Gouvernance

L’Olucome inquiété par la pénurie des devises

L’Olucome tire une sonnette d’alarme à propos de la pénurie des devises. Cette problématique est liée d’une part à la faible production nationale ; d’où une  balance commerciale déficitaire. Cette organisation de la société civile recommande aux dirigeants de prendre des mesures nécessaires avant qu’il ne soit trop tard.

Pour Gabriel Rufyiri, l’Etat doit prendre des mesures pour limiter la spéculation autour des devises.(Photo : B-NP)

Le Burundi fait face à la carence récurrente des devises et cela influe négativement sur l’économie nationale. Ce problème est causé d’une part par la faible production nationale. En conséquence, les exportations ont fortement chuté (notamment les cultures industrielles comme le café, le thé, le coton…). Aujourd’hui, les exportations représentent 20 % contre 80 % des importations, d’où une  balance commerciale déficitaire. C’est pourquoi il s’observe une pénurie des produits stratégiques comme le carburant, les médicaments voire les fertilisants. Cela a été annoncé par Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire  de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME), dans une conférence de presse organisée jeudi le 2 novembre 2023.

A part les cultures industrielles ci-haut citées, l’Olucome estime qu’il y a d’autres produits ou secteurs qui peuvent générer des devises, notamment les minerais, la coopération au développement, les investisseurs étrangers, la diaspora, le tourisme, … Malheureusement, ces potentialités ne sont pas suffisamment exploitées. « Nous demandons à l’Etat de faire de son mieux pour en profiter », précise M. Rufyiri.

Que les déclarations des leaders aillent  de pair avec les actions

Le Président de la République appelle à combattre la fraude afin de maximiser les devises, car on ne peut pas arriver  loin si tous les efforts ne sont pas conjugués. M. Rufyiri estime que ce message du chef de l’Etat doit être intériorisé par tout le monde. « Si un leader donne un message clair, les ‘’subalternes’’ ou les techniciens n’auront qu’à le mettre en application », indique M. Rufyiri.

Pour cet activiste de la société civile, l’Etat doit prendre des mesures pour limiter la spéculation autour des devises, car la dénonciation ne suffit pas à elle seule. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas judicieux d’entendre les membres du gouvernement se lamenter au lieu de prendre des mesures adéquates pour trouver des solutions appropriées.

L’Olucome propose des pistes de solution

En vue d’éveiller la conscience des dirigeants et de tous les Burundais en général, l’Olucome a formulé différentes recommandations. Premièrement, la Banque centrale (BRB) devrait être indépendante au lieu d’être rattachée  à la Présidence de la République. Deuxièmement, que les compagnies aériennes cessent de vendre les billets d’avions en devises. Que le peu de devises dont le gouvernement dispose soient gérées dans la transparence pour ne  les donner  qu’aux importateurs et surveiller rigoureusement leurs bénéficiaires. Il faut mettre en place un système de suivi pour ceux qui ont bénéficié des devises. Il faut un audit indépendant pour toutes les devises qui ont été données dans le cadre de l’importation des produits pétroliers, des fertilisants et des médicaments.

L’Etat doit combattre les circuits informels et frauduleux de l’achat des devises. Il faut créer les meilleures conditions pour la reprise et le renforcement de la coopération au développement. Il faut améliorer le climat des affaires selon les indicateurs de « Doing Business ». Il faut interdire formellement aux agents et aux mandataires publics d’exercer le commerce conformément à la loi régissant les incompatibilités au Burundi.

Une autre chose à faire, c’est instaurer un système de rapatriement rapide et transparent des devises issues de la vente des produits d’exportation, surtout les mines. Il faut à tout prix diminuer les missions à l’étranger pour privilégier celles qui sont bénéfiques pour  le pays. Il faut également  arrêter des stratégies pour diversifier les sources de devises en boostant les secteurs porteurs de croissance (notamment la filière café, les minerais, le coton, l’industrie, le tourisme, etc.). Les membres du gouvernement doivent déclarer leurs patrimoines avant d’entrer en fonction en vue de limiter la corruption et le détournement des fonds. Les parlementaires doivent suivre de près et contrôler l’action gouvernementale. Pour clore, il faut mettre en place et renforcer le système national de l’intégrité ,c’est-à-dire la collaboration des institutions.

A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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