Développement

Rumonge : une pêche confrontée à plusieurs défis

Le manque de carburant, une technique rudimentaire de pêche, une pêche illicite qui se pratique encore, la corruption, le surnombre des embarcations de pêche, la pollution des eaux du lac, l’insécurité dans le lac, le manque de sécurité sociale pour les pêcheurs, tels sont les principaux défis auxquels sont confrontés les pêcheurs    

La pénurie du carburant pèse lourdement sur la filière pêche.   Les pêcheurs et les patrons pêcheurs rencontrés au port de Rumonge affirment qu’ils se rabattent sur le marché noir pour s’approvisionner en carburant.

Ils saluent tout de même la mesure prise par le gouverneur de la province de Rumonge intimant l’ordre aux pompistes sur les stations-services à servir les pêcheurs. Malgré cette dérogation, les quantités de carburant servies restent insuffisantes pour répondre aux besoins des pêcheurs.

Ces patrons pêcheurs indiquent que la majorité d’entre eux sont très endettés car, même pendant cette période d’été la prise de poissons est en baisse. Et, pour cause, la température de l’eau.  En surface, l’eau du lac est trop froide et les poissons nagent en profondeur, expliquent ces connaisseurs du métier.

Une technique de pêche encore rudimentaire 

Tous ceux qui prestent dans le secteur de la pêche sont unanimes pour confirmer que la technique de pêche qui est utilisée aujourd’hui doit être modernisée pour espérer avoir une grande prise de poissons.

Les spécialistes en matière de pêche devraient conjuguer les efforts pour voir comment moderniser la pêche. Cela nécessite des moyens financiers conséquents et surtout l’attrait des opérateurs économiques pour investir dans ce domaine, selon les mêmes sources.

Il faut que le matériel utilisé dans la pêche soit modernisé pour espérer avoir assez de poissons pour nourrir les Burundais et dégager un surplus d’exportation pour générer les devises.  

Ces pêcheurs demandent au ministère ayant l’agriculture et l’élevage dans ses attributions  de développer le secteur de la pêche qui a été longtemps oublié.

Des consommateurs attendent l’accostage des pirogues au port de pêche de Rumonge.

Une précarité totale 

Les pêcheurs rencontrés au niveau des différents ports de pêche indiquent qu’aujourd’hui il est très difficile voire même impossible de vivre de la pêche uniquement.

Il y a trop d’embarcations de pêche dans le lac qui ne ramènent presque rien comme poissons. Le nombre de pêcheurs qui pratiquent la pêche illicite ne cessent d’augmenter. Une odeur de corruption plane également sur le secteur d’autant plus qu’il est strictement interdit d’utiliser du matériel non conforme aux règles mais les mêmes pratiques persistent. Ce qui menace la biodiversité du lac Tanganyika. 

Les cours du poisson s’envolent sur le marché 

Consommer le poisson frais et les fretins (Ndagala) est un luxe que ne peut pas se permettre le citoyen lambda. Les prix sont exorbitants.  La principale raison est que la demande est de loin supérieure à l’offre. Sur le marché, 1 kg de poisson sec se négocie entre 60 000 FBu et 70.000 FBu tandis qu’un Mukeke grillé s’achète entre 5 000 FBu et 10.000 FBu.

Certains consommateurs se rabattent aujourd’hui sur des poissons du lac Victoria connu sous le nom de « Mwanza » qui coûtent moins cher. Un 1 kg des Ndagalas dits Mwanza s’offre seulement à 10.000 FBu. Ce sont des produits de qualité inférieure par rapport aux poissons pêchés dans les eaux du lac Tanganyika. La variété pour ne pas dire l’espèce n’est pas la même ! 

Le marché burundais est pour le moment inondé par le poisson importé de la Tanzanie et de la République Démocratique du Congo.

Vincent Batona, le responsable d’une coopérative qui commercialise le poisson importé au port de Rumonge indique qu’au cours du mois de mai, plus de 100 tonnes de poisson fumé ou séché  ont été déchargés au port de Rumonge.

Quand la qualité du poisson importé inquiète

Les consommateurs de poissons ne cachent pas leur inquiétude quant à la qualité du poisson frais importé de la Tanzanie et de la R.D.C. Certains d’entre eux affirment avoir été victimes d’une intoxication alimentaire après avoir consommé le poisson frais importé à partir des localités frontalières de la zone Kabonga.

Ils demandent à l’institution en charge du contrôle de la qualité des produits d’être vigilant et de bien contrôler la qualité du poisson importé pour qu’il ne cause pas d’ennuis de santé aux consommateurs. 

L’inspecteur du BBN dans la province de Rumonge tranquillise les consommateurs. Les poissons importés sont soumis à une vérification physique après le déchargement des bateaux au port de Rumonge.

Les autres défis qui hantent le secteur de la pêche sont l’insécurité qui prévaut dans le lac Tanganyika où les pirates s’en prennent de temps en temps aux pêcheurs. Ils pillent tout le matériel de pêche avant de se volatiliser.

Il y a ensuite la pollution du lac Tanganyika qui fait que la production du poisson baisse considérablement, indiquent certains pêcheurs. Les zones de frayère se réduisent jusqu’à leur plus simple expression suite aux activités anthropiques. 

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Journal Burundi Eco.

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