Développement

Les terres rares : sources de richesses ?

Il y a des « terres rares » Burundi. Estimées à 256.000 tonnes, l’exploitation de ces terres serait d’une importance capitale pour le pays dont la population est constituée à plus de 90 % d’agri-éleveurs.

On en parle depuis des années et, enfin, le lancement officiel de l’exploitation de ces minerais s’est déroulé  à Gakara, le 21 juillet dernier. Peu d’informations nous parviennent sur cette nouvelle exploitation minière. Néanmoins votre journal apportera son éclairage sur cette activité économique en effectuant un détour par l’Afrique du Sud.

Mine à ciel ouvert en Afrique du Sud

La dénomination « terres rares » désigne 17 métaux. Ceux-ci sont le Scandium, l’Yttrium et les 15 lanthanides (Lanthane, Cérium, Praséodyme, Néodyme, Prométhium, Samarium, Europium, Gadolinium, Terbium, Dysprosium, Holmium, Erbium, Thulium, Ytterbium et Lutécium). Le suédois Carl Axel Arrhenius a été le premier à découvrir les terres rares en 1787 dans une carrière de Stockholm. Cependant, le développement des techniques d’extraction perfectionnées et la production des terres rares en grande quantité ont commencé vers les années 1940. Leur utilisation s’est accentuée au début des années 2000.  Renommées dans les fabrications de haute technologie, elles se retrouvent dans les puces des Smartphones, dans les écrans des ordinateurs portables, dans les panneaux photovoltaïques, dans les batteries des voitures électriques et hybrides, mais aussi dans certaines armes sophistiquées comme les missiles balistiques longue portée.

Bref rappel historique la  politique économique chinoise et mondiale

Jusque dans les années 50, l’Afrique du Sud était considérée comme le premier producteur mondial des terres rares. Elle a été ensuite dépassée par les Etats-Unis et la Chine. Cette dernière a, à son tour, monopolisé le marché. Elle produisait en 2015, environ 98 % de ces terres. La politique de réformes menées depuis 1978 pour ouvrir le pays au monde et faire croître l’économie, celle-ci a été remplacée par une politique de croissance interne et de rééquilibrage national. Ce qui a fait que, depuis 2006, les autorités chinoises ont imposé des quotas d’exportation de terres rares à ne pas dépasser. Les exportations ont baissé graduellement. Les facteurs primordiaux justifiant cette stratégie des autorités sont à mettre en relation avec le développement et la croissance de l’industrie chinoise verte. Ensuite, le secteur minier et l’industrie lourde étaient sujets à un assainissement radical. Par après la Chine a restructuré le nombre d’entreprises investissant dans le secteur des terres rares en les réduisant à un petit nombre voire de 90 à 25 entreprises en 2015. La Chine voulait également mettre fin à la spoliation anarchique de ses réserves de peur qu’elles ne s’épuisent. Elle voulait enfin le meilleur prix pour ses terres rares sur le marché mondial. La production des terres rares sur le marché mondial s’est donc réduite considérablement.

L’Afrique du Sud, un des leaders dans la production des terres rares

La situation dans laquelle la Chine a placé le monde concernant l’exploitation des terres rares n’a pas été comprise par tout le monde, surtout par les pays occidentaux qui se sont inquiétés pour leur approvisionnement. Parmi les recours faits face au comportement de la Chine, on peut citer l’exploitation de ces terres ailleurs que dans ce pays. Ce qui amène à considérer l’Afrique du Sud comme une des sources d’approvisionnement. En 2010, elle a pu remettre la main sur une partie de ces terres. En témoigne l’octroi d’un permis d’exploitation pour la réouverture de la mine de Steenkampskral située à 350 km au nord de Cape Town. L’accord de base a été signé par Great Western, un groupe canadien et son partenaire sud-africain, Rareco. En 2012, deux gisements à savoir : Steenkampskral et Zandkopsdrift étaient contrôlés par deux sociétés dont Great Western Minerals Group basé au Canada et Frontier Rare Earths domicilié au Luxembourg. Pour développer le gisement des terres rares de Zandkopsdrift, Frontier Rare Earths a signé un accord avec le Kores, celui-ci étant l’équivalent coréen du Comes, qui dispose des fonds pour investir dans les gisements ou constituer des stocks. Le Kores détenait alors 10 % de la mine qu’il avait acheté pour 23, 78 millions de dollars canadiens. L’opération avait valorisé Frontier Rare Earths à plus de 200 millions alors que sa valeur boursière (la valeur boursière, c’est la valorisation d’une valeur mobilière ou d’un contrat dérivé, « mais aussi au sens large, les devises ou les métaux précieux » donné par un marché boursier) ne dépassait pas les 40 millions. D’après la dernière étude de 2012, la mine aurait une durée d’exploitation de 20 ans. Elle devrait produire 20 millions de tonnes de minerai à 3,12 % d’oxydes de terres rares. La production annuelle a été estimée à 20 mille tonnes de terres rares séparées. L’étude définitive de faisabilité devait être achevée au troisième trimestre 2013 et la production était projetée au début de l’année 2015. Bien que nous n’ayons pas trouvé la production actuelle des terres rares en Afrique du Sud, ce pays est classé parmi les leaders dans la production de ces terres.

Un enjeu stratégique ?

Nous le voyons, l’exploitation des terres rares dans le monde constitue un enjeu stratégique de très grande importance, le Burundi dispose ainsi d’un atout pour l’avenir. Burundi Eco reviendra très prochainement sur le sujet d’actualité.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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