Entrepreneuriat

Profit d’initiatives d’investissements pour les jeunes : Est-ce pour demain ?

Ces derniers temps, des initiatives pro-jeunes se multiplient, notamment la Banque d’Investissement pour les Jeunes (BIJE), l’Agence Burundaise pour l’Emploi des Jeunes (ABEJE), le Fonds d’Impulsion de Garantie et d’Accompagnement des Jeunes (FIGA), les coopératives collinaires…Les jeunes disent ne pas connaître suffisamment ces initiatives et restent impatients d’en cueillir les fruits

Plus de 15 mille lauréats d’universités obtiennent leur grade de licence annuellement. Ce qui augmente le nombre de demandeurs d’emploi. Face à cette situation, le gouvernement ne cesse de fournir des efforts pour essayer d’atténuer la situation.

C’est dans ce cadre que le pays s’est doté d’une politique nationale d’emploi en novembre 2014. Une année avant (en 2013), il avait mis en place une Agence Burundaise pour l’Emploi des Jeunes (ABEJE). 72 millions de FBu a constitué le fonds initial octroyé à cette agence. Cela pour encadrer 200 jeunes.

Les initiatives ne se sont pas limitées qu’à celles-ci. On peut citer également  l’Office Burundais de l’Emploi et de la Main-d’œuvre (OBEM), la création des coopératives collinaires  avec un budget de 10 millions de FBu donné à chaque coopérative, la  création de la  Banque d’Investissement des Jeunes (BIJE), le Fonds d’Impulsion, de Garantie et d’Accompagnement des jeunes (FIGA), le Programme d’Autonomisation Economique et d’Emploi des Jeunes Diplômés (PAEEJ) avec un budget de 48 milliards de FBu, les Groupements Economiques des Jeunes Solidaires (GEJS), le Plan National de Développement (2018-2027). Celui-ci rapporte que la Politique nationale de l’emploi permet chaque année à 250 jeunes lauréats des humanités techniques et universités de bénéficier d’une formation en entrepreneuriat et d’un stage de premier emploi.

Les jeunes doivent changer de mentalités. Ces derniers sont conviés à ne pas croiser les bras après le cursus scolaire et à savoir qu’il n’y a pas de sot métier.

Des paroles aux actes

Les jeunes demandeurs d’emplois de Gitega saluent les initiatives du gouvernement allant dans le sens de leur soutien comme la BIJE. Toutefois, ils regrettent qu’il y a parmi eux qui ont déjà déposé des dossiers dans cette banque, mais qui attendent jusqu’à présent que les crédits leurs soient octroyés. Cela depuis son lancement et son implantation le 15 avril 2020 à Gitega.

Pour eux, le souhait est de les sensibiliser et de les encourager à créer leurs propres emplois avec le soutien de la BIJE et d’autres organismes de soutien des jeunes. Cette idée est partagée par les jeunes demandeurs d’emplois de Bujumbura. A défaut de soutien pour créer leurs propres emplois, ils préfèrent se réfugier dans le transfert d’argent électronique.

Et de déplorer : « C’est décevant si les promesses ne sont pas tenues à temps ».

A Makamba, les jeunes demandeurs d’emplois préfèrent aller en Tanzanie pour leur survie avec des probabilités d’être spoliés.

Delphin Kaze, directeur général de Kaze Green Economy (KAGE) témoigne que certains jeunes n’osent pas se lancer dans l’entrepreneuriat. D’après cet entrepreneur qui a réussi, d’autres jeunes travaillent en solo et restent enfermés sur eux-mêmes au lieu de travailler en association afin de produire plus.

Mpamata Industries de Ngozi, une société-coopérative qui transforme et commercialise des produits à base de lait connait des difficultés de son fonctionnement. Créée par des jeunes appuyés par le Programme de Développement des Filières (PRODEFI), un projet du gouvernement financé par le Fonds International de Développement Agricole (FIDA). Celle-ci peine à payer le courant électrique comme le signale son comptable Eric Bukeyeneza.

Il indique également que la société-coopérative peine à importer les matières premières estimées à un prix exorbitant. Et de continuer : «Le capital de la société émane des cotisations des membres de la société-coopérative. D’où la nécessité du soutien de la part de l’Etat».

L’heure de la moisson approche !

