays ?

Au Rwanda, le pays a bien organisé les lieux touristiques. Ce qui a fait entrer beaucoup d’argent dans les caisses du pays. Par exemple, en 2019, ce secteur a fait entre 498 millions USD et en 2018, le Rwanda a accueilli un milliard sept cents mille touristes. Au Kenya, le secteur du tourisme permet au pays d’enregistrer un milliard six cents millions USD. Le Kenya reçoit beaucoup de touristes bien qu’il n’ait pas beaucoup de lieux attractifs par rapport aux autres pays de la Communauté Est Africaine.

Les touristes y vont pour admirer les lieux touristiques traditionnels, les forêts et les animaux. Ce pays possède également des hôtels construits près des rivières. En 2019, le Kenya a reçu un milliard six cents un millions de touristes. Ce qui a constitué plus de 8% du PIB. Dans les années 1970, le secteur du tourisme a commencé à se développer suite aux investissements des étrangers dans ce domaine. Jusqu’aujourd’hui, la politique du Kenya est de sensibiliser, faciliter et attirer les touristes dans l’intention de générer plus de devises. En Tanzanie, le secteur touristique contribue à plus de 4% au trésor public. En 2018, les fonds provenant des touristes sont allés jusqu’à deux milliards quatre cents millions USD.

Il y a eu un accroissement de 7% par rapport à 2017. Pour que ce soit possible, ce pays se sert de différents lieux pour attirer les touristes dont 7 figurent sur la liste des richesses naturelles protégées par l’Unesco. Les aires protégées comme Serengeti et Ngolongolo en Tanzanie sont les lieux les plus connus en Afrique. En 2016, le Kilimandjaro a eu le prix du lieu le plus attractifs d’Afrique. En 2018, en Ouganda, les fonds provenant du secteur touristique se comptait à un milliard trois cents millions USD. En cette année 2020, le ministère du Tourisme a annoncé qu’il s’attendait à 1,5 milliard de touristes n’eût été la Covid-19.

A propos de l'auteur

Chanelle Irabaruta.

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Un commentaire
  • Oscar RWASA dit :

    Bonjour Chanelle,
    votre article sur l’évaluation tourisme au Burundi est intéressante en nous rapportant le contenu de la synergie des médias.
    Je voudrais relever seulement mon inquiétude sur la compréhension que les intervenants ont de l’activité économique touristique. C’est vrai que les divertissements et les voyages exploratoires constituent des ingrédients pour un touriste donné mais cela ne vaut pas nécessairement pour un autre touriste.
    Il est utile de chercher à comprendre les motifs à l’origine de la mobilité des personnes afin de mieux saisir les tenants et les aboutissants du secteur touristique dans un environnement d’affaires spécifié comme le Burundi.
    La question de la mobilité professionnelle appliquée au secteur du tourisme est au centre des mes investigations dans mon bureau d’études CIPER Consulting.
    En y réfléchissant, j’arrive sur la conclusion selon laquelle, le tourisme au Burundi a beaucoup d’opportunités (productions touristiques facilement mises au marché) à la seule condition de mieux définir le contenu de l’offre et la demande touristique du Burundi autour de cette problématique de la mobilité professionnelle.
    En effet, ce concept de mobilité professionnelle permet de saisir les dynamiques internes spécifiques au secteur touristique les quelles sont qualifiées de défis alors qu’elles sont à la base des opportunités nouvelles pour assurer la croissance continue du secteur.
    En explorant vos dossier pédagogiques sur la mobilité et l’environnement, j’y ai perçu une avancée sur le plan de la réflexion.
    La conception de l’action touristique devrait rester ouverte, inclusive et interprofessionnelle.

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