Cooperation

Un grand retour du pays sur la scène internationale

Les promesses de financement en faveur du gouvernement du Burundi se multiplient. Le gouvernement retrouve la confiance des bailleurs traditionnels après sept longues années d’attente. Les Etats-Unis d’Amérique, l’Union Européenne ou encore la Banque Mondiale ont déjà promis de débloquer des fonds pour booster le développement économique du pays. Flashback sur les engagements des principaux partenaires du Burundi    

En marge du 6ème Sommet Union Africaine-Union Européenne, l’UE a annoncé qu’elle est prête à financer des projets au Burundi avec une enveloppe de 194 millions d’Euros sur  une période de 4 ans. Ces fonds seront orientés vers la création de l’emploi, le développement du capital humain, la bonne gouvernance et l’Etat de droit. A cela s’ajoute une enveloppe de 20 millions d’Euros pour la préservation de la biodiversité au cours de cette année, rapporte la Présidence de la République.

Peu avant le sommet de Bruxelles, les Etats-Unis s’étaient engagés à octroyer au Burundi une aide financière de 400 millions USD. Cette enveloppe sera investie dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de l’éducation, de la bonne gouvernance, de l’environnement et dans le secteur privé.

En février dernier, le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération au Développement Albert Nshingiro a signé avec l’ambassadeur de Chine au Burundi Zao Jiang Ping, un accord de réhabilitation, de modernisation et d’extension de l’aéroport Melchior Ndadaye. Cependant, aucune information n’a filtré sur les détails de cet accord.

Au début du mois en cours,  c’est le tour de l’Ambassade de France qui a procédé à la signature d’un projet de convention de financement pour la mise en œuvre du Projet Twige Neza. Cette convention s’inscrit dans le cadre d’une allocation complémentaire de 21,3 millions USD. Ce financement vient s’ajouter à l’allocation initiale d’un montant de 25,6 millions USD signée en 2019. Il a pour objectif de contribuer à l’amélioration de la capacité d’accueil, la qualité des apprentissages et  la consolidation des acquis de la réforme de l’enseignement fondamental.

Après le Forum National sur le Développement tenue en Novembre 2021, le gouvernement a organisé une mini table ronde avec ses différents partenaires au développement.

De la riposte contre la Covid-19

Dans le domaine de la santé, un accord de don entre le Gouvernement du Burundi et la Banque Mondiale a été signé en date du 28 janvier 2022. Il s’agit d’un financement additionnel du projet de préparation et de riposte à la Covid-19 avec un montant de 60 millions USD sur  une période de 3 ans.

En mai 2021, le Gouvernement du Burundi a procédé à la signature d’un accord de financement additionnel de 54,6 millions USD en faveur du projet d’appui au système de santé KIRA avec la Banque Mondiale.  Ce financement additionnel vise à poursuivre la mise en œuvre de la politique de gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans. Site du ministre

Un coup de pouce à l’économie

Depuis, la crise socio-politique de 2015, l’économie burundaise tourne au ralenti. Le désistement des bailleurs de fonds qui se sont tournés vers l’appui direct des projets en faveur des populations ont plongé le pays dans une récession économique sans précédent. « Entre mars et juin 2021,  les réserves officielles ont diminué de 12,1% s’établissant à 66,7 contre 75,9 millions USD », selon un récent rapport de la Banque centrale sur la politique monétaire. La reprise de la coopération avec le FMI constitue une bouffée d’oxygène pour une économie qui souffre depuis des années de la pénurie des devises.

Le Burundi a bénéficié d’une enveloppe de  près de 211,5 millions USD sous forme de Droits de Tirages Spéciaux (DTS) en août 2021. « Ces ressources financières permettent d’améliorer le niveau des réserves de change d’une part et donnent plus de flexibilité dans la gestion des politiques économiques d’autre part », lit-on sur le site du ministère des Finances. D’après la même source, ce financement aura un impact positif sur le budget de l’Etat et les réserves de change.

Des financements en lien avec les priorités du gouvernement

La Déclaration de Paris sur l’aide au développement insiste sur les moyens d’améliorer la coordination et la répartition des tâches entre les donateurs et les bénéficiaires de l’aide publique. Elle revient  notamment sur la responsabilité des pays partenaires, l’alignement des aides en fonction des programmes ainsi que les actions axées sur les résultats et non pas sur les prestations fournies. Bref, les financements doivent être en lien avec les priorités du gouvernement. D’ailleurs, un projet d’appui aux fondations de l’économie numérique vient d’être rejeté par le conseil des ministres, car certaines de ses composantes n’étaient pas alignées au Plan National de Développement et aux priorités du ministère sectoriel.

Il importe de signaler que les donateurs tiennent compte de la capacité des institutions à gérer les aides. En ce sens,  la lutte contre la corruption, y compris la transparence budgétaire demeurent quand même des éléments fondamentaux qui dictent les choix des partenaires, laisse entendre Faustin Ndikumana, directeur national de l’Ong locale PARCEM. Il a suggéré au gouvernement  d’y travailler pour gagner la confiance des donateurs. Le faible taux d’exécution des projets inquiète cet activiste de la société civile. « Il ressort de la récente évaluation du portefeuille de la BAD que certains programmes affichent un taux de décaissement faible (25%) alors que la phase de leur mise en œuvre est à 75% », déplore-t-il.

Un prêt à la place de l’aide au développement

Pour Ndikumana, le Burundi devrait plutôt  fournir des efforts pour quitter la catégorie des bénéficiaires de petits dons au niveau de la Banque Mondiale afin de mobiliser des financements consistants, y compris les emprunts. Une idée soutenue par l’ex-directeur de l’Agence de Promotion des Investissements Désiré Musharitse qui suggérait au gouvernement de retravailler le cadre macroéconomique afin de booster les investissements. Dans ce sens, il a proposé au chef de l’Etat d’accepter que le pays s’endette dans but d’investir. Il a basé son argumentation sur le mauvais état et/ou l’absence des infrastructures de transport. « En aucun cas, les aides et les dons ne peuvent financer les projets de grande envergure tels que la construction des chemins de fer ». 

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Benjamin Kuriyo.

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