Société

Un centre d’incubation méconnu du grand public

Malgré les efforts consentis par le gouvernement burundais pour encourager l’apprentissage des métiers, peu de gens empruntent cette piste. Les performances du Centre d’incubation de Buyenzi lancée en 2017 en disent long. Un reporter de Burundi Eco a visité ce centre et en brosse l’état des lieux

    

Le Centre d’incubation de Buyenzi a échoué à susciter l’engouement du public malgré la gratuité de la formation qui est dispensée.

Depuis 2017, le Centre d’incubation de Buyenzi accueille chaque année des candidats à l’apprentissage des métiers. Programme financé par les fonds de l’Etat, la formation y est gratuite et s’étend sur une période d’une année. Dans un pays où les effectifs de chômeurs augmentent de manière exponentielle depuis plusieurs années, l’objectif de ce centre était d’accueillir les personnes ayant au moins le niveau de la 9 ème année de l’Ecole Fondamentale. C’est également la destination des personnes qui veulent développer leur savoir-faire par un stage de professionnalisation. On comprend du coup la mission de ce centre : booster la création d’emplois en dotant les élèves de compétences techniques suffisantes. Revers de la médaille, le centre a échoué à susciter l’engouement du public. « Les Burundais détestent travailler à la main », conclut le directeur du centre en commentant la situation.

Un centre bien équipé pour une formation de qualité

Le centre d’incubation de Buyenzi a été réhabilité et agrandi afin de lui permettre d’accueillir de nombreux candidats. Les infrastructures solides et équipées de salles de classe donnent un look d’un vrai centre de formation. Rien n’est négligé et «le matériel didactique est suffisant’’ comme l’affirme Gérard Nahabandi, son directeur. Des machines «modernes», des unités de soutien pédagogique et le personnel enseignant, tout a été prévu dans le but de rendre ce centre plus performant. La formation s’offre gratuitement dans trois filières, à savoir : la transformation industrielle, la transformation agroalimentaire et la filière de couture aussi appelée «Style et habillement». 

Au niveau de la section «transformation industrielle», les élèves apprennent la fabrication de certains produits manufacturés, entre autres, des bouteilles en plastique, des papiers hygiéniques, des papiers mouchoirs ou des cartons. Quant aux élèves évoluant dans la section «transformation agroalimentaire», ils y bénéficient à la fois la connaissance et le savoir-faire en matière de transformation des produits agricoles. La couture vient enfin s’ajouter aux deux filières susmentionnées. Aussi, candidats qui veulent apprendre la couture sont-ils les bienvenus.  Une autre dimension permet à ce centre d’être perçu comme une opportunité pour les jeunes et l’entrepreneuriat dans un pays où le chômage est une réalité : la gratuité de la formation. 

Une montagne qui accouche d’une souris 

Malgré tous les efforts déployés pour doter le centre d’incubation de Buyenzi de la capacité de dispenser une formation de qualité, le résultat reste mitigé. Les responsables de ce centre d’apprentissage des métiers érigé dans la municipalité de Bujumbura déplorent le manque de candidats. « Le public n’a pas été attiré par ce centre de formation, surtout ceux qui terminent l’école fondamentale », reconnait le directeur. Cela alors que c’est cette catégorie de la population qui a été la première à être visée par ce projet. Le résultat escompté n’a pas été atteint. A son actif, seulement 191 lauréats formés depuis la première promotion en 2017. Un effectif largement insignifiant sur une période de 5 ans. La filière «Style et habillement» est dominé par le genre féminin. 

Amené à s’exprimer sur les difficultés observées au niveau de son institution, Nahabandi a tenté quelques explications. Il a notamment évoqué des pannes constatées au niveau de certaines machines. Il est également revenu sur le manque de matières premières servant à la fabrication des produits manufacturés. Cependant, il affirme que ces défis ne sont pas de nature à perturber les activités de formation. Il souligne que la fabrication des produits à mettre sur le marché n’est pas la mission première du centre. «Notre mission est de former. Nous pourrons produire pour le marché local quand cela sera inscrit dans le cahier des charges de notre institution», réagit Nahabandi a la question de savoir pourquoi le centre ne parvient pas à produire pour soutenir le marché local. 

Le responsable de ce centre lance un appel à l’endroit notamment des jeunes sans emplois pour qu’ils viennent s’abreuver à cette source de savoir qui semble ne pas drainer beaucoup de monde.

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Jonathan Ndikumana.

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