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Marie Josée Bigendako, la polyvalente

Professeur, recteur, enseignant-chercheur des universités nationales et de la sous-région, consultant dans différentes ONGs, couturière…, Marie Josée Bigendako se voit toujours confier des fonctions. Son âge inspire un partage d’expérience de cette maman scientifique qui est rigoureuse quant au bon déroulement du travail

 

Professeur Marie Josée Bigendako, Recteur de l’Université Lumière : « La nature nous a créé différemment des hommes. Il y a des conditions féminines auxquelles nous devons nous adaptées. Par exemple si une femme est enceinte, il y a des travaux qu’elle n’est pas tenue d’exercer. Toutefois, c’est une façon de contribuer à la progression de la société ».

 

« Les résultats des secteurs producteurs émanent des leçons apprises à l’école », rappelle Marie Josée Bigendako, professeur et recteur de l’Université Lumière de Bujumbura.

Septuagénaire, mère de 3 enfants et grand-mère de 6 petits enfants, elle confirme que malgré l’âge, elle n’occupe pas une place d’une tierce personne. Et de renchérir : « Je n’ai donc pas de reproches à me faire. J’aurais dû avoir des regrets si je ne parvenais pas à remplir mes tâches. Ceux qui m’ont promis ici me disent que je juis là pour apprendre aux autres et pour partager mon expérience. C’est ce que je fais et j’en suis confiant ».

Amour du travail

Professeur Bigendako informe que sa qualité principale est l’amour de son métier d’enseignant, de son travail. « Celui-ci est ma vie », explique-t-elle avant d’annoncer qu’elle ne regrette pas qu’au départ, elle aurait aimé être dans les secteurs médico-pharmaceutiques.

En tant que biologiste, signale Mme Bigendako, je continue mes recherches sur les plantes qui soignent.

Elle informe qu’elle préfère positiver les choses pour ne pas décourager ceux qui la considère comme une référence.

Cela sans oublier qu’elle dévoile que son défaut majeur est qu’elle est impulsive. « Je ne tolère pas la fainéantise. Quand je vois quelque chose qui ne va pas chez l’autre, je ne me retiens pas. J’explose et je lui notifie cela. S’il est réceptif, on discute. S’il est de mauvaise foi, il a sa manière de se comporter. Moi, mon devoir est déjà terminé », indique-t-elle.

Se référant à mon âge, notifie Mme Bigendako, je me comporte envers les collègues et les étudiants comme un exemple, un leader. « Le devoir primordial est de redresser les enfants. Dieu merci, les étudiants me comprennent », précise-t-elle avant d’insister sur le fait qu’elle aime une chose bien faite qui va tout droit. « Avec les personnes que je côtoie, je vais tout droit et je veux qu’ils fassent de même. Je digère très mal le mensonge et la malhonnêteté », avise Mme Bigendako.

Pour elle, un étudiant qui est en classe est là pour étudier. « Il faut donc être rigoureux pour l’aider à accomplir sa mission. Cela m’épanouit. La rigueur juste, équitable, que je pratique en classe se reflète dans les résultats des étudiants », certifie-t-elle.

Une femme indispensable dans le développement du pays

Mme Bigendako reconnait qu’elle n’œuvre pas directement dans le secteur économique. Toutefois, affirme-t-elle, ma contribution dans le développement socio-économique du pays est indispensable. « Les personnes qui évoluent dans le secteur économique sont des personnes que nous avons formées. Cela à l’instar des agronomes qui sont parmi les principaux acteurs dans le développement du pays », explique-t-elle.

Mme Bigendako avoue que ceux-ci encadrent les agriculteurs ou montent eux-mêmes des projets dans le domaine de la production agricole. Avec les recherches dans l’agriculture, ils arrivent à mettre sur pied des variétés de plantes qui résistent aux maladies ou qui sont productives, renchérit-elle avant d’ajouter que les médecins et les infirmiers qui soignent les producteurs sont parmi ceux qui sont formés.

« Par ailleurs, dans les recherches, nous nous référons aux besoins prioritaires du pays », informe Mme Bigendako.

Une femme multitâches

Il ne faut pas négliger le travail, constat fait par Mme Bigendako lorsqu’elle faisait ses études en Europe.

A côté de mes occupations académiques, je travaillais. Ce qui m’a facilité le paiement des frais scolaires à l’étranger.

« Je suis parvenue à payer les études de mon dernier enfant en Angleterre. Pourtant, j’avais perdu mon mari lorsque celui-ci avait 10 ans », se souvient-elle d’une façon triste.

Femme scientifique, Mme Bigendako fait remarquer qu’elle est une femme « tout le monde », soit multitâches. « Je voudrais révéler que je pratique la couture », dévoile-t-elle, sourire au visage.

