Environnement

Gestion des déchets : des initiatives préoccupantes

Les initiatives prises depuis 2020 pour garder la ville de Bujumbura propre à l’instar de la mise en place des poubelles publiques, la signature d’un contrat avec une usine pour recycler les déchets et le retrait des bouteilles de récupération du marché se concrétisent péniblement. Cela dans un environnement où plus d’un mouvement vient d’être récemment lancé pour maintenir la ville propre : le mouvement zéro déchet, le mouvement 100 jours de salubrité…

L’usage des poubelles publiques reste toujours un défi en mairie de Bujumbura.

Dans le but de rendre les villes propres et de protéger l’environnement, deux mouvements ont été lancés par le couple présidentiel, à savoir : 100 jours de salubrité et le mouvement zéro déchet. A cela s’ajoute la décision de l’œil du Président de la République du Burundi en mairie de Bujumbura qui stipule qu’à partir du début du mois de mars tous les administratifs disposent de 45 jours pour rendre la ville propre. Cela sous peine d’être sanctionnés.

Ces trois initiatives arrivent après d’autres initiatives qui sont mort-nées ou pour se relever nécessitent encore d’autres efforts.  C’est le cas notamment d’un mémorandum d’entente signé en 2022 entre le gouvernement de la République du Burundi et l’entreprise Frontier Holdings Limited de l’Inde. Cette entreprise dont on attend encore les fruits avait l’ambition d’installer une usine de traitement et de gestion des déchets au Burundi.

Raréfaction des poubelles publiques

Une centaine de poubelles publiques avaient été installées aux différents carrefours du centre-ville de Bujumbura depuis les années 2020.

Destinées de recevoir les restes des consommations des passants et les emballages, les premières impressions à propos de l’installation de ces poubelles publiques ont viré au vinaigre. A part que ces poubelles étaient immédiatement devenues des dépotoirs, elles étaient rouillées. Leur déchargement est devenu problématique ainsi que leur durabilité.

En plus du fait que ces poubelles peuvent s’abîmer, elles subissent des actes de vandalisme. Là où le Journal Burundi Eco est passé l’avant-midi du mardi 2 avril 2024 à la 13ème avenue et à la 17ème avenue de la zone Buyenzi, commune Mukaza en mairie de Bujumbura, on n’y trouve plus ces poubelles et encore moins leurs traces.

Eric Ndayiziga, chef du quartier centre-ville reconnait que le nombre de poubelles publiques installées actuellement n’est pas suffisant. « Malgré cela, l’administration ne croise pas les bras. Dans le but de rendre la ville de Bujumbura propre, nous sensibilisons chaque propriétaire d’une parcelle, les détenteurs des boutiques et des magasins à curer les caniveaux et à signer des contrats avec les sociétés de collecte des déchets », fait-il remarquer avant d’indiquer que si les concernés ne respectent pas les mesures en cours sur la salubrité, il peut leur infliger une amende administrative ne dépassant pas 10 mille FBu.

Besoin de se familiariser avec les « bouteilles BBN » ou « bouteilles Leta »

L’usage des nouvelles bouteilles en plastique appelées communément par les commerçants « bouteilles BBN » ou « Bouteilles Leta », soit les bouteilles exigées comme emballages par le Bureau Burundais de Normalisation et de contrôle de la qualité (BBN) synonyme de « Leta » ou gouvernement n’est pas encore une habitude chez les commerçants et les vendeurs.

Ainsi, le 14 mars 2023, le patron du BBN avait animé une conférence de presse rappelant l’exigence du retrait du marché des bouteilles en plastique à usage unique avec la fin du mois de mars. La mesure était irrévocable sur tout le territoire national et des avertissements avaient été lancés depuis le mois de février.

« Les nouvelles bouteilles en plastique imposées par BBN sont contestées par nos clients. Ces derniers indiquent que ces bouteilles n’ont pas de marque ni d’étiquettes », signale Aline Girukwishaka, commerçante au marché Ngagara II dit « Cotebu ».

Les nouvelles bouteilles en plastique exigées par BBN sont rares et chères selon les commerçants.

Mme Girukwishaka déplore par ailleurs que ces nouvelles bouteilles en plastique sont rares. « On peut passer une semaine ou deux sans en apercevoir. Ceux qui nous approvisionnent en ces bouteilles disent que s’il y a coupure d’électricité, l’entreprise qui les produit arrête de le faire », informe-t-elle avant de signaler que les clients préfèrent les bouteilles en plastique de marque « Kinju ».

Par contre, continue Mme Girukwishaka, même l’usage de ces nouvelles bouteilles en plastique n’est pas rassurant. On peut les réutiliser une ou deux fois et on n’est pas sommé de les retirer du marché, martèle-t-elle.

Prioriser l’argent

« La capacité d’une nouvelle bouteille en plastique est la même que celle d’une bouteille en plastique de récupération. Malheureusement, les prix d’achat ne sont pas les mêmes. La première est chère par rapport à la seconde. Les prix sont respectivement de 600 FBu par bouteille vide pour première et de 300 FBu par bouteille vide pour la seconde », précise Mme Girukwishaka.

Elle notifie que le contenu d’un bidon d’une capacité de 20 litres est l’équivalent du contenu de 18 nouvelles bouteilles en plastiques ou de 18 bouteilles en plastique de récupération. « Le prix de 18 nouvelles bouteilles en plastique vides est de 10 800 FBu si on se réfère au prix de 600 FBu par bouteille vide tandis que le prix de 18 bouteilles en plastique de récupération vides est de 5 400 FBu si on se réfère au prix de 300 FBu par bouteille vide. Vous saurez que l’usage des nouvelles bouteilles en plastique occasionne une perte de 5 400 FBu par bidon », explique-t-elle.

Mme Girukwishaka conclut en soulignant que l’objectif des commerçants est d’encaisser des bénéfices. Toutefois, elle se résigne en disant qu’une fois que le BBN procédera à une rafle de ces bouteilles de récupération, on perdra énormément, car même le contenant ne sera pas rétrocédé. « Prenons par exemple la vente de l’huile de palme. Aujourd’hui, la valeur d’une bouteille d’1 litre et demie remplie d’huile de palme est 8 000 FBu, c’est-à-dire 144 000 FBu de perte sur tout un bidon de 20 litres », avise-t-elle.

Mme Girukwishaka demande la revue à la baisse des prix des nouvelles bouteilles vides en plastique et leur disponibilisation

sur le marché.                 

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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