Economie

Des denrées hors prix sur le marché

Dans les différents marchés de la capitale économique Bujumbura, l’impression commune des clients est la hausse exagérée des prix de différents produits. Une situation qui laisse plus d’un sans voix. Pour certains, le gouvernement devrait faciliter l’importation des produits et punir les vendeurs qui haussent les prix sans raisons valables

La hausse des prix concerne presque tous les produits que ce soient ceux qui sont importés ou ceux qui sont produits localement.

   

On est jeudi 3 octobre 2022 à Bujumbura City Market (BCM) communément appelé chez Sion. Des personnes viennent de tous les quartiers de la ville pour s’approvisionner à ce marché, connu pour ses articles aux prix plus ou moins abordables, comparativement à ceux des marchés ou des boutiques des quartiers. Ces derniers temps, les prix sont tellement volatiles qu’un produit peut facilement monter d’entre 200 FBu et 300 FBu en une semaine comme le témoignent certains acheteurs. 

Dans un magasin, une femme demande un beignet pour le petit déjeuner. Elle s’étonne de la taille de celui-ci « Avant, on l’achetait à 100 FBu. Avec la pénurie du sucre, il est donc passé à 200 FBu. Aujourd’hui que le sucre est disponible quel est le prétexte ? », se demande-t-elle. Après lui, un client entre, demande le prix de l’huile, s’étonne et sort sans toutefois acheter. Une autre entre, c’est la même histoire.  Léonidas Hatungimana, responsable de ce magasin, lui, ne semble pas étonné. Il commence à s’y habituer.

« Je fais ce métier depuis des années. C’est pour la toute première fois que je vends à des prix si exorbitants », fait-il savoir. Selon lui, les clients diminuent du jour au lendemain. Le peu de clients qui lui restent se contentent des produits de première nécessité comme le riz, le haricot, l’huile et la farine. Pour les autres produits, la fréquence laisse à désirer. « Le combat actuel est celui de pouvoir nourrir sa famille. Le luxe ou l’équilibre de l’alimentation ne compte plus », témoigne son client.

Les prix sont en hausse

La hausse des prix concerne presque tous les produits que ce soient ceux qui sont importés ou ceux qui sont produits localement. Un savon Star Gold s’achète à 1000 FBu, shaza à 1400 FBu, Muganga à 1200 FBu et Family à 2000 FBu (tous ces savons sont produits par Savonor). Le prix des autres savons produits localement ne cesse pas de monter, sans parler de leurs dimensions qui diminuent du jour au lendemain. 1 pièce de boîte de tomates salsa s’achète à 1000 FBu, 1kg de sucre à 2500 FBu, un kilo de sel à 1200 FBu,1 œuf à 700 FBu, pour ne citer que ceux-là.

Article

Prix/kg 

Article

Prix 

Riz tanzanien1

4500

Golden 5L

55000

Riz moins cher

3200

Cooki 5L

45000

Farine Manioc (Ikivunde)

2000

Huile palme (1.5l)

5500

Farine Manioc (Inyange)

1500

Huile coton (1.5l)

11500

Grains de maïs 

2200

Farine de blé (Ifarine) 2kg

7000

Haricot Kinure

2300

Farine de maïs (sembe)

2800

Une fois augmentés, souvent les prix ne diminuent pas 

Selon ces vendeurs, il est difficile de déceler avec exactitude la vraie cause de cette hausse des prix. Mais ils estiment que les taxes et les prix du transport peuvent en être entre autres la cause.  Hatungimana estime qu’il y a aussi des vendeurs qui haussent les prix sans raisons valables. Il donne l’exemple de la pomme de terre qui, pendant cette période devrait être en abondance. « Au mois d’octobre-novembre de l’année passée, un kilo de pomme de terre s’achetait entre 600 et 800 FBu. Aujourd’hui, il s’achète entre 1000 FBu et 1100 FBu », regrette-t-il. 

Selon lui, au Burundi, une fois le prix d’un produit monté, c’est rare qu’il puisse diminuer par après. «Il y a deux jours, le prix d’un bidon de 5 litres d’huile Golden a baissé jusqu’à 50 mille FBu, mais beaucoup de négociants vont continuer à le vendre à 55 mille FBu dans les quartiers sous prétexte qu’ils n’ont pas encore écouler leurs stocks et cela va prendre du temps pour que le nouveau prix soit effectif», explique –t-il. Il demande au gouvernement de faciliter l’importation des produits alimentaire et de faire respecter les prix pour le bien des Burundais. « Sinon, à un certain moment notre salaire équivaudra à 2 kg de riz et le seul choix sera de retourner à la campagne », rigole-t-il.

A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

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