Economie

La pénurie du Carburant paralyse la capitale économique

La pénurie du carburant a paralysé les activités dans la capitale économique Bujumbura. Se déplacer surtout par le biais du transport en commun devient un casse-tête.  Si cette situation émane du contexte mondial, les citoyens demandent aux autorités de se saisir de la question pour amorcer le choc    

Au Burundi, le carburant est devenu une denrée rare. Il est 9h du matin quand la rédaction de Burundi Eco commence le reportage sur la pénurie du carburant dans la ville de Bujumbura. Dans capitale économique, des femmes et des hommes passent la nuit devant les stations-services pour essayer de s’approvisionner en carburant. De longues files de voitures ordinaires, taxi-voitures, bus, camions sont remarquables sur les stations-services de la capitale tout au long de la journée du 7 avril 2022. A la station-service qui est à côté de l’hôtel Water-front, des files de voitures allaient jusqu’à la Banque Burundaise de Commerce et d’Investissement (BBCI) sur le Boulevard du Peuple Murundi. La plupart des chauffeurs avaient passé la nuit sur les files. « Il y avait des rumeurs comme quoi on allait servir le carburant à 5h du matin.  Moi je suis venu ici à 2h du matin mais, jusqu’à présent aucun espoir que je vais être servi », se lamente Salim, un conducteur.

A la station-service Interpetrol de Jabe et celle du quartier asiatique communément appelée « kwa Katikati », le cas était pareil. Mais là-bas, seuls les conducteurs présentant des bons de commande étaient servis. Ce qui n’a pas manqué d’énerver les autres conducteurs qui accusent les pompistes de servir les connaissances. « C’est pour le grand patron, nous le petit peuple nous sommes écartés », dit un conducteur. On notera la présence des policiers qui essaient de faire régner l’ordre.

Dans capitale économique, des femmes et des hommes passent la nuit devant les stations-service pour essayer de s’approvisionner en carburant.

Quand se déplacer devient un casse–tête

Suite au manque de carburant, les bus ne venaient qu’ à compte-gouttes et se déplacer était devenu un « casse-tête ».  Au parking dénommé chez commune situé au quartier IX Ngagara dans la commune de Ntahangwa, la situation était catastrophique. Cet endroit grouillait de monde qui attendait l’arrivée des bus.  Et puisque l’effectif des bus à l’œuvre était limité, les gens se bousculaient pour pouvoir monter à bord des bus. S’ils voyaient un bus, ils couraient derrière lui avec leur dernière énergie.  Les plus vigoureux et les souples accédaient à l’intérieur des bus en passant même à travers les fenêtres.  Selon les propos des passagers, il y en a qui ont passé plus de trois heures au parking.  Le désespoir se lisait sur leur visage. Ce sont à titre d’exemple les personnes âgées, les personnes vivant avec un handicap, les malades, les femmes enceintes et celles qui portent des bébés sur le dos qui ne sont pas à mesure de se bousculer. Sous un soleil de plomb, tout le monde regardait à gauche et à droite s’il y a un bus qui arrivait.

Suite à cette situation, certains se sont décidés à payer les taxis-voitures.  Chaque passager payait entre 2000 FBu et 3000 FBu pour ceux qui se dirigent au centre-ville.  D’autres ont jugé bon de se déplacer à pied quand d’autres demandaient des lifts.

Les passagers se lamentent

Les passagers se lamentaient du fait que leurs activités sont paralysées, car arriver sur les lieux de travail n’a pas été chose facile. Des retards ont été enregistrés.  « Je suis à ce parking depuis 6h 30 min. Normalement je suis obligé de me présenter au lieu de travail à 7h30.  J’enregistre déjà un retard de 40 min », déplore un prestataire de soins rencontré au parking chez « Commune ». Un commerçant qui voulait se rendre au marché de Ruvumera situé à Buyenzi abonde dans le même sens.  Il a fait savoir qu’il a enregistré un retard de plus d’une heure. Selon les propos recueillis dans d’autres endroits de la ville de Bujumbura tels que Carama, Kanyosha, etc., se déplacer était aussi un chaos mercredi le 7 avril 2022 suite à la pénurie du carburant.

