Commerce

Des produits non certifiés qui sèment la zizanie sur le marché

Une trentaine de produits ont été retirés du marché par le ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme parce que non certifiés. Nonobstant, certains de ces produits inondent  toujours le marché. L’Ong Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (PARCEM) tire la sonnette d’alarme et interpelle l’opinion publique à plus de vigilance 

Faustin Ndikumana, président de PARCEM : « Il n’y a pas aujourd’hui de Politique Nationale d’Industrialisation qui devrait orienter ces entreprises vers une production bénéfique à la vie humaine »

« Depuis un certain temps, il y a un comportement qui se généralise où les gens s’improvisent investisseurs et industriels qui fabriquent des produits dont les normes ne sont pas vérifiés alors qu’il y a des services du gouvernement qui devraient faire ce travail», indique Faustin Ndikumana, président de PARCEM à propos des produits non certifiés qui continuent à circuler sur les marchés du pays.

Selon lui, c’est un grand danger pour la population qui consomme ces produits non reconnus par le Bureau Burundais de Normalisation et contrôle de la qualité (BBN). «On se croit opérateur économique et on engage des fonds pour démarrer une entreprise en vue de fabriquer un produit alors qu’on est en train de menacer la santé publique», déplore M. Ndikumana.

Absence d’une politique nationale d’industrialisation

« Il n’y a pas aujourd’hui de Politique Nationale d’Industrialisation qui devrait orienter ces entreprises vers une production bénéfique à la santé humaine », affirme M. Ndikumana. C’est à partir de cette politique que les entrepreneurs devraient maîtriser les étapes pour fabriquer les produits alimentaires à mettre sur le marché. Il faut renforcer la cohérence du gouvernement parce qu’une politique gouvernementale implique des ministères qui sont interdépendants par rapport à la politique engagée. « On commence à voir cette incohérence au niveau de la collaboration parce que le ministère du Commerce et de l’Industrie est maintenant incapable de mettre en pratique les décisions du BBN », regrette le président de PARCEM avec un exemple à l’appui : Dernièrement, il y a une foire qui a été organisée par le ministère de l’Agriculture, mais les produits exposés dans cette foire n’étaient pas tous reconnus par le ministère du Commerce car ce dernier affirme qu’il n’a pas été associé.

L’efficacité des services habilités mise en cause

« Ceux qui devraient sensibiliser sur la pratique de certification semblent l’ignorer », déplore M. Ndikumana. Il y a lieu de douter de l’efficacité des ministères par rapport à la cohérence dans la prise de décision et à la lenteur dans la mise en pratique des mesures aussi sensibles qui mettent en danger les vies humaines. Selon lui, le conseil des ministres devrait préalablement se réunir pour statuer sur ce cas et donner des orientations claires pour mettre hors d’état de nuire tous ceux qui sont en train  d’investir dans cette chaine nuisible à la santé. C’est incompréhensible qu’une entreprise fabriquant des produits non certifiés demande un délai de grâce pour écouler le stock, car, techniquement, le BBN a prouvé que ces produits sont dangereux.

Les entrepreneurs fustigent le retard dans le traitement des dossiers

M. Elie Ngendahoruri, directeur de la société River Drinks qui fabrique des jus à base de fruits et d’autres produits agricoles locaux fait savoir qu’il est en ordre avec l’administration, qu’il a des autorisations de la Mairie, des ministères en charge du commerce et de la santé, mais ce parton de River Drinks fustige la requête de certification qui dure assez longtemps. « On peut attendre deux à trois ans avant d’avoir la certification. Or on a déjà mis en place des unités de transformation et une chaine de production complète », indique cet entrepreneur avant d’ajouter que les conséquences retournent chez les entrepreneurs puisqu’ils vont être taxés de fraudeurs alors que nos produits sont reconnus comme conformes. A part la certification il affirme qu’ils ont fait des analyses au niveau du CNTA et du BBN mais qu’ils n’ont pas reçu de certification.

Gérard Manirambona, un autre entrepreneur et ADG de « New Life Induhuro Company » fabriquant des jus reconnait qu’il y a des entrepreneurs mal intentionnés qui s’arrogent le droit de démarrer des activités de production sans avoir eu l’aval des services compétents. On doit avoir une attestation d’implantation d’une usine octroyée par le ministère du Commerce. Le BBN fournit à l’entrepreneur les normes à suivre pour commencer la production. Ensuite, il faut montrer l’échantillon pour que le BBN fasse son travail de contrôle de la qualité.

Jean Marie Niyokindi, ministre du Commerce et de l’Industrie, lors de  la visite de ce mardi 25 septembre 2018 dans les petites entreprises qui fabriquent des jus à base des fruits, a donné un délai de trois mois à toutes ces petites entreprises qui travaillent sans avoir la certification du BBN de le faire. Au cas échéant, elles seront obligées de fermer leurs portes.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

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