Agriculture

Les caféiculteurs paient un lourd tribut

La mise en place d’une loi régissant les coopératives constitue l’une des réussites de la plaidoirie menée par la CNAC au profit des caféiculteurs. Toutefois, les questions parmi lesquelles la commercialisation du café et le paiement des redevances restent une préoccupation pour ces derniers.

Anthère Simbaruhije, un caféiculteur de Mparamirundi : « le prix de vente de 500 FBu par Kg de cerise n’encourage pas les caféiculteurs ».

La loi no1/12 régissant les sociétés coopératives au Burundi a été signée le 28 juin 2017 par le Président de la République. Joseph Ntirabampa, président de CNAC-Murima w’Isangi explique que cette loi revêt une importance capitale pour les petites coopératives des producteurs. S’agissant du paiement des redevances, M.Ntirabampa fait savoir que dans une étude commanditée par la CNAC, le constat a été que cette organisation contribue à hauteur d’à peu près 85% aux revenus des caféiculteurs. Et ce montant, ajoute-il, est utilisé dans l’augmentation de la productivité et le fonctionnement des entités comme l’Autorité de Régulation de la Filière Café (ARFIC), Inter café et la CNAC.

Confusion dans le paiement des redevances

Alors que L’ARFIC la nomme taxe, la CNAC l’appelle redevance. Cette confédération ne comprend pas pourquoi les dépulpeurs contribuent pour 14 % alors que les caféiculteurs paient 84%. Pour ces derniers, cela ne peut pas être considéré comme une taxe, mais comme une contribution aux activités de recherche et aux salaires des employés pour le fonctionnement des différentes entités connexes. Il ajoute qu’il y a un projet financé par la Banque Mondiale (BM) pour appuyer dans la production du secteur café. Néanmoins, M.Ntirabampa déplore le fait que le caféiculteur apporte 60% et la BM 40% et cela pour acheter les engrais. « A côté de cela, les caféiculteurs donnent aussi une contribution d’un million de dollars par an au projet. Il n’y a pas eu de changement. Ce sont des caféiculteurs qui paient doublement », a t-il souligné. Il se demande pourquoi les autres intervenants dans la filière café comme les déparcheurs, les torréfacteurs et les exportateurs ne contribuent pas du tout dans la filière par le paiement des redevances.

Joseph Ntirabampa, président de CNAC-Murima w’Isangi : « Ce sont les caféiculteurs qui paient doublement ».

Problèmes dans la commercialisation du café

Le président de la CNAC dit être insatisfait du prix de 500 FBu par kg de café cerise. Selon lui, cela décourage les caféiculteurs. Dans les pays limitrophes, le prix du café est équivalent à 1000 FBu le kg. « Quand on considère la force que les agriculteurs utilisent pour produire 1 kg de café, on reste loin derrière par rapport à ces pays », rassure t-il. Un autre problème réside dans la fixation du prix du café washed. A ce sujet, M.Ntirabampa évoque la situation problèmatique de cette année où les caféiculteurs ont vendu le café washed à un prix estimatif avant l’annonce du prix réel. Cette situation inquiète aussi Anthère Simbaruhije, un caféiculteur zone Mparamirundi de la commune Busiga en province de Ngozi. Selon lui, le prix de vente de 500 FBu par Kg de cerise n’encourage pas les caféiculteurs en tenant compte de la dépréciation monétaire progressive. Il demande la revalorisation du prix du café. Sinon, explique t-il, les agriculteurs ne vont pas beaucoup s’y investir. Il a fait savoir qu’il a produit 60 tonnes cette année.

A propos de l'auteur

Bonith Bigirindavyi.

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Vers la redynamisation de la filière café ?

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Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.

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