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Du staff au « tribunal » du peuple

Dr Sabine Ntakarutimana excelle dans sa carrière politique. L’ancien ministre de la Santé a gravé les échelons jusqu’au poste de première vice-présidente de l’Assemblée Nationale. Burundi Eco revient sur son parcours et ses motivations pour inspirer les jeunes filles qui hésitent encore à s’engager dans les affaires politiques.

Dr Sabine Ntakarutimana est médecin de formation. Elle a un diplôme des Etudes Spécialisées en santé publique. Actuellement, elle occupe le poste de Premier vice-président de l’Assemblée Nationale.  Mme Ntakarutimana préside également le Forum régional des femmes de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs. Elle est aussi à la tête du conseil communal de Gasorwe, sa commune natale en province de Muyinga.

Un parcours qui inspire plus d’un

Mme Bernadette Hakizimana décrit son amie de classe (Mme Ntakarutimana) comme une femme intelligente, très dynamique et sociable. D’où la confiance placée en elle dans sa carrière politique. Les blocages commencent dans nos ménages, car certains hommes entravent le développement de la femme, constate Mme Hakizimana tout en encourageant sa consœur à rester une référence pour les femmes qui se cherchent encore.  C’était lors d’un panel organisé par la Banque Mondiale sur les investissements en faveur des femmes.

La vice-présidente de l’assemblée nationale a gravé les échelons jusqu’à ce poste. Elle a été ministre de la Santé Publique et de Lutte contre le Sida de 2010 à 2015. Après cette fonction, elle été nommée par décret pour prester à la présidence de la République comme chef du cabinet civil adjoint du président. Le poste qu’elle a occupé jusqu’en 2020. Pour le moment, elle exerce ses fonctions de député. Parallèlement, « j’ai adhéré à beaucoup d’associations féminines pour que justement je puisse contribuer dans la sensibilisation des autres femmes pour qu’elles puissent apporter leur pierre au développement du pays, de la société et, partant, de leurs familles respectives », fait savoir Mme Ntakarutimana.

Pourquoi a-t-elle embrassé la carrière politique? 

Mme Ntakarutimana parle d’une volonté politique d’impliquer les femmes dans la gestion des affaires publiques. La Constitution de la République du Burundi accorde une place aux femmes.  « Je me suis dit qu’il ne faut pas que je reste technicienne en tant que médecin, mais plutôt il fallait aussi s’intéresser à la politique », confie-t-elle.

Pour le moment, elle justifie d’une expérience de trente ans d’engagement en politique.  Elle est mère de cinq enfants et grand-mère de trois petits enfants. Elle a pris l’engagement de participer en politique pour qu’elle puisse contribuer au développement du pays. Et, d’autre part, pour servir de modèles aux jeunes filles.  « Toutes les filles et les femmes doivent comprendre qu’on ne peut pas aspirer au développement durable tant qu’il y a des laissés pour compte », insiste-t-elle.

A quoi elle doit ce succès ?

La première vice-présidente de l’Assemblée Nationale dévoile les quatre clés du succès qui ont guidé son parcours. Elle cite notamment l’engagement. C’est quelqu’un qui s’engage pour arriver jusqu’au bout. « Si je vais faire une chose, je le fais en totalité.  Je m’engage ».  Elle est également caractérisée par l’assiduité au travail. Elle n’aime pas du tout les hommes ou les femmes qui consacrent leur temps aux choses moins importantes.  « J’aime travailler assidûment là où je suis.  J’ai eu la chance de collaborer avec la Banque Mondiale quand j’étais ministre de la Santé et je n’hésitais pas à bosser la nuit avec les experts de la banque », se remémore-t-elle.

L’autre vertu est l’estime de soi.  Mme Ntakarutimana affirme que les femmes ont un savoir-faire, mais parfois elles se sous- estiment ou ignorent qu’elles peuvent faire mieux. La femme peut avoir peur de se démarquer pour montrer qu’elle est capable de faire quelque chose. Pour lui, une femme qui aspire au développement doit également connaître comment concilier le rôle parental en tant que mère des enfants avec le rôle professionnel. « En ne perdant pas de temps pour des choses qui ne sont pas importantes, j’ai assez de temps pour travailler convenablement au service, mais aussi j’ai suffisamment de temps pour m’occuper de ma famille ».  En aucun cas, le revenu de la femme élève soit-il ne devrait pas être un élément de dislocation de la famille ou du ménage, conseille-t-elle.

L’éducation de la fille, la clé du développement

Le développement et l’épanouissement des femmes font face aux défis de la non scolarisation des filles.  Malgré les efforts du gouvernement pour garantir l’éducation pour tous les enfants (politique de gratuité), le décrochage scolaire touche de façon disproportionnée les filles que les garçons.  Le constat est amer. A l’école primaire, il y a presque la parité garçon-fille, mais les effectifs des écoliers s’amenuisent à chaque niveau.  Par conséquent, le taux d’achèvement est faible pour les filles qui franchissent le cycle fondamental et continue à chuter jusqu’à l’université. « Nous devons continuer à sensibiliser pour que les jeunes filles et femmes puissent comprendre que la clé du développement, c’est l’éducation », lance Mme Ntakarutimana.

Cela étant, nuance-t-elle, le Burundi présente d’énormes opportunités pour accélérer le rythme d’investissement en faveur des femmes.  Nous assistons progressivement aux changements des mentalités au niveau social et le changement institutionnel induit par le contexte démocratique qui donne une place aussi à la fille et à la femme dans la consolidation de la paix.

Elle invite les femmes leaders à servir de modèles et à contribuer au développement de leurs familles et du pays. En ce sens, elles doivent se réjouir des pratiques culturelles qui encouragent la prise en compte du rôle de la femme dans la société et impulser le changement pour les normes culturelles néfastes qui persistent.

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A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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