Transport

La mobilité, un défi majeur pour l’avenir

La mobilité des personnes et des biens est un des enjeux essentiels de tout développement, aussi bien pour un pays que pour une grande ville. Bujumbura n’y échappe pas

La mobilité concerne donc aussi bien les personnes que les biens et marchandises. Dans un premier temps, nous aborderons uniquement le transport des personnes. Dans un second dossier rédactionnel sera abordé la problématique du transport des marchandises.

La « mobilité urbaine »définit l’ensemble des déplacements de personnes relatifs à des activités quotidiennes liées au travail, aux achats et aux loisirs, inscrits dans un espace urbain clairement défini, une ville et son agglomération par exemple.Pour cerner la notion de mobilité, il faut étudier les différents modes de transport qui sont les moyens de locomotion empruntés pour effectuer le déplacement. La marche à pied, les deux-roues (moto privée) ou la voiture particulière sont les modes de transport individuel, à l’inverse des transports en commun qui sont les modes de transport collectif (bus de différentes catégories et capacité).

 

Burundi Eco a donc décidé de s’intéresser à cette problématique qui concerne tout un chacun, décideurs comme usagers.

 

A Bujumbura, beaucoup de travailleurs habitent dans les quartiers périphériques. Pourtant, le centre-ville est le centre des affaires, des ministères, banques, commerces. Ce qui fait qu’en dépit du faible développement des infrastructures routières, les heures de pointe sont caractérisées par des embouteillages. Le présent dossier passe en revue les principaux défis dans le secteur du transport, propose des axes de facilitation de la mobilité de la main-d’œuvre ainsi que des explications sur l’amélioration des infrastructures et la planification des investissements dans ce secteur.

 

Bujumbura : une capitale à circulation difficile

 

mobilitéAvec ses services administratifs, financiers, commerciaux, scolaires… Bujumbura est la capitale qui englobe tout. Bus, taxis, motos, Tuk-Tuk et voitures particulières font du« sur place » surtout aux heures de pointe. Les chaussées et les rues desservent cette capitale. A celles-ci viennent s’ajouter deux boulevards qui contribuent à desservir la capitale dans cadre du transport en commun. Celui du peuple Murundi et du 1ernovembre. La circulation n’est pas facile car il n’existe pas de routes souterraines ou aériennes. Cependant des centaines de personnes se dirigent vers des arrêts-bus sans équipements selon les directions. De plus, les chauffeurs de bus se garent n’importe comment pour décharger ou embarquer les passagers, mettant de la sorte les passagers en danger. Peu de signalisations routières, pas d’abris équipés pour les passagers, pire encore, peu de signaux routiers, pas de feux de signalisation. « Dans les 6 prochains mois, des feux de signalisation seront fonctionnels pour 18 carrefours de la mairie de Bujumbura », a annoncé cette semaine la direction générale de l’Office des Routes. Nous y reviendrons plus dans le détail la semaine prochaine.

 

Le piéton n’est pas protégé, il doit se frayer un chemin au milieu des véhicules

 

Pas de signalisations au soldant les rues pour réglementer le passage des piétons dans cette capitale qui comptait 658 959 habitants en 2014.Bien que des efforts soient consentis pour construire ou élargir des trottoirs, on observe encore des constructions à caractère commercial à leur niveau, créant ainsi des obstacles pour les piétons en les obligeant à se mettre en danger.Le manque de signalisation ne permet pas au piéton de s’orienter facilement.

 

Interdiction aux tuk-tuks, motos et vélos de circuler dans l’ensemble de la ville

 

En ville plus précisément dans la commune Mukaza, les taxis-motos ne sont pas autorisés d’y circuler depuis février 2016, le motif étant d’éradication des attaques à la grenade attribuées aux usagers des motos. Néanmoins les taxis-vélos et les tuk-tuks circulent dans certaines parties de cette commune. Ceux-ci ne sont pas autorisés d’arriver au centre-ville.Malheureusement, il n’y a pas de panneaux qui indiquent là où on doit s’arrêter et le montant de l’amende à infligée à celui qui passe outre cette décision. Or c’étaient des moyens de déplacements plus rapides.

 

Les transports en commun, un moyen de déplacement très utilisé

 

Elles sont des milliers chaque jour, ces personnes qui préfèrent se déplacer dans les transports en commun. Ceux-ci sont moins chers par rapport aux autres moyens de locomotion (taxis voitures et véhicules privés). Les prix varient selon les destinations et sont parfois sujets à discussion entre les partenaires.L’augmentation des prix des transports collectifs (augmentation des coûts des carburants, taxes diverses) pose de plus en plus de difficultés pour une partie fragile de la population. N’oublions pas que le pays est considéré comme un des plus pauvres de la planète avec un revenu moyen par habitant inférieur à 300 dollars.

