Médias

Liberté de la presse : Des avancées significatives, mais le chemin est encore long

Au Burundi, la liberté de la presse s’améliore de plus en plus. Des avancées sont enregistrées. Reporters Sans Frontières vient de sortir son classement mondial sur la liberté de la presse, édition 2021. Le Burundi est à la 147ème position sur 180 pays. Une avancée de 13 places par rapport à 2020. Néanmoins, le chemin à faire reste encore long

Sous le thème : « L’information comme bien public »,  le Burundi s’est joint ce lundi 03 mai 2021 au monde entier pour célébrer la journée mondiale de la liberté de la Presse. Les cérémonies qui se sont déroulées dans la capitale  économique Bujumbura à la Maison de la Presse.

Que disent les journalistes ?

Merthus Niyonzima est journaliste à la RTNB depuis bientôt 19 ans. Il constate une amélioration en ce qui est de la liberté de la presse au Burundi.  « Actuellement, on enregistre une nette amélioration par rapport aux années d’après 2015 ». Selon lui, la crise socio-politique qu’a connue le Burundi a fait que certains médias soient brulés, pas mal de journalistes qui ont été contraints de fuir. « Tout cela a touché la liberté de la presse », explique-t-il. Les journalistes qui sont restés au pays ont été obligés de s’autocensurer. Selon lui, il y a depuis 2020 une amélioration du climat médiatique. Les journalistes d’Iwacu qui étaient emprisonnés ont bénéficié de la grâce présidentielle, la Radio Bonesha FM a repris ses émissions. Il constate que  des actions politiques pour garantir la liberté de la presse sont une réalité. M. Niyonzima précise que la balle est maintenant dans le camp des responsables des médias et des journalistes.

Au Burundi, la liberté de la presse s’améliore de plus en plus. Sur le classement 2021 de Reporters Sans Frontières, le Burundi est à la 147ème position sur 180 pays. Une avancée de 13 places par rapport à 2020.

Des défis de taille persistent

Les journalistes burundais font face à de nombreux défis.  « Au moment où les médias publics reçoivent des subventions de la part de l’Etat, les médias privés connaissent des problèmes de financement. Ils n’ont pas de moyens techniques et financiers pour faire tourner leurs boîtes », révèle M. Niyonzima. Il indique que les journalistes des médias privés se heurtent à un problème de négociation de la convention collective. Cette dernière est une convention entre les journalistes et les médias privés quant au salaire minimum qu’il faut percevoir. Ils n’ont pas de syndicats pour  négocier les avantages liés à leur métier.

La rétention de l’information de la part des décideurs est aussi un autre défi de taille parce qu’il y a des stéréotypes qui pèsent sur les médias. « Les sources d’information au niveau des institutions publiques et même privées ont du mal à donner de l’information, note M. Niyonzima. Jérémy Misago, journaliste au groupe de presse Iwacu ajoute que certaines autorités pensent que les journalistes cherchent la petite bête, qu’ils cherchent à les faire tomber. Ce jeune journaliste dénonce l’exigence par certains cadres de l’Etat,  des correspondances, parfois avec des questionnaires en annexe  (auxquels elles ne vont certainement pas répondre) aux journalistes qui sont à la recherche de l’information.

Côté journaliste, tout n’est pas rose

Certains ne sont pas à la hauteur de leurs responsabilités en termes de compétences professionnelles. « Aujourd’hui, on constate des erreurs majeures dans les publications des médias, que ce soit dans les radios, dans la presse écrite ou dans les journaux en ligne », indique Salvator Niyonizigiye.  Ce journaliste trouve que certains de ses confrères et consœurs ne sont pas suffisamment outillés pour réussir dans leur métier. «Cela a un impact sur la consommation de l’information. Si on diffuse une information qui n’est pas bien traitée, qui ne dispose pas tous les éléments nécessaires pour être une information de qualité, cela devient un problème pour les consommateurs», a-t-il expliqué.

Merthus Niyonzima ajoute que le défi lié à la spécialisation des journalistes est également de taille. Les jeunes journalistes burundais n’ont pas eu l’opportunité de fréquenter les écoles de journalisme. Il n’y a pas de journalistes spécialisés dans différents domaines. On ne va pas par exemple trouver des journalistes spécialisés en politique, en économie, en questions liées à la diplomatie, en journalisme d’investigation.

« Rien sans les médias »

Au niveau du ministère de la Communication, on indique que les institutions publiques ne devraient pas refuser de répondre aux questions des journalistes.  Thierry Kitamoya, assistant du ministre en charge de la communication déplore que certaines autorités refusent de donner des informations aux journalistes. Ils ne sont pas en train de servir l’Etat Responsable et Laborieux (Leta Nkozi, Reta Mvyeyi), explique l’assistant du ministre de la communication. Pour lui, ces derniers devraient prendre pour modèle, le Président de la République du Burundi qui a déclaré que rien n’est possible sans les medias.

Dans son allocution du jour, Marie Chantal Nijimbere, ministre en charge des médias a appelé tout un chacun à renouveler son engagement en faveur du droit fondamental à la liberté d’expression, à défendre les professionnels des médias pour garantir que l’information reste un bien public.

A propos de l'auteur

Bruce Habarugira.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 606

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.
  • Journal n° 606

  • Dossiers Pédagogiques