Transport

Transport rémunéré des personnes : Les transporteurs sollicitent l’intervention des pouvoirs publics

Les transporteurs reconnaissent que le transport des personnes en mairie de Bujumbura présente des lacunes. Ils estiment que l’autorité publique doit leur prêter main forte pour redynamiser ce secteur

Les files d’attente sur les gares routières pendant les heures de pointe ont revu le jour. « Ce n’est pas un jeu d’enfant de trouver facilement le bus vers 7 heures du matin pour aller au travail et vers 17 heures pour rentrer à la maison », se désole Alexis Bukuru, habitant de Kanyosha, au sud du pays, à plus de 8 km du centre-ville de Bujumbura. Le soir, face aux bruits de moteurs de bus et aux personnes qui lancent des blagues pour tenir longtemps sur les files d’attente à la gare du marché central, l’Association des Transporteurs du Burundi (ATRABU) semblent bien s’y prendre. Les membres de l’ATRABU, sifflets à la main,  en tenue de l’association essaient d’orienter les bus suivant les directions. Cela malgré le bras de fer des chauffeurs et des rabatteurs qui veulent se diriger vers les directions de leur choix. Cette situation mélancolique s’observe depuis plus d’un mois. Elle rappelle celle d’avril à juin 2017 lors de la pénurie du carburant. Les passagers avaient du mal à se déplacer. Il y a de cela quatre jours, c’est-à-dire le vers le 8 septembre 2017 qu’on constate la pénurie du carburant type essence. Les passagers s’inquiètent de la situation du transport, une fois que la pénurie du carburant  s’ajoute à la situation qui, dorénavant, est anormale.

Le charroi des bus en état de vétusté  a diminué

Charles Ntirampeba, secrétaire général de l’ATRABU indique que le secteur du transport est pris en deux catégories, à savoir : à l’intérieur du pays et en mairie de Bujumbura. « C’est cette deuxième catégorie qui présente des lacunes si on essaie d’observer ce qui se passe sur terrain »,  déplore-t-il. Pour M. Ntirampeba, il est question de renouveler le charroi. « Depuis 2008, le gouvernement a pris la mesure d’interdire l’importati

Charles Ntirampeba, secrétaire général de l’ATRABU : « Que le problème du transport soit considéré comme un problème national »

on des bus main gauche moins chers (soit 50 millions de FBu par achat d’un bus Coaster 30 places et entre 27 et 30 millions de FBu par  achat d’un  bus Hiace 18 places) par rapport au bus main droite (soit 200 millions de FBu par achat d’un bus Coaster 30 places et 120 millions de FBu par achat d’un bus Hiace 18 places) », signale-t-il. M. Ntirampeba fait remarquer qu’à voir le pouvoir d’achat des transporteurs et les conditions difficiles dans lesquelles ils travaillent (travail à perte), ces transporteurs ne sont pas à mesure d’importer les bus neufs et surtout les bus main droite exigés par la légistlation. Cela avant de considérer que l’état de vieillesse dans lequel se trouvent les bus (car ils datent des années 1980) est l’une des causes de la dégradation du transport en ville. Et de regretter : « Dans le temps, le nombre des bus qui faisaient le transport dans Bujumbura mairie était évalué à plus de 1 000, maintenant nous en sommes à 600 bus,  Coasters et Hiaces confondus ». Cependant, M. Ntirampeba n’attribue pas seulement à l’état vétuste des véhicules le transport tel qu’il se présente aujourd’hui en mairie de Bujumbura. Il revient également sur l’agrandissement de la ville qui devrait aller de pair avec l’augmentation des moyens de déplacement.

L’ATRABU insatisfait du travail de la commission mixte

Jean Claude Mpawenimana, directeur général des Transports avait annoncé qu’une commission mixte avait été mise en place pour étudier tous les problèmes liés au secteur du transport. C’était lors d’une interview réalisée au mois de mars 2017. Six semaines plus tard, il a indiqué que le rapport de la commission a été transmis à qui de droit pour analyse. Cinq mois plus tard, où en est-on avec les conclusions de ce rapport ?

Charles Ntirampeba déclare qu’on pensait d’abord que le travail de la commission qui, d’ailleurs a été mise en place sur l’initiative de l’ATRABU, était d’étudier les problèmes qui hantaient le secteur du transport dans l’immédiat. « Finalement la commission a traité tous les problèmes qui hantaient le secteur d’une manière générale, y compris le transport lacustre. De notre côté, nous souhaitions que le transport rémunéré des personnes occupe le devant de la scène », s’inquiète-t-il. Qu’à cela ne tienne, selon toujours M. Ntirampeba, l’important étant le résultat du travail de la commission. « Celle-ci a transmis le rapport au ministre et,  jusqu’aujourd’hui, il n’y a pas eu de réaction », se désole-t-il.

