Integration régionale

Le Burundi dans l’EAC, profit ou perte ?

Quinze ans après son adhésion à l’EAC, (Juillet 2007 – Juillet 2022), le Burundi n’est pas encore sur les mêmes rails que les autres pays membres de cette communauté. Sa faiblesse en termes d’exportation, le non utilisation de la langue anglaise, manque de stratégie de se vendre constituent un vrai handicap à son intégration. Il risque d’être englouti par les gros poissons    

Adhérer à une communauté est un choix politique. Comme l’explique Père Désiré Yamuremye, analyste des politiques internationales, en soi c’est une bonne idée et un avantage. «Qui ne voudrait pas se mettre ensemble avec des amis», commente-t-il. Dans un autre point de vue, c’est un désavantage parce que le pays doit dépenser en termes de cotisations.

« Je pense que si on profiter économiquement de l’amitié créée par l’intégration, c’est un avantage. Mais si c’est juste pour entrer et envoyer certains fonctionnaires sans aucune résultante économique pour le pays, ça ne servira à rien », affirme-t-il. 

Père Désiré Yamuremye, analyste des politiques internationales : « Ce qui est politiquement pensé n’est pas toujours économiquement réalisable ».

Le marché commun, un éléphant qui avale les faibles

Le marché commun est la troisième étape vers l’intégration effective du bloc de l’Est. Si le marché commun était bien organisé, cela aurait constitué un moyen qui permettrait aux Etats membres de la communauté Est-Africaine de contourner la monnaie étrangère, commente père Yamuremye.

Toutefois, il explique que les pays faibles économiquement perdent dans le marché commun. « Dans le principe de marché commun, c’est pousser un pays à disposer d’une économie exportable. La richesse d’un pays réside en termes de ses exportations. Un pays qui vit de l’import vide en conséquence ses réserves en devises », explique-t-il.

Cela pose la question de savoir ce que le Burundi exporte ou qu’est-ce qu’il veut exporter. Le marché économique est comme un éléphant. Ça avale celui qui n’a pas et ça avantage celui qui a. L’analyste ajoute : « Quand tu regardes très bien dans le groupement Est-Africain, le Kenya gagne plus que les autres Etats parce qu’il est plus avancé économiquement si on analyse le PIB ».

Le Burundi ne joue que la carte de libre circulation des marchandises

Les intérêts des Burundais au sein de l’EAC se résument par les facilités dans la circulation et l’achat des biens dans les pays membres à des prix abordables.

Le Burundi peut jouer sur la libre circulation des marchandises. La démographie burundaise étant un des freins à l’expansion l’économie burundaise, la libre circulation des personnes est un avantage pour le Burundi. « Le Burundi a une démographie galopante. Si les gens peuvent se mouvoir et se déplacer vers les autres pays membres de la communauté et y habiter, cela se présente une solution »

La peur du risque à l’origine de la sous occupation des postes techniques 

Ce n’est qu’un secret de polichinelle. Les postes techniques dans l’EAC sont moins occupés par le Burundais. Pour Père Yamuremye, il faut analyser les faits du point de vue sociologique. Selon toujours lui, les Burundais n’aiment pas trop le risque par rapport à d’autres pays membres de la Communauté Est-Africaine. L’autre handicap qu’il évoque est qu’ils n’ont pas encore compris que la langue anglaise est devenue une langue incontournable si on veut entrer en compétition avec les autres peuples.

L’analyste se demande ainsi quelles sont les énergies que les burundais sont en train de fournir pour mériter ces postes ? Il faut que les jeunes générations apprennent à s’ouvrir. « Ce qui nous manque nous les Burundais c’est l’esprit de tenter, d’essayer et avoir cette attitude d’aventure, argumente-t-il. Anthropologiquement parlant, il affirme que les Burundais aiment dépendre trop de la famille que de dépendre de leur propre énergie.

« Qui ne voudrait pas de la RDC ? »

La RDC vient de recevoir la carte d’adhésion à la communauté et la Somalie a déjà présenté sa candidature. Père Yamuremye estime que c’est une opportunité que la Somalie et la RDC intègrent dans l’EAC. Il explique que n’eût été la guerre, ces deux pays sont extrêmement riches. En ce qui concerne la RDC qui n’a pas suivi toutes les étapes d’intégration, père Yamuremye commente : la RDC est plus attrayante et convoitée. Qui ne voudrait pas de la RDC ? ».

Il signale que le Kenya était le premier à vouloir que la RDC adhère à l’EAC communauté de façon. La simple explication est que le Kenya était plus présent depuis longtemps en RDC et qu’il avait déjà goûté à ses fruits. Là où on ouvre les frontières, on donne l’occasion d’investir librement.

« Je pense que la récente entrée de la RDC dans la communauté devrait être un avantage pour le Burundi et pourrait permettre de booster l’économie burundaise », dit-il. Etant donné que c’est un pays qui connait des crises socio-économiques énormes, la RDC a une économie nationale faible, mais une économie individuelle riche qui pousse les individus à venir ce qu’ils chercher au Burundi n’ont pas chez eux. 

Le marché commun est une étape à franchir pour arriver à la création d’une monnaie unique et enfin à la fédération politique. Sur ce, l’analyste répond : « Ce qui est politiquement pensé n’est pas toujours économiquement réalisable ».

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A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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