Santé

Une mutuelle communautaire pour amortir les chocs dans le secteur informel

Le taux de pénétration de la mutuelle de santé communautaire reste encore faible. Pourtant, bien que les cotisions soient faibles, la mutuelle communautaire rend service à la communauté, surtout rurale. Le secrétariat exécutif explique

Espérance Kaneza, secrétaire exécutive de la Plateforme des Acteurs des Mutuelles de Santé au Burundi (PAMUSAB) : « Toute la population du monde rural est dans le viseur de la mutuelle communautaire ». 

« La PAMUSAB a constaté que dans le secteur informel, surtout rural, il n’y avait pas de mécanismes qui pouvaient permettre à la population d’accéder facilement aux soins de santé », explique Espérance Kaneza, secrétaire exécutive de la Plateforme des Acteurs des Mutuelles de Santé au Burundi (PAMUSAB), une plateforme soucieuse de la couverture maladie universelle.

Pourtant, confirme-t-elle, C’est moins coûteux de faire adhérer un membre de sa famille ou un proche, de payer une cotisation pour lui dans une mutuelle de santé que de l’héberger, de payer les frais de déplacement et les frais de soins de santé lorsqu’il se fait soigner. Cela lorsqu’il est chez toi en ville.

Elle rappelle que la PAMUSAB est fonctionnelle depuis bientôt 14 ans. « La plateforme réunit les acteurs qui appuient les mutuelles de santé. Les mutuelles de santé qui sont membres de la PAMUSAB sont des mutuelles communautaires », indique Mme Kaneza.

Une adhésion sans frontière

« Toute la population du monde rural est dans le viseur de la mutuelle communautaire. Pour être membres de la mutuelle communautaire de santé, il faut libérer les cotisations et les frais d’adhésion », annonce la patronne de la PAMUSAB.

Elle fait remarquer que la cotisation est fixée à 30 mille FBu par an pour un ménage comprenant entre deux et six personnes. Pour un ménage qui a plus de six personnes, la cotisation est fixée à 35 mille FBu par an. Pour un ménage unipersonnel, la cotisation est fixée à 20 mille FBu par an et il y a également les frais d’adhésion de 1000 FBu pour chaque ménage.

Cependant Mme Kaneza reconnait que dans le secteur privé, il y a ceux qui sont assurés par les assurances ou les micro assurances et d’autres qui ne le sont pas.

« Ceux qui n’ont pas la couverture universelle à l’intérieur du pays adhérent à la mutuelle de santé », martèle-t-elle. Pour être bénéficiaire, continue Mme Kaneza, les organisations membres de la PAMUSAB ont des programmes d’appuis. C’est dans ces programmes où on trouve des équipes techniques. Celles-ci sont sur terrain. Ce sont des animateurs qui font la sensibilisation au sein de la population.

Il y a ensuite un comité d’initiative qui sensibilise et collecte les cotisations des membres. Et puis on ouvre un compte bloqué auprès des Institutions de Microfinances (IMFs). On y effectue des versements des cotisations des ménages.

« L’effectif minimum pour que la mutuelle puisse commencer est d’environ 150 ménages. C’est lors de l’assemblée générale de ces ménages qu’on élit les organes de cette mutuelle de santé en mettant en place le conseil d’administration dont les membres varient entre 7 et 11 personnes. Parmi ceux-ci, 3 sont élus pour constituer le comité exécutif et on met également en place un conseil de surveillance », fait-elle savoir.

Après l’assemblée générale constitutive, on considère que la mutuelle est déjà née et on fait toutes les procédures pour que la mutuelle soit agréée par Le ministère de tutelle est le ministère en charge de la solidarité et puis on recrute le gérant.

Les services offerts dans les structures sanitaires diversifiées

« Nous offrons les services au niveau des centres de santé publics et privés. Dans les centres de santé publics qui ont signé des conventions avec les mutuelles de santé, un bénéficiaire qui s’y fait soigner paie 20% de la facture tandis que la mutuelle communautaire paie 80% », précise Mme Kaneza.

Elle informe également que pour les centres de santé privés ou confessionnels qui ont signé des conventions avec la mutuelle communautaire, celle-ci rembourse 60% et 40% de la facture sont remboursés par le bénéficiaire.

Pour les hôpitaux publics, avise Mme Kaneza, la mutuelle de santé communautaire rembourse 70% et le bénéficiaire 30% de la facture. En ce qui est des hôpitaux privés et confessionnels, la mutuelle de santé communautaire rembourse 50% et le bénéficiaire 50% de la facture.

Elle rassure que lorsqu’on tombe malade, on se rend à la structure sanitaire la plus proche et la facture est payée selon la structure fréquentée.

Au niveau des centres de santé, poursuit-elle, ce n’est pas plafonné, mais au niveau des hôpitaux, pour protéger financièrement les mutuelles de santé, le montant à rembourser est plafonné à 200 mille FBu.

« Malgré cela, nous avons effectué une enquête sur 2 ans et nous avons constaté que les factures qui dépassent les 200 mille FBu sont évalués à 5% », explicite-t-elle.

Mme Kaneza dévoile que l’âge d’être bénéficiaire n’est pas spécifié. Si par exemple les parents ne sont plus actifs, soit à l’âge de 65 ans, les mutuelles communautaires permettent à un enfant d’inscrire ceux-ci sur sa carte, ajoute-t-elle.