Aux parkings des véhicules de transport des biens et des personnes allant vers l’intérieur du pays, c’était aussi le même désarroi.  Se déplacer n’a pas été facile suite à la pénurie du carburant.  L’exemple le plus emblématique est le parking situé au marché connu sous le nom de Cotebu. Les véhicules de transport de types Hiace et Probox n’étaient pas nombreux et les passagers ont eu du mal à se déplacer. Les passagers s’inquiètent du fait que le ticket a été revu à la hausse dans certains endroits suite à la pénurie du carburant.    

La situation s’aggrave au centre-ville

Au parking situé au centre-ville, près de l’ex-marché central de Bujumbura, les passagers font remarquer que la pénurie du carburant a aggravé la situation de la mobilité des personnes depuis le début du mois d’avril 2022. Les bus sont très peu nombreux et bonjour les longues files d’attente surtout pendant la soirée. La plupart de gens ont choisi de rentrer à pied pour éviter de passer des heures et des heures sur les files d’attente.  Mardi le 05 avril, des files d’attentes se remarquaient jusque tard dans la nuit aux environs de 23h. Dans l’après-midi du jour de la rédaction de cet article (jeudi le 7), une longue file d’attente se constatait alors que normalement cette situation prévalait pendant les heures de pointe.

Il est ainsi au moment où les habitants de la capitale sont sous le coup de la mesure de délimitation de l’espace l’accès aux tricycles et les deux roues.

Les passagers ne voient pas à quel saint se vouer et demandent à l’Etat de prendre des mesures urgentes pour inverser la tendance. Sinon, ils craignent que la situation puisse s’empirer une fois que la pénurie du carburant ne serait pas maitrisée. Selon eux, ils s’attendent à une augmentation inquiétante du taux d’inflation.

Au parking situé au centre-ville, près de l’ex-marché central de Bujumbura, les passagers font remarquer que la pénurie du carburant a aggravé la situation de la mobilité des personnes depuis le début du mois d’avril 2022.

La subvention du carburant a des limites, dit le président

Depuis le conflit russo-ukrainien, les prix de l’or noir a continué à grimper. Le cours du baril ont atteint les 100 dollars et même 129 dollars le 8 mars alors qu’il avoisinait les 70 dollars au début de l’année. Lors de la prière mensuelle du parti au pouvoir du 31 mars 2022, le président Evariste Ndayishimiye a indiqué que le Burundi est le seul pays qui n’a pas encore revue à la hausse le prix du carburant depuis que ce conflit a commencé. « Nous avons essayé de subventionner le carburant, mais nous n’en pouvons plus », dit le président. La subvention du carburant a des limites.

Dans le filet de cette pénurie, des rumeurs sur les nouveaux tarifs du carburant ont circulé. « Si au moins est disponible. Hausser le carburant est une chose et sa disponibilité en est une autre », implore un conducteur de bus. Du côté officiel, rien n’est encore déclaré.

« Les citoyens ont le droit d’être informé sur la réalité qui les attend »

La présidente de la Tanzanie Samia Suluhu Hassan a instruit ses fonctionnaires d’informer les citoyens de la réalité que vivent les peuples du monde à propos de la montée des cours du pétrole qui influe négativement sur le reste des matières premières. Les autres chefs du gouvernement sont appelés de dire la vérité concernant le coût de la vie élevé qui est sur le point de frapper le pays. Un fardeau qui, selon elle, ne peut être porté uniquement par le gouvernement. Elle a donné cette directive à partir de Dodoma en marge de l’analyse des rapports du contrôleur et auditeur général de l’Etat (CAG) et celui de l’Institut pour la prévention et la lutte contre la corruption (PCCB) pour l’exercice 2020-2021, a relayé le quotidien Nipashe.

Le président a par conséquent ordonné le rétablissement de la taxe de 100 shillings sur le carburant qui a été supprimée afin d’amortir l’impact négatif des prix élevés du carburant sur les citoyens                 

Plus qu’une denrée de consommation, l’on convient de reconnaître que le carburant représente une véritable ligne de vie économique. Sans carburant en effet, la vie économique s’arrête à commencer par le secteur du transport qui impactera immédiatement les autres activités commerciales, industrielles, énergétiques, etc.

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A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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Un commentaire
  • Nukuri Juvent dit :

    En tout cas, hariho ikintu baduhendako. Jewe maze imyaka ibiri (2 ans) mbona ngaha i Bujumbura ata carburant iriho. Ingwano yo muri Ukraine nayo imaze amezi abiri gusa. None iyo ngwano twayitirira gute gute iri buri rya carburant? Hari iwonsigurira ici kibazo?

Les commentaires sont fermés.

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