Quant au contenu du rapport, M. Ntirampeba fait part de quelques recommandations. Il dit que la commission proposait que le transport ne soit pas laissé aux transporteurs seuls, la mise en place d’une structure organisationnelle (Organe de Régulation et de Contrôle du secteur du Transport),  la mise en place d’un fonds de garantie afin que ceux qui investissent dans le secteur du transport aient accès aux crédits bancaires, l’abandon de certaines taxes d’importation pour encourager les investisseurs dans le secteur du transport ou la fermeture des yeux pendant deux ou trois ans pour couvrir l’importation des bus main gauche, l’incitation des transporteurs à se regrouper en coopératives pour travailler ensemble, le contrôle de la qualité des pièces de rechange et du carburant, la multiplication des séances de formation et d’informations à l’endroit des conducteurs, l’amélioration des infrastructures routières, la fixation des prix pour  les produits du transport autres que le carburant…

Tel père, tel fils

Les problèmes de transport en mairie de Bujumbura se remarquent aussi chez les tuk-tuks et les taxi-motos. Toutefois, les représentants des deux associations (celui des tuk-tuks et celui des motards) contactés disent qu’ils ne sont pas au courant de l’existence de la commission mixte qui étudie les problèmes du transport, et, partant, des résultats de son travail.

Félicien Barike représentant légal de l’Association des Tuk-Tuks du Burundi (ATUBU) : « Qu’on autorise les tuk-tuks à travailler 24 heures sur 24 heures et à circuler sur toutes les avenues du centre-ville de Bujumbura ».

Félicien Barike, représentant légal de l’Association des Tuk-Tuks du Burundi (ATUBU) se réjouit que le déplacement par tuk-tuks soit préféré par les passagers. Il affirme que le grand problème que rencontrent plus de 1500 membres de l’association qu’il représente est la limite des heures de travail et des lieux à franchir. Il rappelle qu’une mesure sécuritaire  prise en 2015 a fixé le travail des tuk-tuks de 5 heures à 19 heures. « Pourtant avant la décision, on travaillait 24 heures sur 24 heures. Ce qui constituait un gain pour les familles des utilisateurs des tuk-tuks, car on parvenait à avoir entre 10 mille et 15 mille FBu de ration par jour. Aujourd’hui, on en est à 5 mille FBu », informe-t-il. M. Barike souhaite également qu’on laisse les tuk-tuks circuler sur toutes les  avenues du centre-ville de Bujumbura. « Auparavant, les tuk-tuks étaient dans la même catégorie que les taxi-voitures. Ce n’est pas le cas pour le moment. Il y a des avenues que les taxi-voitures franchissent et que les tuk-tuks ne traversent pas », explique-t-il.

Jadot Nzitunga, représentant légal de l’Association des Motards du Burundi (AMOTABU) abonde dans le même sens. Il demande que les motards travaillent 24 heures sur 24 heures au lieu que leur travail  se clôture à 18 heures. Et de continuer : « Franchir les ponts amenant au centre-ville de Bujumbura serait également un plus. Cela surtout que parmi ceux qui travaillent en ville, beaucoup sont nos clients ».

La pénurie de carburant, une situation qui embête

Charles Ntirampeba regrette que la pénurie de carburant perturbe le transport de temps en temps en mairie de Bujumbura. Néanmoins, il déclare que le problème  du carburant dépasse l’entendement des transporteurs. Pour M. Ntirampeba, les pétroliers parlent du manque de devises pour aller importer le carburant tandis que le gouvernement, lui, dit que la situation est normale. Ce qui est embêtant pour les transporteurs d’après M. Ntirampeba.

Ces déclarations de M. Ntirampeba, quatre jours après la pénurie du carburant de type essence sont complétées par le communiqué du ministère de l’Energie et des Mines. Celui-ci stipule que depuis vendredi 8 septembre 2017, il s’observe des perturbations dans la distribution du carburant de type essence aux différentes stations-services du pays et plus particulièrement à Bujumbura. Suite à cette situation, le ministère informe le public que l’état des stocks du carburant de type essence au 6 septembre 2017 montre que ce produit est disponible sur le territoire burundais. Ce communiqué indique également que rien ne pourrait justifier une telle situation à peine deux 2 jours après ce constat. Le communiqué signale enfin que la structure des prix des produits pétroliers pour le mois de septembre 2017 reste similaire à celle du mois d’août 2017. Aucun changement donc  n’a été opéré par l’autorité habilitée.

Notons que la dernière hausse des prix du carburant date du 12 janvier 2017

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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