Les enfants pris en charge par les parents sur la carte de la mutuelle de santé ont un âge maximum de 18 ans, exceptés les écoliers, les élèves et les enfants vivant avec un handicap qui ne sont pas productifs.

La plus-value de la PAMUSAB

« Depuis les années 2010, il y avait pas mal de mutuelles de santé fonctionnelles, mais qui faisaient face à plusieurs problématiques liés notamment à la contractualisation avec les services sanitaires, à l’accès aux médicaments, à la législation, au plaidoyer fait par chaque organisation… C’est à ce moment que les organisations qui appuyaient les mutuelles de santé se sont mises ensemble pour mettre en place la PAMUSAB », fait savoir Mme Kaneza.

Et de renchérir : « La PAMUSAB a pris en main tout le travail de plaidoyer et de structuration ».

Selon toujours elle, par rapport au fonctionnement des mutuelles de santé, à la base il y a des ONGs qui appuyaient et qui faisaient la promotion de la mutuelle de santé dans les collines. Toutefois, déplore Mme Kaneza, il n’y avait pas d’organisations faitières de ces mutuelles de santé. C’étaient plutôt les ONGs qui accompagnaient ce mouvement qui se sont mises ensemble pour créer la PAMUSAB. Ces organisations sont actuellement Appui au Développement Intégral et à la Solidarité sur les Collines (ADISCO), la Mutuelle Nationale de Santé (MUNASA) Twitwararikane, l’Union pour la Coopération et le Développement (UCODE-AMR), la FVS-AMADE Burundi et la Memisa Belgique.

Elle signale que le plaidoyer consiste en ce qu’il y ait des politiques de protection sociale en santé qui puissent favoriser toute la population de manière à ce qu’elle puisse accéder aux soins de santé.

Pour ce qui est de la structuration, de l’accompagnement et de professionnalisation du mouvement mutualiste, Mme Kaneza avise que des mutuelles à la base au niveau communal, au niveau provincial et au niveau, régional seront mises en place selon les acteurs et la zone d’action.

CONAMUS, un des fruits de la PAMUSAB

Mme Kaneza notifie que de ces cinq faitières (fédérations) des différentes organisations qui appuyaient les mutuelles de santé sont nées de petites mutuelles. On a mis en place ce qu’on appelle une confédération nationale des mutuelles du Burundi (CONAMUS).

« CONAMUS est l’un des fruits du travail de la PAMUSAB. Aujourd’hui, la PAMUSAB est en train d’accompagner la CONAMUS. Comme c’est une nouvelle organisation, on voudrait bien la doter d’un personnel technique et de toutes les ressources qu’il faut pour la rendre fonctionnelle », se réjouit-elle avant d’annoncer que dans la professionnalisation, il y a également le volet digitalisation de la gestion des mutuelles de santé.

Evoluer avec les mêmes services

La patronne de la PAMUSAB est satisfaite aussi de l’actuelle harmonisation des approches et procédures.

« Au début, quand les mutuelles de santé ont commencé, chaque acteur avait sa propre méthodologie, les procédures d’appuyer ces mutuelles de santé. Ils avaient leurs propres outils de gestion mais, avec la naissance de la PAMUSAB, on s’est concerté et on a vu que certaines mutuelles de santé avaient des procédures plus ou moins conformes », fait-elle savoir.

Mme Kaneza certifie qu’on s’est mis ensemble pour produire un document d’harmonisation des approches afin d’évoluer avec les mêmes services.

« Les cotisations ont été harmonisées, le paquet des services, c’est-à-dire les soins qu’on peut offrir aux membres, les périodes de cotisation et, les outils de gestion également. Actuellement, toutes les mutuelles de santé membres de la PAMUSAB ont les mêmes outils de gestion », dit-elle.

Même groupe cible que la CAM

Mme Kaneza avoue qu’on se retrouve sur le même groupe que la Carte d’Assurance Médicale (CAM). Ce qui constitue un frein à l’adhésion à la mutuelle de santé.

Pourtant, la CAM est destinée aux ménages vulnérables. Cependant, dans la pratique, tout le monde peut l’utiliser. Elle regrette également que dans le secteur de la mutualité, plusieurs mécanismes sont superposés et il n’y a pas de groupe de définition du groupe cible pour chaque mécanisme.

Elle témoigne enfin que le taux de pénétration de la mutuelle de santé reste encore faible. « Aujourd’hui, nous avons atteint 2% de notre groupe cible », avise Mme Kaneza.

Et de conclure : « La PAMUSAB ouvre ses portes jusqu’au niveau régional. Elle organise des échanges d’expériences dans la région et dans la sous-région. En 2018, nous avons créé la plateforme des acteurs mutualistes d’Afrique Centrale (PAMAC) pour faire le plaidoyer au niveau régional afin d’appuyer les différents gouvernements dans la mise en place des couvertures sanitaires universelles durables et pérennes et de renforcer le mouvement mutualiste ».

Mme Kaneza rappelle enfin qu’un des points de succès de la PAMUSAB est que les mutuelles communautaires parviennent à payer régulièrement les frais qu’elles doivent aux formations sanitaires et à mettre en place l’intermutualité.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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