Environnement

Décharge de Buterere : entre la misère et la survie

Certaines personnes dont les enfants fouillent la décharge de Buterere pour trouver des objets à vendre et quelque chose à manger. A cause de la pauvreté, elles n’ont plus peur d’attraper des maladies liées à la saleté.

A cause de la pauvreté, certaines personnes fouillent la décharge de Buterere pour trouver de quoi manger.

Nous sommes jeudi le 4 avril 2024 à midi pile. Nous arrivons à la décharge de Mubone située à Buterere (mairie de Bujumbura).  Les camions qui collectent les déchets dans différents quartiers de la ville de Bujumbura arrivent un à un. Les ouvriers ont hâte de les décharger. Malheureusement, ils n’ont aucun kit de protection malgré qu’ils travaillent dans des saletés qui dégagent des odeurs nauséabondes. De l’autre côté, une centaine de personnes (hommes, femmes et enfants) sont en train de fouiller dans les ordures dans l’espoir d’y trouver quelque chose à manger ou à vendre.

Des vendeurs sont aussi présents sur les lieux. Par ailleurs, nous avons appris que la décharge de Buterere a été baptisée « Isoko mpuzamakungu » (marché international, ndlr). Pourquoi ? Parce que les personnes qui y passent des journées entières affirment qu’elles peuvent y trouver n’importe quel objet qu’on peut imaginer. Des femmes et des enfants étalent des marchandises ou font le commerce ambulant en proposant des beignets, des samboussa, des boissons alcoolisées, etc. Leurs clients sont des individus qui y « travaillent » à longueur de journées. Malgré les odeurs plus ou moins insupportables qu’ils dégagent, personne ne se soucie du danger sanitaire que présentent les déchets de différentes sortes.

Des témoignages malheureux

Un jeune homme rencontré sur les lieux affirme que lui et ses confrères n’ont pas à faire. Au lieu de mourir de faim, ils préfèrent venir fouiller dans les déchets les objets à vendre et les aliments à consommer pour survivre. Il ajoute : « Nous n’avons pas peur d’attraper des maladies. Quand on n’a rien, on doit être prêt à toute éventualité ». Il demande à l’Etat de trouver un travail décent pour tout ce monde qui passe des journées entières à la décharge de Buterere. Ces personnes sont là parce qu’elles n’ont pas de choix.

« Je fouille dans les déchets presque tous les jours dans l’espoir de trouver des objets métalliques, des plastiques, des pommes de terre…à vendre. En conséquence, je peux gagner 1000 FBu par jour », affirme Meltus Niyonkuru, 15 ans. Il avoue qu’il s’est retrouvé dans cette situation après avoir abandonné l’école. Malgré tout, il veut regagner le banc de l’école mais, malheureusement, sa famille est pauvre. Elle ne peut pas assurer sa scolarité.

Elvis Nizigiyimana est un jeune qui vend des beignets à la décharge de Buterere. Il affirme que ses clients sont des personnes qui passent la grande partie de leur journée à cet endroit. « Certaines personnes sont sans abris et passent la nuit dans la décharge ou dorment dans des camions qui transportent les déchets qui ne sont pas en ville », indique M. Nizigiyimana. Selon lui, de toute façon, la vie dans cet endroit n’est pas facile. Il n’est pas rare de passer une nuit sans manger malgré qu’on a passé une journée entière à fouiller dans les déchets. Qu’à cela ne tienne ! Au moins les enfants qui s’y trouvent méritent de retourner sur le banc de l’école, d’avoir une maison où dormir et de quoi mettre sous la dent. Pourquoi ? Parce que les enfants se retrouvent dans cette situation à cause de la pauvreté qui sévit dans leurs familles.

Blaise, 16 ans, affirme qu’il a abandonné l’école à cause de la faim et de la pauvreté qui assaillent sa famille. Depuis cinq ans, sa vie quotidienne se résume à la recherche des objets métalliques du charbon de bois dans le dépotoir pour gagner de l’argent. Donc, tout ce monde de fouilleurs demande à l’Etat de lui venir en aide.

Pour terminer, un autre constat non négligeable est que l’espace réservé à la décharge de Buterere se rétrécit au fil du temps et jouxte les maisons d’habitation. D’ici quelques années, les déchets en provenance de la ville de Bujumbura manqueront de décharge où être déposés. Lors de l’émission publique animée vendredi le 29 mars 2024 à Karusi, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique Pierre Nkurikiye a rassuré que le gouvernement est en train d’aménager une autre décharge publique dans la province de Bubanza pour compléter ou substituer celle de Buterere.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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