Culture

Amicale des Musiciens du Burundi : Les nouveaux organes dirigeants seront-ils à la hauteur des défis ?

L’association regroupant les musiciens et les musiciennes du Burundi, Amicale des Musiciens du Burundi (AMB) vient de se doter de nouveaux organes. Agréée en 1986 sous le label d’une organisation sans but lucratif, cette association dont l’objectif était de contribuer à la promotion des musiciens du Burundi semble avoir encore un long chemin à faire. Cependant, les espoirs de changer la donne et d’avancer ne tarissent pas    

Depuis de nombreuses années, des lamentations et des réclamations se sont fait entendre autour des droits d’auteur et des droits voisins. A part les défis externes, les mésententes entre les artistes sont un autre point qui focalise l’attention. Certaines voix affirment que l’élection de nouveaux organes du 7 février 2022 de l’AMB peut constituer un nouveau un départ pour la redynamisation du monde musical du Burundi. Olivier Ndayishimiye alias Brigth et Edith Stein Kimana, respectivement élus président et vice-présidente de l’AMB promettent d’aller à la conquête d’une communauté d’artistes Burundais plus unifiée et développée. Selon le nouveau président de lAMB, il faut donner de la valeur et de la saveur à la musique burundaise. Ce qui pourra permettre de l’exporter au-delà des frontières du Burundi. Le nouveau président préconise de soutenir l’internationalisation de la musique burundaise par le biais des sorties des artistes à l’étranger, de l’organisation des événements tout en coopérant avec les artistes. Selon lui, l’expérience d’ailleurs peut contribuer à la consolidation de l’industrie musicale locale. Depuis plusieurs années, les artistes n’ont pas cessé d’accuser le ministère en charge de la culture de ne pas se soucier du développement du quatrième art qui devrait pourtant contribuer à l’économie nationale.

Alors que la loi sur les droits d’auteurs a été promulguée en 2005, son application se fait toujours attendre.

La mise en application des droits d’auteur reste la grande revendication des artistes

La mise en application des droits d’auteur reste la plus grande revendication des artistes Burundais. Cette revendication qui date des années 80 n’a pas toujours porté des fruits et des figures emblématiques de la musique Burundaise comme Canco Hamisi, Matata Christophe, David Nikiza, Emmanuel Nkeshimana ou très récemment le jeune Bernard Ndoricimpa que l’opinion avait fini par surnommer par le titre de son morceau « Nkundabantu », titre de son fétiche… et d’autres ont terminé leur vie dans la misère.

Selon certaines sources au sein de la famille des artistes musiciens, le manque de solidarité a négativement influé sur le sort de leurs revendications en ce qui concerne leurs droits. Alors que la loi sur les droits d’auteurs a été promulguée en 2005, ce texte reste méconnu ou presque du public en général et des artistes en particulier. Selon cette loi qui règlemente également les questions relatives aux droits moraux et patrimoniaux des artistes sur leurs œuvres, tout artiste a le droit d’autoriser ou d’interdire la diffusion de son œuvre, de la retirer de la circulation, d’autoriser sa reproduction ou sa traduction, sa réadaptation, son arrangement ou toutes autre transformation.

Depuis un certain temps, les critiques se sont focalisées sur la présidence de l’Amicale des Musiciens du Burundi. Ce qui a contribué au ralentissement des revendications en rapport avec le dossier « droits d’auteur ». Dans l’entretien qu’il a accordé au journal Burundi Eco en 2019, Freddy Kwizera alias Bochum qui présidait cette association à titre intérimaire a déclaré que les musiciens burundais n’avaient pas encore pris conscience de leurs droits. « Nos aînés se sont battus depuis les années 1980. Plus de 30 ans après, c’est le même combat. Nous essayons de rassembler les artistes, mais les divergences persistent », reconnaissait ce responsable. Pour cet artiste, ce n’est pas nécessaire de réclamer ces droits tant que les artistes ne font rien pour les mériter. Ils doivent d’abord se valoriser pour que le gouvernement leur donne de la valeur en retour. « Il faut que les artistes burundais s’associent, soient solidaires et paient les taxes ».

Quid de la possible opérationnalisation de l’OBDA ?

Après plusieurs années de revendication, on peut constater quelques avancées. En effet, la mise en place de l’OBDA en 2005 en tant qu’organe chargé de la gestion des droits d’auteur est un signe éloquent que cette question a fini par focaliser l’attention des décideurs. Pour Léonce Ngabo, senior artiste musicien et fondateur de l’Amicale des Musiciens du Burundi, il ne reste que la mise en place des mesures d’accompagnement pour appliquer la loi sur les droits d’auteur. Répondant la question en rapport avec les défis, Mr Ngabo qui se dit plutôt optimiste indique que tout est possible si les nouveaux responsables de l’AMB travaillent en étroite collaboration avec le gouvernement.

Il indique cependant que l’OBDA a besoin de moyens techniques et financiers suffisants pour pouvoir jouer son rôle en tant qu’organe de gestion de la commercialisation des œuvres d’art. Pour lui, cela permettra au Burundi d’intégrer le système international des droits d’auteur. « L’OBDA a besoin seulement de se doter de moyens comme les logiciels de gestion de la diffusion de la musique au niveau des stations de radios, des véhicules et des bureaux. Et, pour réussir ce pari, il faut mettre en place des mesures d’accompagnement qui en déterminent l’organisation.

De toute évidence, les artistes espèrent que le gouvernement qui manifeste aujourd’hui un certain intérêt à l’égard de leur métier pourra y travailler et tourner enfin la page.

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A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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