Société

Dans les méandres de la Politique Nationale de Protection Sociale

La protection sociale est d’une importance capitale pour assurer un avenir meilleur à la population d’un pays, à plus forte raison, quand il faut la mettre à l’abri des risques inhérents à la vie. L’Etat est ainsi amener à prendre des mesures pour protéger ses sujets. Burundi Eco vous entraîne dans les arcanes de la Politique Nationale de  Protection Sociale (PNPS) que le gouvernement du Burundi a mis en place depuis quelques années 

Selon la PNPS  édictée en 2011, la protection sociale est un  ensemble de mesures publiques ou privées qui concourent à permettre à la société d’accéder aux soins de santé, à l’éducation et aux revenus de substitution pendant les périodes d’éventualités/risques telles que  la maladie, la maternité, le chômage, la vieillesse, l’invalidité, les accidents du travail, les maladies professionnelles, et le décès d’une personne qui assure le soutien d’une famille. Elle peut être subdivisée en deux parties. La partie non contributive qui concerne les transferts sociaux (assistance sociale) et les services d’action sociale. L’autre partie dite contributive  concerne l’assurance sociale  autrement appelée sécurité sociale. Brièvement, la protection  sociale est l’ensemble des mesures que la société/ l’Etat  prend pour protéger ses membres.

16 communes de 4 provinces (Ruyigi, Gitega, Karusi et Kirundo) ont été sélectionnées sur base de deux critères pour bénéficier de l’assistance du projet Merankabandi. Ces critères sont le taux de pauvreté monétaire et le taux de malnutrition chronique

Une protection sociale convenable pour tous, l’ultime objectif

Adoptée en 2011, la PNPS se voulait être un outil de cadrage, d’harmonisation et de cohérence des actions menées en matière de protection sociale avec comme objectif ultime « une couverture de la protection sociale convenable pour tous ». Les principaux axes de la PNPS sont le renforcement des organisations et des organismes de sécurité sociale existants, l’extension progressive de la couverture de la Protection Sociale  à toute la population,  le renforcement des mécanismes de prévention des risques sociaux ainsi que le renforcement des capacités institutionnelles dans la  mise en œuvre des programmes. En plus de cela, « la protection sociale est un des instruments fondamentaux de la lutte contre la pauvreté », a déclaré le Secrétaire Exécutif Permanent (SEP) de la Commission Nationale de Protection Sociale (CNPS), M. Arcade Nimubona lors du lancement du Réseau des Médias pour la Promotion de Protection Sociale au Burundi qui a eu lieu à Gitega du 25 au 26 juillet 2019.  La mise en place d’une PNPS et d’une  CNPS  pilotée par le chef de l’Etat  en personne dénote de l’importance que le gouvernement accorde à ce secteur.  

Que prévoit la PNPS ?

La PNPS prévoit entre autres  la mise sur pied d’un Fonds d’Appui à la Protection Sociale. A ce propos, le décret n° 100/145 du 21 juillet 2017 portant création, organisation, missions et fonctionnement du Fonds d’Appui à la Protection Sociale (FAPS) a été promulgué.  Il s’agit en fait d’un organe chargé de financer les programmes de mise en œuvre de la PNPS. Il prévoit aussi la priorisation  des thématiques dont les principaux axes sont l’accroissement  de l’accès aux services sociaux de base, assurer la sécurité alimentaire et une sécurité élémentaire de revenu et, plus important encore, renforcer la gestion des risques (naturels et sociaux). 

Merankabandi, le bras armé de la PNPS ? 

Le meilleur moyen d’inciter les gens à rejoindre les solidarités qui promeuvent la protection sociale est de les  assister financièrement pour qu’ils puissent se développer. Dans sa volonté de rendre effective la PNPS, le gouvernement  a mis en place un instrument de financement des populations vulnérables. Il s’agit du projet Merankabandi financé par la Banque Mondiale à hauteur de 40 millions USD. Ce projet qui a démarré le 12 janvier 2017 était supposé toucher directement 48 000 personnes en situation de vulnérabilité. 

Actuellement, c’est 51 000 milles personnes qui sont assistées par ce programme qui prendra fin le 30 juin 2022, a indiqué M. Guillaume Nzeye, Coordinateur ai. Du projet Merankabandi. Il consiste  à effectuer  des transferts monétaires réguliers aux ménages qui ont des enfants âgés entre 0 et 12 ans vivant en situation d’extrême pauvreté et de vulnérabilité dans des zones sélectionnées. Concrètement, il s’agit des transferts monétaires de 20.000 FBu mensuellement pendant 30 mois à 48.000 ménages. Pour que les ménages puissent bénéficier d’un montant consistant, il a été décidé de leur transférer 40.000 FBu tous les deux mois.  16 communes réparties dans  4 provinces ont été sélectionnées sur base de deux critères, à savoir : le taux de pauvreté monétaire et le taux de malnutrition chronique. 

Les provinces sélectionnées pour bénéficier de l’assistance du projet  Merankabandi sont Ruyigi, Gitega, Karusi et Kirundo. Tous les deux mois, c’est 120 millions de FBu qui entrent  dans chacune des 16 communes choisies dans les 4 provinces. Ce qui fait un total de 480 millions de  FBu pour chaque province, a indiqué M. Nzeye. Au 30 juin de cette année, 10 milliards et 30 millions de FBu  avaient été distribués aux ménages vulnérables, a-t-il ajouté. Du fait qu’une des composantes du projet est orienté vers le renforcement des capacités des principaux acteurs de la protection sociale, on ose espérer que la couverture sociale ne s’en portera que mieux dans le futur. 

Le réseau des médias, fer de lance de la PNPS ?

Dans le but de sensibiliser la population sur la protection sociale, le ministère des Droits de la Personne Humaine, des Affaires Sociales et du Genre et  le Secrétariat Exécutif Permanent (SEP) de la CNPS en collaboration avec le Projet d’Appui aux Filets Sociaux « Merankabandi » a organisé un atelier de lancement d’un Réseau des Médias pour la Promotion de la Protection Sociale au Burundi, cela avait été auparavant convenu à Kayanza. Comme l’a rappelé un des intervenants, « les journalistes ont une voix qui porte loin ».  Ce réseau aura donc pour mission d’accompagner la PNPS en partenariat avec la SEP/CNPS et les autres acteurs par des produits médiatiques dans la sensibilisation et l’appropriation de la politique par  tous les acteurs impliqués. M. Nathan Ntahondi des  Publications de la Presse Burundaise (PPB a été choisi par ses pairs pour diriger le réseau.  

Une  nouvelle ère qui commence dans le secteur  de la protection sociale ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que ce sont  surtout  les fonctionnaires qui bénéficient de  la protection sociale. Or ces derniers constituent une infime partie de la population burundaise.  Il était temps que des efforts soient fournis pour assurer un avenir meilleur à la population de conditions modestes en ce qui concerne  la protection sociale. Telle qu’elle est  conçue, la PNPS est  un bon programme. Mais tout le monde le sait. C’est le passage de la planification à la concrétisation qui pose problème  parfois. Espérons que la parole rejoindra l’acte pour le bien de la population burundaise.

A propos de l'auteur

Parfait Nzeyimana.

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