Développement

Centre d’Enseignement des Métiers de Ruzo : A la rescousse de cet espoir des jeunes du Nord

Situé dans la commune de Giteranyi de la province de Muyinga, le Centre d’Enseignement des Métiers de Ruzo, s’est érigé en solution pour contrer le fléau du chômage qui affecte les jeunes de cette localité et ceux des provinces environnantes. Cependant, ce centre doit relever des défis de taille tels que le manque d’électricité, l’absence d’eau potable et le déficit de formateurs.

Prosper Rukundo, formateur dans la filière de boulangerie et pâtisserie : « Bien que le centre soit équipé de matériel moderne et adapté, ce dernier n’est presque pas utilisé, car la plupart de ces équipements nécessitent de l’électricité, qui fait cruellement défaut dans ce centre ».

Des infrastructures modernes, toutes récemment construites, embellissent désormais la zone de Ruzo, de la commune de Giteranyi, dans la province de Muyinga. Il s’agit du Centre d’Enseignement des Métiers de Ruzo (CEM Ruzo), construit et équipé dans le cadre des projets associés au projet des chutes de Rusumo, mis en œuvre par le Nelsap de l’Initiative du Bassin du Nil.

Selon le directeur de ce centre, les anciens locaux ne pouvaient accueillir que 5 apprenants maximum et les ressources pédagogiques manquaient cruellement. « Nous avons eu la chance de bénéficier du projet Rusumo, d’un centre d’enseignement des métiers adapté et des équipements modernes », précise-t-il. Venant Mushengezi, chef de cabinet au bureau communal de Giteranyi, confirme que ce centre d’enseignement des métiers a été identifié comme un projet prioritaire par la population de cette commune. Comme cela a été le cas pour les autres projets exécutés dans cette province dans le cadre du grand projet Rusumo falls. Le gouvernement du Burundi a officiellement inauguré ce centre en 2022.

Une réponse au chômage

Adrien Ndayegamiye se forme aux métiers de boulangerie et pâtisserie dans ce centre. Selon lui, avant l’avènement de ce dernier, aucun autre centre d’enseignement des métiers n’existait dans cette localité. Cela constituait un obstacle majeur pour les jeunes qui n’avaient pas achevé leurs études ou qui n’avaient pas eu la chance d’accéder à l’université comme c’est son cas. « Aujourd’hui, celui qui n’a pas terminé l’université ne peut jamais espérer un emploi dans la fonction publique. Cependant, grâce à l’apprentissage des métiers, il est possible de bâtir sa propre vie », témoigne-t-il.

La présence de ce centre d’enseignement des métiers ne profite pas seulement aux ressortissants de la province de Muyinga. Les jeunes des provinces avoisinantes en profitent également. C’est le cas de Claudine, originaire de la province de Kayanza. Elle se forme au métier de couture dans ce centre. Comme elle le souligne, les centres d’enseignement des métiers ne sont pas monnaie courante dans leur localité. Après avoir quitté l’école, elle a décidé de s’inscrire à ce centre. Et, aujourd’hui, après seulement 7 mois d’apprentissage, elle commence à gagner un peu d’argent grâce à ce métier.

Le centre compte actuellement 45 apprenants répartis dans trois filières à savoir : la filière de soudure (avec 10 apprenants dont 2 filles), la filière de transformation agroalimentaire (TIAA) et enfin la filière de couture. Tous les apprenants de ces filières disposent d’équipements modernes fournis par ce projet.

De la modernité, mais aussi des défis

Malgré ses nombreux atouts, le Centre d’Enseignement des Métiers de Ruzo est confronté à des défis majeurs. L’un de ces défis est le manque d’électricité. Prosper Rukundo, formateur dans la filière de boulangerie et pâtisserie explique que bien que le centre soit équipé de matériel moderne et adapté, ce dernier n’est presque pas utilisé, car la plupart de ces équipements nécessitent de l’électricité, qui fait cruellement défaut dans ce centre. De plus, la conservation des produits transformés est impossible en raison de l’absence du courant électrique.

La filière de soudure est également touchée par cette situation. Comme l’explique le formateur, l’électricité est essentielle pour la soudure. Pour pallier à ces défis, ils font recours à un groupe électrogène, mais cela n’est pas sans difficulté, car ce dernier nécessite du carburant. Un autre problème majeur est le manque d’eau potable, élément indispensable pour tous le centre, en particulier pour la filière de transformation agroalimentaire. De plus, le centre souffre d’une insuffisance de formateurs. Le directeur du centre explique qu’en attendant d’être connecté au réseau électrique, ils se débrouillent avec les moyens de bord.

Selon le Directeur Provincial de l’Education à Muyinga,il y a un projet d’électrification des communes qui est en cours dans cette province et ces travaux sont en bonne voie. « Ce centre a été priorisé. Aussitôt que l’électricité sera disponible dans ce secteur, le centre sera électrifié », assure-t-il.

Il est important de signaler que ce projet a été exécuté dans le cadre du Local Area Development Plan (LADP), un programme visant à améliorer le développement économique et social de la population locale dans la région du barrage de Rusumo. Ce programme a été financé par la Banque Mondiale à hauteur de 10 millions USD. Les provinces bénéficiaires de ce programme sont Kirundo et Muyinga et chacune a été financée à raison de 5 millions USD.

A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

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