Agriculture

Réutilisation des engrais chimiques : L’efficacité des engrais FOMI remise en cause encore une fois

Des doutes sur l’efficacité des intrants agricoles produits par FOMI ont toujours été soulevées par les agriculteurs depuis leur utilisation. Des allégations que les autorités compétentes ont toujours démenties. Nonobstant, avec l’actualisation des formules utilisées dans l’application de ces intrants qui n’a pas donné des fruits puis le retour à l’usage des engrais chimiques, les agriculteurs pourraient leur donner raison

  Le ministre de l’Agriculture explique que le remplacement de FOMI-Totahaza par l’urée a été motivé par des grognes de la population que cet intrant diminuerait la récolte.

Dans une conférence de presse animé mercredi le 13 septembre 2023, Sanctus Niragira, ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage annonce les nouveaux prix des engrais et l’état d’avancement des préparatifs de la saison culturale A. Un sac de 25 kg de FOMI Imbura coûtera désormais 86 406 FBu, celui de 25 kg de FOMI Totahaza coûtera 91 965 FBu, 25 kg de Bagara coûtera 77 473 FBu et deux sacs de 25 kgs chacun couteront 19 000 FBu. Sur ces sommes, l’agriculture paieront respectivement 31 000FBu pour FOMI-Imbura, 33 000 FBu pour FOMI-Totahaza, 28 000 FBu pour FOMI-Bagara et 5000 Fbu pour la Dolomie.

Il a annoncé également que l’engrais FOMI Totahaza est remplacée par l’Urée et au lieu d’utiliser l’engrais FOMI-Imbura, les agriculteurs utiliseront tout simplement le DAP. Le ministre Niragira explique que le remplacement de FOMI Totahaza par l’urée a été motivé par les grognes de la population que cet intrant diminuerait la récolte des cultures. « Nous avons adressé une correspondance à l’entreprise FOMI en leur demandant qu’elle ne transforme plus l’urée en FOMI Totahaza et elle en a accusé une bonne réception », fait-il savoir.

Ainsi, la réutilisation du DAP et de l’urée marque le retour aux engrais chimiques utilisés avant les intrants produits par FOMI qui seraient, eux, organo-minéraux.

Pourtant, les autorités d’hier en ont fait l’éloge

L’inefficacité de l’engrais produit par l’usine FOMI a été soulevé tout au début de leur utilisation. Les agriculteurs se plaignaient que son usage n’a pas amélioré la croissance et la qualité des cultures contrairement à l’engrais importé de l’étranger. Lors d’un point de presse de jeudi 12 décembre 2019, Déo Guide Rurema, le ministre de l’Agriculture de l’époque s’est exprimé sur le cas. « L’engrais produit localement est sans équivoque. Il remplit toutes les conditions requises. Les auteurs de ces affirmations sont des détracteurs de l’usine locale qui ne cherchent que leurs intérêts égoïstes », a-t-il lancé.  Pour lui, les agriculteurs devraient s’en réjouir d’autant plus que, son prix est abordable par rapport à celui qui était importé.

Des formules ont dû également être changées

Le 9 décembre 2021, le ministère de l’Agriculture, l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi, International Rice Research Institute (IRRI) et l’entreprise FOMI ont organisé un atelier de présentation des résultats de recherche sur la fertilisation des cultures par les nouveaux engrais organo-minéraux. Toutes les formules de fertilisation des cultures utilisées dans le pays jusqu’en 2019 ont été établies sur bases des engrais minéraux. Les chercheurs de ses institutions et ceux de l’université du Burundi ont trouvé qu’elles doivent être revues et remplacées par de nouvelles formules à base des engrais organo-minéraux FOMI. Ils ont mis au point des doses culture par culture et défini le mode pratique et économique d’application, les nombres et stades d’application de ces engrais.

Pour la pomme de terre, 400 kg des engrais de FOMI-Imbura et 200 kg des engrais de FOMI-Bagara (sarclage) sont désormais utilisés au lieu de 200 kg des engrais FOMI-Imbura et 150 kg des engrais FOMI-Bagara par hectare. Pour le maïs, 270 kg des engrais de FOMI-Imbura et 100 kg des engrais de FOMI-Totahaza ont remplacé 150 kg des engrais de FOMI-Imbura et 75 kg des engrais FOMI Totahaza auparavant par hectare. Quant à la culture du riz, 45 kg des engrais de FOMI Imbura et 300 kg des engrais de FOMI-Totahaza ont été proposés au lieu de 100 kg des engrais Imbura et 200 kg des engrais de FOMI-Totahaza par hectare.

Avec ces nouvelles formules, le directeur de la fertilisation des sols au ministère de l’Agriculture affirmait que la production agricole pourra augmenter de 30%. Des prévisions qui n’ont pas vu juste. En se basant sur les déclarations du ministre actuel de l’Agriculture, l’efficacité des engrais produits par FOMI ne dépendaient que des dosages seulement. Après les formules actualisées, FOMI-Totahaza ne ferait plus objet de grognes de la part des agriculteurs.

Dans un pays comme le Burundi où plus de 90% de la population vivent de l’Agriculture et que le secteur contribue à plus de 46% au PIB, l’utilisation des intrants agricoles reste un sujet sensible et le droit à l’erreur risque d’être fâcheux pour le pays.

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Dona Fabiola Ruzagiriza.

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