Energie

Ecole Kanura de Gihanga : Le bois de chauffage substitué par le biogaz

L’école Kanura de Gihanga recourt à l’utilisation du biogaz comme source d’énergie pour la cuisson des aliments pour ses élèves malvoyants. En moyenne, 3 m3 de biogaz équivalant à 7h de cuisson sont produits par jour. Les responsables de l‘école notent une diminution des coûts liés à la consommation du bois de chauffage    

Sous le financement d’Atenor, une entreprise belge, Ingénieur Sans Frontières Belgique développe depuis août 2021 à l’école Kanura de la commune Gihanga dans la province de Bubanza un projet de production du biogaz. Ce dernier est fonctionnel depuis le mois de novembre 2021. Ce projet rentre dans le cadre de faire face à la déforestation qui prend de plus en plus de l’ampleur.

En moyenne, 3 m3 de gaz utilisable pendant 7 heures sont produits chaque jour au niveau de cette école, précise Gurvan Le Guen, étudiant stagiaire à Ingénieur Sans Frontières Belgique. La bouse de vaches et de porcs, les épluchures de patates douces, de manioc, de bananes mélangés avec de l’eau sont les principales matières premières utilisées dans la production du biogaz. L’école disposant de 62 élèves internes possède ses propres porcs. La bouse de vache est collectée dans les ménages environnants. 

En moyenne, 3 m3 de gaz utilisable pendant 7 heures sont produits chaque jour à l’école Kanura de Gihanga.

Quel est le processus de production du biogaz ?

Le matériel utilisé pour construire le bio-digesteur est en générale local, informe Le Guen. Ce sont entre autres les briques, le ciment, etc. Ces derniers servent à construire le bassin d’alimentation, le bassin d’évacuation ainsi que le dôme de stockage. Les ménages peuvent recourir aux tanks en plastique pour servir de bio-digesteur. Les ménages possédant des vaches peuvent recourir à l’utilisation du biogaz.  

Chaque jour, 50 kg de matière organique et 50 litres d’eau sont mis dans le bio-digesteur. «La première étape consiste à laver les épluchures pour enlever le sable ou les cailloux», précise Jean Paul Ndabarushimana, responsable du site. Ensuite, ces épluchures sont pilées en petits morceaux pour ne pas boucher l’entrée du digesteur. Après, elles sont mélangées avec l’eau et mises dans le bassin d’alimentation. 

Une fois ce dernier rempli, la matière organique descend dans le dôme de stockage, explique Gurvan avant d’ajouter que c’est là-bas que va s’obtenir le biogaz. « Les matières organiques vont se faire digérer par les microorganismes afin de produire le biogaz ». Grâce à cette digestion, le gaz va se former et pousser la matière organique vers le bac de compensation (bassin d’évacuation). Une fois le gaz produit, il s’échappe par la tuyauterie et se dirige vers les cuisines. Pour la cuisson des aliments, l’école utilise la gazinière locale. Des vannes sont utilisées pour réguler le débit du gaz.

Du fumier organique

A ce site, la production du biogaz permet également d’avoir le fumier organique pouvant être utilisé par les agriculteurs de Gihanga. Dans le bac de compensation s’accumule le digesta. Une fois le bac de compensation rempli, le digesta se dirige directement vers le stockage externe. « Ce digesta suit un processus de compostage qui va durer une certaine période. Le compostage va donner du fumier organique prêt à être utilisé ». Ce fertilisant sera vendu aux agriculteurs de la localité. 

Les résultats sont à saluer

Ernest Nindagiye, directeur de l’école Kanura de Gihanga informe que les résultats du projet biogaz sont positifs. Il se réjouit que l’utilisation du biogaz a permis la réduction des coûts alloués à l’achat du bois de chauffage. « La quantité de bois utilisée par jour dans le passé est actuellement utilisé en deux jours », affirme Ferdinand Ntakarutimana, responsable cuisinier. Et d’ajouter que le gaz est utilisé dans la cuisson de plusieurs aliments excepté les haricots qui demandent plus de temps. 

Au Burundi, le biogaz a été développé depuis les années 1980.  Des installations de biogaz donnant environ 10 000 m3 ont été mises en place au niveau des établissements publics (écoles, camps militaires, congrégations religieuses) et des ménages. Mais avec la crise, les installations de biogaz se sont dégradées et sont devenues dysfonctionnelles depuis le début des années 2000 suite à leur non réhabilitation, selon Melchior Ntawembarira, expert en énergie renouvelable. Au moment où 95% de la population burundaise recourent au bois pour cuire les aliments, l’utilisation du biogaz peut être une des solutions à la coupe illicite des arbres.

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Bruce Habarugira.

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