Médias

Financement des médias : La crédibilité reste la règle d’or

La dépendance financière constitue un des défis auxquels fait face la presse burundaise. Dans l’incapacité de s’autofinancer, les médias burundais partent à la quête du soutien financier. Cependant, les financements peuvent, dans une certaine mesure, influer négativement sur la liberté de la presse

Le Burundi connait actuellement un foisonnement des médias. Avec l’accès à l’internet, les médias en ligne naissent de jour au jour. Or, la difficulté financière est une réalité pour la majorité des organes de presse opérant au Burundi. S’exprimant sur l’état des lieux du monde médiatique Burundais, Dr Yves Ndayikunda, expert en Communication et Médias affiche son optimisme quant à l’avancée du métier au Burundi. Mais, il attire l’attention des médias sur la nature des financements dont ils bénéficient.

Dr Yves Ndayikunda, expert en Communication et Médias : « Comme c’est le cas pour les entreprises ordinaires, la crédibilité est une marque pour l’industrie médiatique ».

Quid de la dépendance financière et de ses implications sur le métier ?

Alors que l’industrie médiatique burundaise a toujours été bousculée par des régimes politiques en perpétuelle mutation, elle est tout de même talonnée par des difficultés financières. Ndayikunda ne nie pas l’existence des problèmes liés à la politique économique des médias. « La problématique relevant de la politique économique des médias et de la liberté de la presse a toujours fait débat au sein des chercheurs et des professionnels des médias pour pouvoir trouver un équilibre », indique-t-il en affirmant que l’enjeu économique a toujours été au cœur de l’indépendance de la liberté des médias.

La dépendance financière peut toujours torpiller les principes du métier. Pour cet expert en communication et médias, la tendance des organes de presses bénéficiaires des financements est d’éviter de se créer des ennuis auprès du bailleur. Ce qui finit par compromettre l’éthique journalistique et mettre à l’épreuve la crédibilité d’un média.  «Il est important que les professionnels des médias s’interrogent vraiment si les financements dont ils bénéficient auront des incidences négatives ou positives sur la liberté de la presse», avertit-il.

Des stratégies pour éviter des financements compromettants

« Pour lutter contre la dépendance financière, les médias doivent diversifier les sources de financement et l’audience », conseille Ndayikunda. Il donne l’exemple des opportunités offertes par l’internet qui est une des nouvelles sources financières que les médias actuels pourraient explorer.  En effet, l’expert Ndayikunda soutient que les médias devaient être capables de repousser certains financements pouvant mettre en péril leur indépendance et l’éthique journalistique en diversifiant les sources de financement et de revenus.

Pour lui, il est important pour les médias de préserver leur crédibilité plutôt que d’accepter des financements qui les compromettent. Dans ses termes, il qualifie de « vision courtermiste » le fait de céder la liberté contre le financement. Dr Ndayikunda rappelle que les vrais partenaires chercheront toujours à travailler avec des médias crédibles.  « Comme c’est le cas pour les entreprises ordinaires, la crédibilité est une marque pour l’industrie médiatique », martèle-t-il.

Pour chercher les solutions à apporter au problème de l’incapacité d’autofinancement, il faut y aller ensemble. «Les propriétaires des médias doivent s’asseoir ensemble pour discuter des questions en rapport avec le financement des médias», conseille cet expert.

Une main d’œuvre outillée et intègre, une autre variable très importante

La maîtrise des finances ne suffit pas. Il faut aussi une main d’œuvre outillée et intègre. Selon Ndayikunda, l’ouverture de l’espace médiatique qui se profile à l’horizon est prometteuse. Il considère la volonté politique du gouvernement et l’engagement des jeunes dans le métier comme un bon signe. « Au moins une fois le mois, je vois un nouveau TV en ligne ou un magazine qui se crée, ce qui est naturellement bon », constate-t-il.

Cependant, il plaide pour le renforcement des capacités pour les gens qui intègre le métier de journaliste. « Le journalisme est un métier très délicat. Un peu comme le métier de médecin, les médias font partie du domaine sensible », explique Ndayikunda.

Pour lui, il faut un renforcement de niveau pour avoir des gens assez responsables de ce qu’il faut. «Les médias jouissent de la confiance de la masse populaire et ils doivent savoir prendre la bonne mesure», recommande-t-il.   

Mots-clés :
A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 606

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.
  • Journal n° 606

  • Dossiers Pédagogiques