Sport

Centre Olympafrica : Pour un développement intégré des jeunes

Le pays a besoin d’infrastructures sportives performantes pour épanouir la jeunesse. Olympafrica n’est pas un simple centre où les jeunes viennent pratiquer le sport seulement. C’est aussi un projet qui a été pensé dans une vision globale de développement social des jeunes. Mais il est loin de répondre aux attentes.

Rémy Ntibagirimvo, directeur du centre Olympafrica : « Malheureusement, même la 1ère phase qui concernait entre autres la construction d’une salle de jeux intérieurs et d’un stade omnisport n’a pas été financée entièrement »

Situé à une dizaine de kilomètres de Bujumbura, aux abords du lac Tanganyika, Olympafrica      occupe une superficie de 10 ha. Il est constitué d’une bâtisse qui sert de bureau et d’une salle polyvalente. Un peu plus à l’écart, le siège du Comité National Olympique (CIO) vient d’y être érigé. Sa peinture est à peine déjà sèche. A l’ouest du centre, un espace sommairement aménagé sert de terrain de jeu. Il est entouré d’une piste d’athlétisme de 8 couloirs, la seule au Burundi à remplir les conditions requises, annonce fièrement   Rémy Ntibagirimvo, directeur du centre Olympafrica.

Un centre pour le développement social des jeunes à travers le sport

Le CIO voulait initier un réseau de centres d’expansion de l’olympisme destinés à propager, sous le label Olympafrica, l’éthique olympique messagère de la paix, de la fraternité et du fair-play. S’appuyant sur l’impact populaire du sport, il envisageait de s’impliquer résolument dans les programmes de développement intégré. Le CIO comptait   favoriser l’éclosion des jeunes talents à travers des programmes d’animation sportive de proximité, laquelle  promeut un développement de base.  A ce propos, M. Ntibagirimvo tient à préciser : Olympafrica n’est pas un stade de football comme beaucoup de gens  le pensent. C’est plutôt un centre qui prône le développement social des jeunes à travers le sport. C’est dans ce sens  qu’il faut comprendre le projet de culture des champignons qui y est développé. Quand nous y sommes passés, le responsable du centre se plaignait que les acheteurs qu’il attendait n’étaient pas venus. Un autre projet d’élevage des caprins y est également  initié. Des dizaines de chèvres en bonne santé sont abritées dans un hangar en bois. Beaucoup d’autres projets concernant ce  centre dorment toujours dans les tiroirs, faute de financement.

Un complexe sportif pas si complexe

Au départ il était prévu la construction d’un centre sportif à vocation plurielle. A côté de ce complexe, il devait y avoir un volet culturel comprenant un foyer pour jeunes abritant une salle polyvalente, une bibliothèque, des salles de lecture et de cours ainsi que des bureaux pour divers usages. Bien plus, ce projet incluait un volet socio-économique qui comprenait un poste médical et un centre de développement communautaire. La réalité sur terrain est différente de ce qui vient d’être décrit ici.

L’aménagement sommaire du stade omnisport n’a rien à voir avec ce qui était présenté sur la maquette

Le rêve ne s’est pas accompli

Actuellement, un terrain de foot sommairement aménagé  fait penser à des ambitions avortées.  Pas de tribunes ni amphithéâtre extérieur ou piste de cross-country, encore moins de jetée pour les bateaux. Même la piscine fait défaut. Rien à voir avec la maquette que le directeur technique du centre nous présente. Seul un terrain de basket a été aménagé à la hâte  en contre-bas d’une douce pente qui donne sur la plage du lac Tanganyika. Les moyens n’ont pas suivi les ambitions. Le contraste entre la maquette et la réalité sur terrain est saisissant. Le CIO voulait développer les valeurs de l’olympisme. Il a confié le développement de ce centre à la fondation Olympafrica basée au Sénégal. Ce dernier a collaboré avec le Comité National Olympique  pour développer ce projet. L’ancien président du CNO, Léonard Nduwayo a beaucoup œuvré en faveur de ce projet. Olympafrica a  apporté une partie du financement, mais le CNO a apporté aussi sa part. Il a notamment approché la Banque Mondiale qui a accepté de financer le projet. La construction du site devait se dérouler en trois phases. Malheureusement, même la 1ère phase qui concernait entre autres la construction des murs de soutènement et d’une salle de jeux intérieurs ainsi que d’un stade n’a pas été financée entièrement, déplore le directeur du centre. Pourquoi le projet n’a-t-il pas été mené à terme alors que des bailleurs comme l’Unesco, le PNUD, l’ambassade de Belgique et la coopération française avaient donné leur accord de principe pour son financement ?

Les promesses des bailleurs ne se sont pas concrétisées.

Les promesses des bailleurs ne se sont pas concrétisées pour la simple raison que le gouvernement a classé le CNO dans la catégorie des organisations non gouvernementales. Or les bailleurs en question avaient promis de financer ce projet à travers la Banque Mondiale alors que cette dernière ne travaille qu’avec les gouvernements. C’est comme ça que le projet a vu ses sources de financement tarir, indique Salvator Bigirimana, secrétaire général du CNO.

Une seconde vie pour Olympafrica ?

Pour autant, le CNO ne s’avoue pas vaincu. Il envisage de revoir le projet Olympafrica. C’est d’ailleurs dans ce cadre que son siège y a été construit. On espère que cela aura un impact  positif sur les activités du centre. Il faudra délimiter le volet des activités génératrices de  revenus et celui du sport. Le CNO envisage aussi d’y ériger un centre de regroupement pour les athlètes où les jeunes apprendront les valeurs olympiques à travers les formations qui y seront dispensées. A long terme, ce sont tous les sports  qui y seront pratiqués. Toutes les fédérations auront droit à un espace qu’elles pourront mettre en valeur si elles veulent, fait savoir M.Bigirimana.

En attendant, les jeunes et les moins jeunes continuent d’affluer vers Olympafrica, surtout les   week end, pour s’adonner à la passion du sport. Malgré un aménagement sommaire, de nombreuses personnes profitent de cet espace. Une invitation silencieuse à développer rapidement ce centre qui pourrait s’avérer d’une grande utilité pour le pays tout entier.

A propos de l'auteur

Parfait Nzeyimana.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

Un commentaire

Les commentaires sont fermés.

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 606

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.
  • Journal n° 606

  • Dossiers Pédagogiques