Commerce

Reprise timide des activités à la frontière burundo-rwandaise

Les habitants de la colline Rukana I, commune Rugombo de la province de Cibitoke au Nord-Ouest du pays se réjouissent que le mouvement renait petit à petit à Ruhwa, frontière burundo-rwandaise. Ils plaident pour une reprise effective du mouvement quitte à ce que le commerce transfrontalier refasse surface    

« Cela faisait plus de deux ans que Ruhwa, la frontière burundo-rwandaise était déserte. Toutefois, le Rwanda a rouvert de son côté cette frontière au mois de mars dernier », font remarquer les habitants de la colline Rukana I, commune Rugombo de la province de Cibitoke aux reporters de Burundi Eco, dans l’après-midi de ce mardi 6 septembre 2022.

Malgré cela, continuent-ils, une semaine vient de s’écouler alors qu’une agence congolaise de transport dénommée « Mapassa Car Transit » a reçu une autorisation permanente d’entrée et de sortie au Burundi en provenance de la RDC via le Rwanda en faveur de ses clients Congolais et Burundais. 

Une lettre du 29 août 2022 du ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique adressée à l’inspecteur général de la Police Nationale du Burundi (PNB), lui a demandé d’instruire les responsables du domaine des migrations d’accorder une autorisation permanente d’entrée à ladite agence.

Les activités commerciales reprennent petit à petit à la frontière de Ruhwa.

Aux traces du choc

« Le trafic a repris. Une vingtaine de véhicules font le trajet Bujumbura-République Démocratique du Congo (RDC) », précise Jean Paul Uwizeyimana, un des grilleurs de viande rencontrés à Ruhwa au bord de la RN5 où s’exerce froidement le petit commerce. Agée de 25 ans, ce célibataire habitant la colline Rukana I informe que les activités commerciales reprennent petit à petit à la frontière. Des places étaient en train d’être aménagées. 

A part la viande grillée des chèvres, des poules et des vaches qui était étalé aux passants, l’eau minérale, l’huile de palme, les boissons Brarudi et les jus fabriqués par la société Savonor font objet de commerce à Ruhwa.

« Nous n’avons pas encore commencé à réaliser des bénéfices importants. Deux mille FBu par jour suffisent comme bénéfice par chèvre vendue. Cela après avoir retiré deux mille FBu ou 3 mille FBu, la somme utilisée pour rémunérer l’employé et 3 mille FBu ou 4 mille FBu, une somme utilisée pour acheter le charbon de bois à utiliser », explique M.Uwizeyimana.

Et Salomon Niyogushimwa, un autre jeune grilleur de viande d’abonder dans le même sens : « Avant la fermeture de la frontière, on parvenait à encaisser entre 10 mille FBu et 20 mille FBu de bénéfice par jour sur chaque chèvre abattue. Cela après avoir retiré 4 mille FBu, frais pour payer chaque jour l’employé et entre 5 mille FBu et 6 mille FBu, frais dépensé pour acheter le charbon de bois utilisé par jour ».

Que la grâce vise le commerce transfrontalier !

Samson Nzeyimana, habitant la colline Rukana I, commune Rugombo, province de Cibitoke confirme que la fermeture de la frontière de Ruhwa pèse sur les habitants de sa colline qui font la navette entre le Burundi, le Rwanda et la RDC.

« Nous avions des familles de l’autre côté que nous avons abandonné. Plus de contacts physiques, on communique par téléphone », déplore-t-il avant de signaler que le pire frappe le commerce transfrontalier. Depuis 2016, rappelle M.Nzeyimana, il est interdit d’exporter les produits agricoles vers le Rwanda. «Cette situation a été aggravée par l’apparition de la Covid-19 en 2019. Avec l’apparition de celle-ci, nous étions autorisés à traverser les frontières sans rien emporter sur nous-même», martèle-t-il.

M.Nzeyimana précise qu’actuellement les habitants de Rukana ne fréquentent pas le marché de Bugarama situé au Rwanda. Celui-ci jouait le rôle de « Hub » entre le Burundi, le Rwanda et la RDC.

« Je me rappelle qu’avec sa fréquentation dans les années 2014, on y exportait les volailles, les fruits, les légumes, les poissons… », indique-t-il. 

Et de regretter : « Une poule qu’on achetait à 15 mille FBu ici au Burundi se vendait 20 mille FBu à Bugarama au Rwanda, un sac de mandarines acheté à 8 mille FBu au Burundi se vendait à 15 mille FBu à Bugarama au Rwanda, un sac d’aubergines acheté à 15 mille FBu au Burundi se vendait à 25 mille FBu à Bugarama au Rwanda…En retour, on rentrait avec des pommes de terre qui étaient moins chers comparativement à ceux qui étaient vendus dans notre localité ».

Carême Bizoza, gouverneur de la province Cibitoke reconnait que la fermeture des frontières occasionne des pertes. « Par exemple, aujourd’hui que la frontière de Ruhwa est en train de se revivifier, on y remarque la circulation de la monnaie, car il y a le commerce qui s’y exerce », déclare-t-il.

Quant à l’ouverture effective de la frontière, M.Bizoza tranquillise et appelle à l’attente de la décision des autorités habilitées. 

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 606

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.
  • Journal n° 606

  • Dossiers Pédagogiques