Société

Nourrissons derrière les barreaux : ces oubliés de la société

Les nourrissons des détenues sont condamnés à subir les conséquences liées à l’incarcération de leurs mamans. Cela impacte leur développement tant personnel qu’intellectuel. Les défenseurs des droits de la personne humaine appellent au respect des droits de ces enfants.

cette incarcération indirecte n’est pas sans conséquences sur le développement tant personnel qu’intellectuel de l’enfant.

Pour diverses raisons, les nourrissons peuvent se retrouver sous les verrous. Certains parce qu’au moment de l’arrestation de leurs mamans, ils n’avaient pas encore atteint l’âge leur permettant d’être séparés d’elles. Une autre catégorie est celle des mamans qui étaient enceintes lors de leur arrestation et qui ont accouché étant déjà en prison. Et la dernière catégorie est celle des enfants conçus et nés en prison. Pour toutes les catégories citées, la prison représente un lieu « d’hébergement et non de détention ». Cette affirmation reste douteuse selon Adrien Ndereyimana, chargé de la communication à la FENADEB. « Comment un nourrisson d’une détenue peut-il être libre ? » se demande-t-il.

Comme il l’explique, la place du nourrisson se trouve dans la famille et non dans la prison. Cela sous-entend qu’aucun d’entre eux ne devrait naître ni grandir en prison. Avoir un nourrisson ne peut pas non plus être une excuse pour libérer sa maman alors qu’elle est encore en conflit avec la loi. Face à ce dilemme, la loi prévoit la prise en considération de « l’intérêt supérieur de l’enfant ». L’intérêt supérieur de l’enfant ou un moindre mal choisi entre deux ? Pour le cas du Burundi, s’il arrive qu’une maman soit en détention alors qu’elle a un nourrisson, l’intérêt supérieur de cet enfant veut qu’il reste avec sa maman jusqu’à l’âge de trois ans. Oui, car au-delà de toute considération, l’enfant a droit à l’allaitement et à la surveillance maternels. Après cet âge, l’enfant peut être récupéré par sa famille ou par les orphelinats, selon les circonstances.

Tout leur avenir hypothéqué

Selon ce défenseur des droits de l’enfant, cette incarcération indirecte n’est pas sans conséquences sur le développement tant personnel qu’intellectuel de l’enfant. L’environnement dans lequel l’enfant passe ses cinq premières années impacte tout son avenir. L’incarcération de sa maman met en danger ses droits en tant qu’enfant. Comme l’explique M. Ndereyimana, l’enfant a droit à l’épanouissement. Malheureusement, les conditions dans lesquelles vivent ces nourrissons dans les différentes maisons d’arrêt du pays ne favorisent pas le cadre d’épanouissement social et intellectuel de l’enfant. Lors de son séjour en prison, l’enfant est condamné à vivre dans un espace très réduit. Ce qui impacte certainement et d’une façon négative son épanouissement personnel et intellectuel. « Un enfant qui ne joue pas avec d’autres enfants éprouve souvent des difficultés de langage. Ce qui est presqu’inévitable pour de tels enfants », fait-il savoir.

Il déplore que suite aux mauvaises conditions d’hygiène et à la surpopulation carcérale qui caractérisent beaucoup de lieux de détention au Burundi, les enfants qui y séjournent sont plus vulnérables aux différentes pathologies comme celles des mains sales et celles de la peau.

L’insuffisance en qualité et en quantité de l’alimentation octroyée par l’Etat à eux et à leurs mamans fait que ces enfants soient victimes d’une malnutrition aigüe. Et Jean Marie Nshimirimana, président de l’association Ntabariza de le compléter. Selon lui, un nourrisson qui grandit dans un milieu où il y a des personnes ayant des comportements pas recommandables, dont la plupart n’ont plus rien à perdre, c’est fort probable que ces enfants, une fois adultes, reproduisent les mêmes comportements.

Selon M. Ndereyimana, malgré la situation de ces enfants, il est primordial que leurs droits soient garantis. Il appelle la Direction Générale des Affaires Pénitentiaires (DGAP) à veiller à ce que les nourrissons et leurs mamans soient séparés des autres détenus pour leur garantir un minimum d’épanouissement.

A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

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