 

L’autorité publique est consciente de l’enjeu

 

Selon Jean-Claude Mpawenimana, directeur général au ministère des Transports, des Travaux Publics et de l’Equipement, il y a beaucoup de désordre dans le secteur du transport. « Au sein du ministère, nous sommes en train de voir comment réformer le secteur en revoyant l’organisation du transport des personnes et des marchandises », annonce-t-il. M. Mpawenimana affirme lors d’un entretien le 6 mars 2017 qu’une commission a été mise en place à cet effet il y a une semaine. Cette dernière est chargée d’inventorier tous les problèmes qui hantent le secteur du transport et de proposer des voies de sortie. « La commission est composée de 19 membres issus du ministère des Transports, du ministère de l’Intérieur, du ministère de la Sécurité Publique, du ministère des Finances, du ministère du Commerce et de l’Industrie, de la mairie de Bujumbura, de l’Association des Transporteurs du Burundi (ATRABU) et des représentants des agences de transport », informe-t-il. Et de renchérir : « La commission a un délai d’un mois pour dresser un rapport ». Pour ce qui est des axes de développement du transport, M. Mpawenimana signale que tout est planifié dans la politique sectorielle de son ministère. Il souligne en outre qu’il n’y a pas de projet d’établir un code du transport urbain. Nonobstant, il fait savoir qu’il existe un code de sécurité et de circulation routière qui coiffe tout ce qui est en rapport avec le transport. « Toutefois nous sommes en train d’élaborer un projet de réforme du transport interurbain », rappelle-t-il. Quant à la mise en application du Code de la route, M. Mpawenimana explique qu’il faut d’abord mettre en place les textes d’application. Cela parce que le code de circulation et de sécurité routière met beaucoup plus l’accent sur les principes, certains aspects doivent être éclaircis et appellent des mesures d’applications concrètes. Et d’ajouter : « Pour l’instant, les textes d’application du code sont au service national de législation pour toilettage juridique ».

 

Un futur Centre commercial conçu en concertation

 

En ce qui concerne la conception puis la construction d’un futur Centre commercial au centre-ville, le directeur général du transport pense que les responsables de la construction de cette infrastructure vont contacter sa direction au début des travaux en vue et étudier ensemble le projet.

OTRACO.

 

Deux missions : exploitation et régulation

 

N’y a-t-il pas conflit d’intérêt ? 

 

A la fois opérateur dans le secteur du transport et régulateur, l’Office du Transport en Commun du Burundi (OTRACO) ne connait pas de conflit d’intérêt comme le pense certaines personnes. Cela est dit par le directeur général des Transports, des Travaux Publics et de l’Equipement, M. Jean-Claude Mpawenimana qui certifie plutôt que l’office en partenariat avec d’autres institutions a été mis en place par le gouvernement pour réguler des abus dans ce secteur. « Sinon, on aurait remarqué des malentendus sur terrain avec d’autres opérateurs dans le secteur », martèle-t-il.Et d’éclairer : « L’OTRACO fixe les prix pour lui-même. D’une façon générale, les prix sont fixés par le ministère des Transports en collaboration avec le ministère du Commerce. La Police Spéciale de Roulage est chargée du suivi et de la mise en application ». Albert Maniratunga, directeur général de l’OTRACO abonde dans le même sens que le directeur général des transports. Au lieu de conflit d’intérêt, il fait savoir que l’office privilégie le social. D’où, continue M. Maniratunga, c’est normal d’opérer en exploitant et en régulant. Partant de cela, il explique les doubles missions de l’OTRACO. Celle d’exploitation, c’est-à-dire le transport des personnes jusqu’aux coins les plus reculés et celle de régulation, c’est-à-dire d’effectuer un contrôle technique pour tout véhicule circulant sur le territoire burundais.« Bien qu’il n’y ait pas de conflit d’intérêt, nous constatons un dysfonctionnement qui consiste à jouer à la fois un rôle d’opérateur et de régulateur », s’inquiète-t-il. M. Maniratunga propose alors de revoir la réglementation. « Une loi spécifique qui réglemente l’OTRACO s’avère nécessaire. Elle doit être conforme à la convention internationale dénommée Union Internationale des Transports Publics (UITP) et aux autres lois en rapport avec le transport dans la Communauté Est Africaine (CEA) », confie-t-il. Malgré cela, M. Maniratunga se réjouit des réformes menées depuis qu’il est nommé à la tête de l’OTRACO en juillet 2016. Depuis lors, l’office enregistre un résultat positif de 200 millions de FBu. « Avant, il enregistrait un résultat négatif de moins 108 millions de FBu », déplore-t-il.

 

Les défis ne manquent pas

 

Albert Maniratunga, regrette que l’OTRACO ait souffert de malversations. Concernant nombreux défis observés dans le secteur du transport, il reconnait que ceux-ci sont généralisés surtout en Afrique subsaharienne. « Ils sont liés à la réglementation lacunaire », indique-t-il avant de lâcher que l’OTRACO a un charroi vétuste avoisinant une soixantaine de bus, un équipement de contrôle technique déjà amorti, un système comptable archaïque, des salaires bas…L’office est en train d’élaborer un plan quinquennal dans lequel un plan de sauvetage prévoit d’intéresser et donc d’associer des investisseurs privés selon la formule connue de partenariat public-privé.

 

L’ATRABU n’est pas épargnée

 

Bosco Minani, président de l’Association Burundaise des Transporteurs (ATRABU) souligne que les problèmes dont souffre le secteur du transport au Burundi s’accumulent d’années en années. « La plupart des bus appartenant aux privés sont usés. Cela car depuis 2008, une ordonnance ministérielle a interdit l’importation des bus main gauche. Pourtant, ils étaient moins chers par rapport aux bus main droite. Ce qui a réduit les importations des bus suite au faible pouvoir d’achat des transporteurs», fait-il remarquer. M. Minani insiste sur le fait qu’un bus main gauche d’occasion de type Coaster s’achète entre 45 et 50 millions de FBu tandis que celui main droite de même type s’achète à 180 millions de FBu. Les autres problèmes évoqués par l’ATRABU sont l’inexistence d’un fonds de garantie pour soutenir les opérateurs dans le secteur du transport, la non exonération des bus main droite pour faciliter leur importation, le secteur qui fait toujours partie de l’informel ainsi que les tracasseries.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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