Economie

Secteur minier : Le Burundi victime de la mauvaise négociation des contrats

Après que le gouvernement ait suspendu les contrats miniers du fait qu’il a été constaté que le pays est en train de perdre énormément, une commission a été déjà mise en place pour négocier de nouveaux contrats afin que le pays puisse en tirer réellement profit. La société civile conseille les décideurs de faire recours aux experts  calés dans la négociation des contrats et  l’élaboration de bons textes régissant ce secteur. Avec cette stratégie, le pays pourra sortir de la pauvreté qui mine la plupart des Burundais. Les détails dans ce numéro 

Ces derniers jours, le gouvernement a suspendu les contrats d’exploitation des sites miniers. La raison avancée est que les contrats signés entre le Burundi et les sociétés minières  ne permettent pas au pays de profiter véritablement de ses propres ressources minières. Vendredi le 8 octobre 2021, dans une émission des portes paroles des institutions publiques, Evelyne Butoyi, porte-parole du Président de la République du Burundi, a indiqué que les conventions actuelles sont en défaveur du pays. Pour cette raison, le gouvernement a jugé bon de suspendre les contrats miniers pour qu’on puisse les renégocier. Pour gagner le pari, une commission composée des membres de différents ministères a été déjà mis en place pour revoir  le code et les contrats miniers dans l’optique de permettre au Burundi de ne pas continuer à perdre.   

Les conventions actuelles sont en défaveur du pays. Pour cette raison, le gouvernement a jugé bon de suspendre les contrats miniers pour qu’on puisse les renégocier.

Le pays gagne seulement 10%

Selon le ministère en charge des mines, le pays ne peut pas accepter de se contenter de 10% seulement de la valeur des minerais extraits alors que le sous-sol lui appartient. Et de préciser que l’objectif de cette suspension est que l’Etat puisse enregistrer plus d’intérêts  dans l’exploitation de son sous-sol. On fait remarquer que le pays est en train de perdre énormément alors que les sociétés minières étrangères s’enrichissent davantage. Au mois de mars 2021, Alain Guillaume Bunyoni, Premier ministre burundais a fait savoir que ces sociétés viennent piller les richesses issues du sous-sol burundais alors que la population en a tellement besoin.

Des experts calés dans la négociation des contrats, plus qu’une nécessité

Pour bien profiter du secteur miniers, Gabriel Rufyiri, président de l’OLUCOME indique que les autres pays cherchent des cabinets d’experts dans la négociation des contrats miniers et la mise en place de bons textes régissant l’exploitation des minerais. «Nous avons conseillé au Burundi de procéder de la même manière, mais en vain. Cela constitue un défi majeur. Selon Ruyiri, c’est pour cette raison que le pays a toujours des problèmes dans la gestion du secteur minier. Il n’y a pas de transparence dans la gestion de ce secteur. C’est seulement une poignée de gens qui en profite», s’inquiète-t-il. Et d’ajouter que c’est la raison pour laquelle le Burundi baigne toujours dans une pauvreté criante.  Si le secteur minier est bien géré, il laisse entendre que sa contribution au PIB devrait dépasser celui des filières Thé, Café et Coton.  Et de préciser qu’on s’attend à ce que le secteur minier va contribuer à hauteur de 3 milliards 600 millions de FBu au Budget général de l’État, exercice 2021-2022.

La transparence, un défi majeur

Un autre défi réside au niveau de la transparence dans la gestion de ce secteur. Selon les données de la Banque Mondiale, la quantité des exportations d’or déclarées a augmenté entre 2009 et 2013 pour atteindre plus de 2 tonnes. Cela correspond à l’augmentation du nombre de comptoirs et d’associations agrées pour la production et l’exportation de l’or. Cependant, plusieurs sources corroborent le fait que cette quantité représente seulement une petite proportion de la quantité réelle d’or exportée du Burundi (certains informateurs suggèrent que cela pourrait constituer seulement 20 % des exportations réelles, non officielles, bien qu’il n’y ait actuellement aucun moyen de vérifier cette estimation qui, par ailleurs, indiquerait que les exportations totales sont démesurément élevées compte tenu de la production estimée pour la région). Bien que la quantité d’or qui transite par le Burundi soit inconnue, les précédentes études (notamment celle de Midende en 2009) estiment que la quantité minimale d’or produite au Burundi s’élève en réalité à une tonne par an. Les chiffres officiels des exportations pour 2014 étaient inférieurs à 650 kg.

Malgré cette situation, notons que le Burundi possède un grand nombre de  gisements miniers. Selon la Banque Mondiale, l’étain, le tantale et le tungstène constituent avec l’or, les principales exportations de minerais du pays. La dotation géologique du Burundi comprend également  du nickel, des terres rares, du vanadium et des matériaux de construction.

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A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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