Santé

Filles et femmes fistuleuses : Tous ensemble pour redorer leur sourire

Malgré le manque de statistiques exactes, les fistules obstétricales sont une réalité au Burundi. À cause des symptômes déplaisants de cette pathologie, beaucoup de femmes et de filles fistuleuses sont stigmatisées dans les familles. Pourtant, les fistules obstétricales sont évitables, traitables et curables. D’ailleurs, une campagne de leur réparation est en cours au centre Urumuri logé à l’hôpital régional de Gitega.

Beaucoup de femmes et filles fistuleuses sont stigmatisées dans les familles.

   

Les fistules obstétricales sont une réalité au Burundi. Depuis sa création en 2010 jusqu’au mois de juin 2022, le centre Urumuri de Gitega qui est spécialisé dans la réparation des fistules obstétricales a déjà réparé gratuitement 3029 femmes et filles fistuleuses. Ces statistiques évoluent en dents de scie d’année en année. Elles étaient à 112 en 2019, 116 en 2020 et à 130 en 2021. L’interprétation de ces statistiques reste lacunaire, car elles ne reflètent pas nettement l’évolution des fistules obstétricales au Burundi. « Ces statistiques concernent uniquement celles qui se sont confiées au centre Urumuri. Certainement qu’il y en a beaucoup d’autres qui, par ignorance, restent encore cachées dans les familles », explique Dr Yolande Magonyagi. 

Pour pallier à cette pathologie, une campagne de réparation des fistules obstétricales a été organisée par la fondation Bon Action Umugiraneza. Cette campagne qui durera un mois (du 5 septembre 2022 au 5 octobre 2022) vise une centaine de femmes et filles fistuleuses provenant de différentes provinces du pays. Elle aura lieu au centre Urumuri de Gitega sous le thème « Investir dans la qualité des soins, autonomiser les communautés et éliminer maintenant les fistules obstétricales ».

Les filles et femmes fistuleuses souffrent beaucoup

La fistule obstétricale étant une complication directement liée à un accouchement difficile et prolongé, elle cause chez la mère une souffrance physique. La plupart d’entre elles perdent leurs enfants (62% des enfants qui naissent des mamans fistuleuses décèdent) et cela les traumatisent davantage. Mais le pire arrive quand ces femmes commencent à présenter des signes comme les pertes permanentes des selles par le vagin (FISTULE URO GENITALE) ou par des pertes à la fois des selles et des urines (FISTULES MIXTES). Une peine de trop chez ces mamans et un début d’un long calvaire combinant le traumatisme physique et psychologique.

À cause de ces symptômes déplaisants, beaucoup de femmes et filles fistuleuses sont stigmatisées dans les familles. Certaines sont abandonnées par les leurs et sont mises à l’écart de la communauté. Ne sachant pas à quel saint se vouer, ces victimes de fistules obstétricales perdent carrément l’espoir et certaines d’entre elles décident de se cacher pendant plusieurs années. Pourtant, les fistules obstétricales sont évitables, traitables et curables.

Quelles en sont les causes ?

La fistule obstétricale peut être causée par les mariages et les grossesses précoces (19 % des filles et femmes fistuleuses ont moins de 25 ans). Le retard dans la prise de décision avant de se rendre à une structure sanitaire et un retard dans l’administration de bénéficier des soins chez une femme prête à accoucher constitue un élément favorisant cette pathologie. Les fistules obstétricales peuvent également dépendre de la disproportion entre le volume du fœtus et le bassin de la mère ou la mauvaise présentation du bébé dans le ventre de sa mère. 

Les autres causes des fistules obstétricales sont entre autres les fautes techniques comises lors d’une césarienne, d’une intervention gynécologique ou obstétricale, ou lors d’une épisiotomie. Les fistules obstétricales constituent ainsi une évidence de l’insuffisance de la qualité des soins et des services liés à la grossesse et à l’accouchement.

En quoi peut-on contribuer ?

Redonner la dignité et le sourire aux filles et femmes fistuleuses est possible. Même si la réparation des fistules obstétricales est gratuite au centre Urumuri, c’est un travail qui nécessite beaucoup de moyens financiers. Le coût d’une opération d’un cas de fistule obstétricale est évalué à 500 USD. La fondation Bonne Action Umugiraneza appelle cependant les différents partenaires techniques et financiers à contribuer à l’organisation de cette campagne de réparation des fistules, mais surtout de contribuer dans le recrutement et l’orientation des femmes présentant des signes évocateurs des fistules obstétricales vers les structures sanitaires pour un diagnostic et une confirmation par l’équipe du centre Urumuri.

A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 606

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.
  • Journal n° 606

  • Dossiers Pédagogiques