Integration régionale

Contributions statutaires : Plus de 147 milliards de FBu d’arriérés à payer

La République du Burundi veut désormais revoir sa politique étrangère en matière de participation dans les organisations régionales et internationales. Le calcul des intérêts motive cette décision pour un Etat qui passe en revue ses contributions statutaires non payées. Une évaluation rigoureuse s’impose avant de revoir la liste des organisations dans lesquelles le Burundi participe comme membre    

Le Burundi, comme tous les pays, fait partie de certaines organisations régionales et internationales. C’est notamment le cas des organisations comme la Communauté Economique des Pays de Grands Lacs (CEPGL), la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC), le Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA) ou alors la plus récente, la Communauté de l’Afrique de l’Est. Le Gouvernement Burundais juge la participation dans certaines Organisation non profitable pour le pays. La note présentée par Dr Domitien Ndihokubwayo, ministre en charge des finances au Conseil des Ministres s’appuie sur un argumentaire aux allures économiques. 

Dr Guillaume Ndayikengurukiye, Professeur de Science Politique et Relations Internationales à l’Université du Burundi: « Il y a lieu de se demander si vraiment il y a une réflexion stratégique sur les avantages que le Burundi tire de ces organisations ».

La note lève le voile sur une somme très considérable à payer pour un pays qui voit sa dette intérieure s’accroître chaque année. Selon le communiqué sanctionnant le conseil des ministres du 03 août 2022, les arriérés s’élèvent actuellement à plus de 147 milliards de FBu. Malheureusement, le Burundi n’est plus satisfait par les intérêts qu’il tire de certaines des organisations régionales et internationales dont il fait partie. « Cette situation est due à une multitude d’organisations internationales auxquelles le Burundi a adhéré sans nécessairement tenir compte du profit que le pays va en tirer », peut-on lire dans le communiqué. Ce texte sorti de la réunion des ministres précise : « Les ressources financières dont dispose le pays ne permettent pas d’honorer les engagements financiers au titre des contributions statutaires ». 

Une analyse scientifique rigoureuse recommandée 

Selon Dr Guillaume Ndayikengurukiye , expert en Science Politique et Relations Internationales,  c’est normal qu’un pays fasse partie des organisations régionales ou internationales. « Le monde est aujourd’hui engagé dans la logique d’interdépendance. Aucun Etat ne peut donc prétendre vivre replié sur lui-même », explique l’expert avant de rappeler l’interconnexion des conflits observés dans le monde. Cependant, cet analyste n’est pas convaincu quant aux intérêts tirés par le Burundi de sa participation dans de nombreuses organisations dont il fait partie. « Il y a lieu de se demander si vraiment il y a une réflexion stratégique sur les avantages que le Burundi tire de ces organisations », indique Dr Ndayikengurukiye. Pour lui, le choix de l’organisation où adhérer doit être motivé par un intérêt quelconque. « Il existe un défi pour les Etats d’opérer des choix pour avoir un impact positif sur la population d’une nation », souligne-t-il.  

Amené à répondre sur la question de savoir si le retrait de ces organisations ne risque pas d’occasionner des pertes du coté du Burundi, Guillaume Ndayikengurukiye a fait savoir qu’il y a des conséquences, mais que la question de l’adhésion ou du retrait d’un pays d’une organisation relève fondamentalement du principe de souveraineté. Il rappelle néanmoins qu’en cas de dossier à régler, le gouvernement doit engager des négociations. 

Un peu critique, cet enseignant d’université rappelle que l’adhésion du Burundi à certaines de ces organisations s’est plutôt faite sur des considérations plus symboliques. Donc, dépourvue de caractère à faire avancer le pays sur le plan économique ou sur la voie de la paix et de la sécurité. 

Le Conseil des Ministres a émis quelques recommandations, appelant les Ministres concernés et les institutions paraétatiques à actualiser la liste des Organisations dont l’Etat du Burundi est membre. L’élaboration d’un plan de régularisation échelonnée de tous les arriérés a également été recommandée.

A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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