Commerce

Encore du chemin à faire pour stabiliser l’inflation

Les prix des produits de première nécessité repartent à la hausse.  Malgré la tendance baissière de l’inflation observée l’année passée, le panier de la ménagère s’allège. Les ménages croulent sous le poids de l’inflation. La société civile invite le gouvernement à agir pour améliorer le pouvoir d’achat des consommateurs.

A la fin de ce mois, l’inflation risque d’exploser avec l’augmentation des prix des légumes, notamment les oignons et les tomates qui sont hors prix.

L’inflation globale affiche une tendance baissière passant de 27,2 % au troisième trimestre à 22,3 % au quatrième trimestre 2023. Cette baisse a porté sur l’inflation alimentaire suite principalement à l’amélioration de la production agricole, a déclaré Edouard Normand Bigendako, gouverneur de la Banque de la République du Burundi (BRB). Cette institution se félicite déjà des résultats de la politique monétaire restrictive initiée.  Depuis décembre 2023, la BRB a adopté le taux directeur comme nouvel instrument de politique monétaire. Pour chaque trimestre, le comité de politique monétaire fixe un taux directeur en vigueur. Pour le trimestre en cours, le taux d’intérêt a plus que doublé passant de 5% à 12% entre décembre 2023 et février 2024.

Par définition, le taux directeur est le taux d’intérêt fixé par une Banque centrale pour les prêts qu’elle accorde aux banques commerciales. Il influence directement le taux d’intérêt auquel les banques commerciales prêtent à leur tour à leurs clients, notamment les ménages et les entreprises. Les banquiers estiment que cela risque de produire les effets indésirables sur l’économie. Ils prédisent le ralentissement de l’activité économique d’autant plus que l’augmentation du taux directeur décourage les entreprises et les ménages à contracter des crédits jugés chers.

Maintenir l’inflation dans la fourchette de 8%

La Banque centrale table sur une inflation globale de 15,2 % au premier trimestre 2024 suite à la demande modérée consécutive à l’action de la politique monétaire restrictive et à la baisse des cours des produits de base et du pétrole sur le marché international. En outre, la bonne production agricole attendue aura un impact sur la baisse des prix des produits alimentaires, fait savoir le gouverneur de la BRB.

Toutefois, nuance-t-il ces prévisions sont sujettes à des risques importants notamment les conflits géopolitiques qui pourraient s’accentuer, les tensions sur les prix internationaux des matières premières et énergétiques, de nouvelles perturbations des chaines d’approvisionnement et les aléas climatiques. Le Comité de Politique Monétaire espère ramener progressivement l’inflation autour de 8%.

L’inflation alimentaire explose

D’après les données de l’Institut National de la Statistique du Burundi (INSBU), l’inflation moyenne annuelle s’établit à 25,1% au mois de février 2024. Une inflation tirée en grande partie par les prix des produits alimentaires qui enregistrent une hausse de 32,7%.

L’INSBU renseigne que les haricots secs enregistrent une hausse de 53,1%, par rapport à la même période en 2023. Les tubercules frais sont également en hausse de l’ordre de 44,7%. A la fin de ce mois, l’inflation risque d’exploser avec l’augmentation des prix des légumes, notamment les oignons et les tomates qui sont hors prix. Un kilo d’oignons frôle les 7 000 FBu alors qu’un panier de tomates est passée de 40 000 FBu à plus de 100 000 FBu.

Le pouvoir d’achat s’érode

En glissement annuel, c’est-à-dire de février 2023 à février 2024, l’inflation du mois aura augmenté de 17,8%. Cette inflation est due aux prix des produits alimentaires qui enregistrent une hausse de 17,6%.

Actuellement, les consommateurs font face à une inflation galopante des produits de première nécessité. « L’inflation alimentaire « exagérée » altère gravement le pouvoir d’achat et la qualité de vie de la population » a fait savoir Faustin Ndikumana, président de l’Ong locale PARCEM lors de la journée Mondiale des droits des consommateurs. La rareté des produits de première nécessité comme le sucre, les boissons et le carburant ouvre la voie à la spéculation.  Ce qui détériore les conditions de vie des consommateurs qui enregistrent des dépenses supplémentaires.

La société civile appelle à l’action

Malgré la révision à la baisse des prix à la pompe le mois dernier, les prix des produits de premières nécessite restent élevés. L’inflation est un indicateur macroéconomique qui affecte directement les ménages. Elle dicte le comportement des consommateurs. Les ménages rationnent leurs achats et réadaptent leurs styles de vie à leur niveau de revenus. D’où l’activité économique tourne au ralenti.

Dans notre pays, l’inflation alimentaire est à l’origine de l’inflation globale. En d’autres termes, une augmentation des prix des denrées alimentaires sur le marché influe sur le taux d’inflation. Ainsi, PARCEM suggère au gouvernement de prendre des mesures concrètes pour assurer la disponibilité des produits de première nécessité sur le marché intérieur afin de juguler l’inflation.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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