Integration régionale

Kigoma : Les travailleurs saisonniers Burundais dans la géhenne

Le consulat Burundais à Kigoma au Nord-Ouest de la Tanzanie confirme que les travailleurs saisonniers Burundais subissent des sévices. Cela au moment où le Burundi et le Royaume d’Arabie Saoudite ont signé deux accords bilatéraux, l’un sur le recrutement des travailleurs et l’autre sur le recrutement des travailleurs domestiques, le 3 octobre 2021 à Riyad en Arabie Saoudite. Pourquoi ne pas faire de même avec la Tanzanie ?    

« J’ai été emprisonné à Kigoma en Tanzanie pendant deux heures. J’avais un faux document de vaccination de la fièvre jaune. Heureusement que j’avais un ami Tanzanien qui est vite venu à mon secours », informe Ferdinand Manirambona, originaire de la province de Makamba avant de signaler que beaucoup de ses amis traversent la frontière clandestinement à destination de la Tanzanie à la quête de l’emploi. Et de regretter qu’un voisin a été emporté par la rivière Malagarazi séparant le Burundi et la Tanzanie alors qu’il essayait d’entrer discrètement en Tanzanie.

Toutefois, il témoigne que la rémunération est meilleure en Tanzanie qu’au Burundi.  « Un saisonnier qui travaille dans les champs touche 10 mille shillings tanzaniens par jour, soit environ 15 mille FBu tandis qu’un maçon est payé 20 mille shillings tanzaniens par jour, soit environ 25 mille FBu », témoigne M.Manirambona.

Jérémie Kekenwa, Consul de la République du Burundi à Kigoma : « Plus de 200 Burundais ont été refoulés, chaque mois au cours des mois de février et mars 2022, soit plus de 400 Burundais de la province de Kigoma en République Unie de Tanzanie ».

Le consulat de Kigoma informé

« Plus de 200 Burundais ont été refoulés chaque mois au cours des mois de février et mars 2022, soit plus de 400 Burundais de la province de Kigoma en République Unie de Tanzanie. Ces Burundais étaient des travailleurs saisonniers et ils étaient attrapés dans les terres agricoles », déclare Jérémie Kekenwa, Consul de la République du Burundi à Kigoma. 

Pour lui, la majorité des Burundais appréhendés en Tanzanie n’ont pas de documents de voyage. Ils ont un âge compris entre 16 et 20 ans, soit un âge de travailler.

Et de déplorer : « La plupart des Burundais arrêtés en Tanzanie sont renvoyés manu militari parfois dépouillés de tous leurs biens ou de tout leur argent. Dans le cas contraire, c’est-à-dire, si la loi tanzanienne est appliquée, les irréguliers   sont punis d’une servitude pénale de 10 mois de prison ferme ou sont sommés de payer 500 mille shillings tanzaniens pour être libérés ».

M.Kekenwa rappelle que dans le cadre de « Ujilani Mwema », les habitants des provinces frontalières avec la Tanzanie, à savoir : Muyinga, Cankuzo, Ruyigi, Rutana, Makamba ainsi que la province de Rumonge bénéficient d’un laissez-passer gratuit ayant une validité de 15 jours. Et de renchérir : « Les Tanzaniens ont promis de rallonger la durée de séjour jusqu’à trois mois, mais s’inquiètent toujours que le nombre de Burundais sans papiers fréquentant la Tanzanie ne cessent d’augmenter ».

La migration de la main d’œuvre vers l’Arabie Saoudite officialisée 

Le gouvernement de la République du Burundi et le gouvernement du Royaume d’Arabie Saoudite ont signé deux accords bilatéraux le 3 octobre 2021. L’un concernait le recrutement des travailleurs et l’autre le recrutement des travailleurs domestiques à Riyad en Arabie Saoudite.

Le 18 mai 2022, un accord sur le recrutement des travailleurs domestiques entre le Burundi et le Royaume d’Arabie Saoudite a été promulgué. Il est en de même de l’accord sur le recrutement des travailleurs entre le Burundi et le Royaume d’Arabie Saoudite.

En avril dernier, les députés avaient voté à l’unanimité deux projets de loi (le projet de loi portant ratification par la République du Burundi de l’accord sur le recrutement des travailleurs entre le gouvernement de la République du Burundi et le gouvernement du Royaume d’Arabie Saoudite et le projet de loi portant ratification par la République du Burundi de l’accord sur le recrutement des travailleurs domestiques entre le gouvernement de la République du Burundi et le gouvernement du Royaume d’Arabie Saoudite).

Les travailleurs migrants  doivent  être parrainés par les agences de recrutement reconnues par le gouvernement du Burundi . Celles-ci devront à leur tour signer des contrats de partenariat avec les agences saoudiennes de recrutement.

A cette occasion, les députés avaient demandé d’initier des accords du genre avec les pays de la sous-région dont la Tanzanie où les habitants des provinces frontalières subissent des sévices.

Le ministère en charge des affaires étrangères prend acte

Dans une note au public du ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération au Développement sortie au mois d’août 2022, il est stipulé que toute agence désireuse d’exercer des activités de recrutement des travailleurs migrants Burundais vers l’étranger doit être de droit burundais. 

« Elle devra former les travailleurs et leur trouver de l’emploi exclusivement dans les pays ayant conclu des accords bilatéraux avec le Burundi en matière d’échange de main d’œuvre », lit-on dans la note.

L’agence dont le dossier de demande d’un certificat de licence est approuvé doit verser 100 millions de FBu sur le compte du trésor public pour obtenir sa licence. Le certificat de licence a une validité de deux ans renouvelable moyennant paiement de 50 millions de FBu.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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