Alice Nduwimana, conseillère en charge de la jeunesse au ministère de la Communauté Est Africaine, de la Jeunesse, des Sports et de la Culture déclare que le gouvernement ne ménage aucun effort pour soutenir les jeunes.

« A part la BIJE, il existe également le Programme d’Autonomisation Economique et d’Emploi des Jeunes Diplômés qui s’occupera de la sensibilisation, de l’accompagnement à la recherche des crédits et à la recherche des débouchés pour la production », précise Mme Nduwimana avant de faire remarquer que ce sont deux grandes initiatives principales.

Elle reconnait que la BIJE n’a pas rempli d’une façon globale ses fonctions. Cela surtout que les débuts sont difficiles. Et de rappeler : « La BIJE à elle seule ne peut pas se suffire. La multiplicité des initiatives est donc un grand atout. Elle offre beaucoup d’opportunités aux jeunes et leur permet de faire des choix ».

La BIJE peut octroyer des crédits aux projets bancables des jeunes, car la signature d’un contrat entre celle-ci et le FIGA devrait se faire au cours de ce mois de mai.

Ignace Niyonzima, expert en développement de la jeunesse explique que si les Burundais sont estimés à 12 millions, les jeunes oscillent autour de 60%, soit environ 7 millions 200 mille.

« Les initiatives pouvant les toucher doivent être nombreuses avec des budgets colossaux. D’ailleurs, il faut que celles-ci soient nombreuses. Par ailleurs, ces jeunes doivent comprendre aussi que l’argent qui sera octroyé par la BIJE est un crédit. Ils ont le devoir de le rembourser. C’est pourquoi leurs projets doivent être bancables », fait-il remarquer.

Eric Nsengimana, président et représentant légal de l’Association pour une Jeunesse Africaine Progressiste (AJAP) signale que l’augmentation des initiatives figure parmi les requêtes des jeunes.

«Plusieurs initiatives naissent des idées soumises par les jeunes et l’Etat accepte de les mettre en œuvre», se réjouit-il.

Cependant, il reconnait que la BIJE vient dépasser d’une année sans accepter aucun projet des jeunes. Pourtant leurs employés sont en train de toucher des salaires. Il se demande si ces employés maîtrisent le fonctionnement des banques.

D’après M.Nsengimana, on ne peut pas passer un mois en train de chercher un crédit de 3 millions de FBu dans une banque commerciale. Cela peut se faire en moins d’une semaine, estime-t-il.

Les jeunes n’ont pas d’hypothèque, d’argent ou d’emplois, selon toujours lui. Malgré cela, il rassure que le gouvernement a contourné tout cela en mettant en place le Fonds d’Impulsion, de Garantie et d’Accompagnement des jeunes (FIGA).  Ce fonds va pallier au problème de garantie et va prévenir le risque de non remboursement des crédits.

Eraste Nzosaba, président du Conseil National de la Jeunesse du Burundi (CNJB) affirme que beaucoup d’initiatives ne désorientent pas la jeunesse. De plus, martèle-t-il, ces initiatives ne sont pas nombreuses comme on le pense et elles se complètent.

« Chaque citoyen a droit à la redevabilité. C’est pourquoi les jeunes ont le devoir d’aller demander par exemple à la BIJE ce qui s’y passe », souligne-t-il avant d’indiquer que le conseil sensibilise les jeunes à se regrouper dans des coopératives non seulement pour avoir des facilités de demander des crédits, mais aussi pour se compléter dans les idées. Il convie les adultes et les grands investisseurs à soutenir les jeunes.

Il doute également du fait que la BIJE n’a pas encore financé les projets des jeunes. Et de poursuivre que cela peut être freiné par les hypothèques du FIGA qui ne sont pas encore disponibles.

Le ministère, l’expert et les représentants des associations des jeunes convergent sur le fait que les jeunes doivent changer de mentalités. Ces derniers sont conviés à ne pas croiser les bras après le cursus scolaire et à savoir qu’il n’y a pas de sot métier. L’Etat-Providence est révolu. Il faut plutôt que les jeunes pensent à créer leurs propres emplois. Par ailleurs, un des obstacles majeurs amenant la BIJE à ne pas financer les projets des jeunes est l’absence d’un contrat entre elle et le FIGA. Ce contrat devrait être signé le 27 mai 2021.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 606

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.
  • Journal n° 606

  • Dossiers Pédagogiques