Mme Bigendako raconte également qu’elle cuisine elle-même les aliments qu’elle mange. « D’ailleurs, comme ils savent que je cuisine bien, mes petits-enfants commandent le menu et viennent manger pendant les week-ends le repas préparé par Mamie. Attention j’ai fait la cuisine dès le bas âge », précise-t-elle avant de notifier que son plat préféré est celui constitué par les aliments qui soignent et qu’on mange tous les jours.

Ces aliments sont les légumes et les fruits. Quant au plat cuit, il s’agit de la patate douce, du manioc et des haricots secs rouges.

Elle déplore qu’il existe des personnes évoluées qui ne mangent pas la patate douce, les haricots secs… « Pourtant, votre alimentation est votre ordonnance. Notre santé dépend de ce que nous mangeons », fait-elle savoir.

Mme Bigendako atteste qu’elle aime la musique, de préférence les chansons qui ne rendent pas triste. Et d’authentifier qu’elle détient une valise pleine d’anciens disques qu’elle s’est procurée lorsqu’elle était en Europe.

« Le lendemain de la bourse, je vidais l’argent qui me restait dans la poche dans l’achat des disques. Même dans ma machine, je téléchargeais la musique. Celle-ci détend. Pendant toutes les années que j’ai passé en Europe, j’étais seule dans mon appartement. Pendant que je bossais, je le faisais avec un fond de musique », martèle-t-elle.

Mme Bigendako confie qu’elle boit occasionnellement. « Je vais au cercle universitaire pour y rencontrer mes anciens collègues. Je prends la bière contenue dans une petite bouteille et du jus préparé par moi-même. Je bois aussi du vin. D’ailleurs, un verre de vin rouge est bon pour le cœur. Je me prive les sucreries à cause de mon âge avancé », dit-elle.

Encourager le monde féminin

Mme Bigendako se réjouit qu’actuellement le monde féminin est en train de s’ouvrir : « Maintenant, les filles fréquentent l’école, font le terrain. Il existe des filles mécaniciennes, celles qui s’adonnent à la maçonnerie…A l’Université Lumière par exemple, elles étaient nombreuses l’année dernière, soit 55% par rapport aux garçons », justifie-t-elle avant d’inviter à les encourager.

Mme Bigendako confirme que si une fille n’arrive pas à certains points, tout ne dépend pas d’elle. Et de poursuivre : « La nature nous a créé différemment des hommes. Il y a des conditions féminines auxquelles nous devons nous adaptées. Par exemple si une femme est enceinte d’une grossesse avancée ou si elle allaite, il y a des travaux qu’elle n’est pas tenue d’exercer ».

Toutefois, c’est une façon de contribuer à la progression de la société. Cela parce qu’il y a un mari qui est là et qui est content d’avoir un enfant.

Mme Bigendako profite du mois dédié aux droits de la femme pour leur recommander d’oser. « Ne dites pas je ne peux pas. La femme est avec l’homme. Son comportement dépend aussi du soutien de son conjoint. Il y a des maris qui encouragent leurs épouses et d’autres qui gardent le cœur dur », confie-t-elle. Elle conclut en encourageant les femmes à faire de bonnes choses et les maris à être de leur côté pour le bien-être non seulement de leurs enfants, mais aussi de la communauté.

Mme Bigendako a un parcours si riche. Ses principales fonctions sont: Recteur de l’Université Lumière de Bujumbura depuis juin 2023, chercheur associé au CRSNE de l’Université du Burundi, membre de la Commission Nationale de l’Enseignement Supérieur, membre du Comité National sur le Protocole de Nagoya (CNPN), professeur-chercheur à l’Université du Burundi, directeur des Services Académiques à l’UB, directeur de la recherche à l’UB, directeur du Centre de Recherche Universitaire sur la Pharmacopée et la Médecine Traditionnelles (UB), chef du Département de Biologie, responsable de l’herbarium de l’Université du Burundi, collaborateur Scientifique de l’Université Libre de Bruxelles, directrice du Centre de Recherche en Phytomédicaments et Sciences de la Vie à l’Institut de Recherche Scientifique et Technologique (IRST), Butare, Rwanda, formateur et encadreur des Tradipraticiens, chef de Service de Recherche  à l’IRST, enseignant à temps partiel à l’ Ecole Normale Supérieure (Burundi),Université Nationale du Rwanda  et Kigali Health Institute, directeur Général a.i de l’IRST au Rwanda, membre de VicRes Scientic Advisory Committee (EAC), membre de Steering committee on Climate Change  Development (EAC/IUCEA), membre du groupe de Contact de la CEFDHAC (Conférence des Ecosystèmes des Forêts Denses et Humides d’Afrique Centrale), membre du Comité de Pilotage de la SNEB (Stratégie Nationale pour l’Environnement au Burundi) pour ne citer que cela. Elle a effectué une quarantaine de publications et plusieurs communications scientifiques…

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A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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