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Femme notable collinaire : « Le soutien de mon mari a constitué une force »

La plupart des femmes affirment que leurs maris constituent un frein à leur représentation dans les sphères politiques ou dans les instances de prise de décision. Mais, des exceptions existent. Une femme notable collinaire témoigne : sans l’aide de son mari, elle ne pouvait pas accéder à ce titre ni exercer ses fonctions convenablement

Emelyne Nibaruta : « Je pense que les gens m’ont donné des voix parce qu’ils savaient que j’avais l’accord de mon mari »

 

A 36 ans, Emelyne Nibaruta, maman de 4 enfants a été élu notable collinaire de la colline Nyabiharage. Elle fait partie des 5 femmes élues parmi les 15 notables élus dans ce quartier.

Nous rencontrons cette lauréate de l’Institut Supérieur du Commerce de l’Université du Burundi dans le quartier Nyabiharage avec son mari Raphaël Ndayisaba sur le chantier où ils sont en train de construire leur maison. Ils nous racontent comment l’idée leur est venue et comment ils ont cheminé ensemble main dans la main.

« Le soutien de mon mari était capital »

« Je me suis présentée parce que je voyais que je cochais toutes les cases pour se faire élire », indique Mme Nibaruta. Mais le fait de remplir ces conditions ne suffisait pas. L’accord et le soutien de son mari étaient indispensable.

Raphaël, son mari n’a aucun cas été un blocage. Au contraire, il l’a encouragée et l’a soutenue de tous les côtés. « Quand les sensibilisations ont commencé, c’est moi qui lui ai proposé de se faire élire et elle a accepté », raconte Raphaël. Et Emelyne lance : « s’il n’avait pas été d’accord, je ne me serais pas lancé dans l’aventure. Je ne me serais pas révoltée ».

Pendant la campagne, Nibaruta affirme que son mari l’a aidée comme il pouvait. « Je pense que les gens m’ont donné des voix parce qu’ils savaient que j’avais l’accord de mon mari », fait-elle savoir fièrement. Elle a fini par se faire élire parmi les 15 notables et il lui fut proposer le poste de secrétaire.

« J’avais confiance en ma femme »

Une femme dans le leadership, a toujours gêné la sphère masculine. Quand il s’agit pour un mari de soutenir sa femme, cela est souvent compliqué. La crainte pour les hommes : une femme leader et une femme soumise pour son mari ne font pas un bon cocktail. « Ils pensent qu’elles vont les tromper une fois qu’elles seront cheffes et préfèrent les garder dans les coulisses », indique Raphaël.

Mais Raphaël, n’était pas du même avis. « J’avais tellement confiance en ma femme. Cela fait 10 ans que nous sommes mariés et je savais qu’elle n’a que du bon à offrir à la société. Je ne pouvais pas constituer un frein pour elle », lance-t-il. Il affirme qu’il a subi même des commentaires mal intentionnés, mais que cela ne lui disait rien. Jusqu’à présent, il affirme que son soutien ne s’est pas arrêté à son élection, mais aussi il s’est manifesté dans l’exercice de ses fonctions : « Mercredi, le jour des audiences, quand je le peux, je garde les enfants pour lui permettre de se libérer et d’y participer ».

La participation de la femme dans la sphère de prise de décision n’est pas chose facile. Toutefois, au moment des audiences, les voix de ces femmes notables collinaires ne sont pas pour autant minimisées par le fait qu’elles sont femmes. Au contraire, la présence des femmes parmi les notables collinaires constitue une force. Nibaruta donne un exemple : « Vous savez que les femmes communiquent rarement sur les problèmes de couple. Mais quand elles voient qu’il y a leurs paires qui peuvent les comprendre et les écouter sans prendre partie, cela les rassure et exposent leurs problèmes librement ».

Comme rappel, sur 3980 notables collinaires qui ont été élus dans la province de Gitega, 1342 sont des femmes.

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A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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