Environnement

Mercure, cette substance toxique qui nous décime à petit feu

Les experts alertent du fait que l’utilisation du mercure a des effets néfastes sur l’environnement et la santé humaine. Ils demandent alors à la population d’éviter la manipulation de ce produit, car il est très dangereux. Et de préciser les produits dans lesquels on trouve cette substance toxique comme le prévoit la convention de Minamata

Dans une formation des professionnels des médias sur les effets du mercure, Ignace Mfatavyanka, cadre de l’OBM affirme que l’utilisation du mercure est une réalité au Burundi.

 

Selon le Plan d´Action National pour réduire et / ou éliminer l’utilisation du mercure dans l’extraction minière artisanale et à petite échelle de l’or au Burundi (PAN) publié en 2019 au mois de décembre, l’utilisation du mercure est une réalité dans les exploitations minières artisanales et à petite échelle de l’0r (EAPO). On fait remarquer que 26% des EAPO agréées utilisaient le mercure.

Sur base de l’estimation sur les quantités d’or produites au cours d’une année par tous les sites et qui s’élevaient à 1692 kg (en considérant uniquement les 55 sites visités) et à 2061 kg (en considérant par extrapolation les 67 sites connus aujourd’hui), le PAN indique qu’il serait alors possible de fixer l’utilisation du mercure à plus ou moins 2 tonnes/an.

Dans une formation des professionnels des médias sur les effets du mercure, Ignace Mfatavyanka, cadre de l’OBM affirme que l’utilisation du mercure est une réalité au Burundi. Et de faire remarquer qu’il faut alors que l’utilisation de cette substance soit combattue avec toute énergie afin que les dégâts ne soient pas incontrôlables dans l’avenir.

Il affirme que l’environnement des sites où cette opération a été effectuée est contaminé par ce métal sous forme essentiellement de méthylmercure. Sous cette forme, le mercure se trouve dans les eaux, dans le sol, dans les plantes qui l’absorbent et dans les animaux, en particulier les poissons et même dans l’air.

Il se bio-concentre dans les chaînes trophiques et en fin de compte finit ou finira par produire des maladies chez l’homme vivant dans les régions d’exploitation de l’or et même plus loin.

Des concentrations élevées de vapeur de mercure peuvent causer des lésions dans la bouche.

Attention au Mercure !

Le pire est que cette contamination est très intense jusqu’à une dizaine de kilomètres si on considère les marais et les bas-fonds, mais aussi à une centaine de kilomètres via le réseau hydrographique jusqu’au lac Tanganyika et aux lacs du Nord du Burundi voire même plus loin.

Dans les ménages hébergeant ces opérations clandestines, ce cadre de l’OBM fait remarquer que la contamination par les vapeurs de mercure atteint plus gravement et plus directement les familles et les personnes voisines.

L’air est davantage contaminé et les eaux de pluie amènent le mercure devenu liquide par condensation, explique-t-il.

Et lors du rapport national d´une étude sur « Inventaire national qualitatif et quantitatif de toutes les sources d’émissions et rejets du mercure au Burundi », commandité par le projet « Développement de l’Évaluation Initiale de la Convention de Minamata sur le mercure (MIA) » et financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), il est apparu que la contribution des EAPO dans les émissions/rejets de mercure atteint respectivement dans l´air : 567,1 Kg/an, dans le sol : 1085,3 Kg/an , dans l´eau : 112,8 Kg/an et dans les produits dérivés et les impuretés : 44,5 Kg/an, soit au total 1810 Kg/an.

Les produits dans lesquels on trouve le mercure

En plus du mercure utilisé par les orpailleurs, la convention de Minamata laisse entendre qu’on le trouve aussi dans les piles, dans les lampes fluorescentes compactes d’éclairage ordinaire, dans les tubes, dans les produits cosmétiques, dans les pesticides, dans les instruments de mesure tels que les baromètres, les manomètres, les thermomètres, etc. Et d’ajouter les amalgames dentaires utilisés dans les structures de soins de santé.

Quid des conséquences ?

Des concentrations élevées de vapeur de mercure peuvent causer des lésions dans la bouche, dans les voies respiratoires et dans les poumons et sont susceptibles de provoquer la mort par insuffisance respiratoire. L’exposition à long terme à de faibles concentrations de vapeur de mercure peut provoquer des symptômes analogues à ceux provoqués par le méthylmercure.

Selon Alphonse Polisi du ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, Le mercure peut provoquer l’insuffisance rénale et des lésions gastro-intestinales. Les sels de mercure sont irritants et peuvent provoquer des cloques et des ulcères sur les lèvres et la langue. Les éruptions cutanées, la transpiration excessive, l’irritabilité, la fibrillation musculaire, la faiblesse et l’hypertension artérielle sont autant de symptômes de l’exposition à des niveaux élevés de composés inorganiques du mercure.

Le mercure peut se transformer dans l’environnement. Le méthylmercure tend à s’accumuler, jusqu’à un certain point dans tous les poissons, mais plus particulièrement dans les prédateurs susmentionnés. L’absorption du méthylmercure se fait d’abord par le tube digestif pour ensuite se répandre dans le reste du corps.

L’élément toxique pénètre facilement dans le cerveau, où il peut demeurer pendant une longue période.

Les experts alertent du fait que l’utilisation du mercure a des effets néfastes sur l’environnement et la santé humaine.

 

Les femmes enceintes et les enfants plus vulnérables

Chez la femme enceinte, le méthylmercure peut traverser le placenta et s’accumuler dans le cerveau et les tissus du fœtus. L’enfant peut également être contaminé au méthylmercure par ingestion de lait maternel, déplore Polisi.

Le système nerveux en développement d’un enfant est particulièrement sensible au méthylmercure.

Les effets varient selon le niveau d’exposition. Ils peuvent se manifester par une baisse du quotient intellectuel, des retards moteurs et verbaux, un manque de coordination, des problèmes de cécité ou encore des crises d’épilepsie.

Chez les adultes, les effets d’une exposition importante au méthylmercure se remarquent par des changements de personnalité, des tremblements, des troubles visuels, des problèmes de surdité, la perte de coordination musculaire et de sensation, des troubles de la mémoire, des déficiences intellectuelles et même le décès.

Que faire ?

Jérôme Ahishakiye, coordonnateur du projet « Appui au renforcement des capacités institutionnelles et sensibilisation accrue des parties prenantes sur les questions relatives au mercure pour la mise en oeuvre de la convention de MINAMATA au Burundi » demande alors à la population d’éviter la manipulation de ce produit toxique. Ce cadre qui coordonne ce projet financé par le Programme International Spécifique du Secrétariat de la Convention de MINAMATA sur le mercure demande de ne pas jeter les objets contenant le mercure n’importe où. De plus, les ministères en charge de l’énergie, de la santé et du commerce sont demandés de s’impliquer activement pour rayer du marché le mercure. Le gouvernement devrait aussi mettre en place une loi qui interdit l’importation de ce produit.    

Le circuit commercial du mercure reste méconnu

Malgré les effets néfastes du mercure, le circuit commercial de ce produit reste clandestin et le ministère en charge du commerce ignore encore la provenance réelle de ce métal dangereux pour la santé et l´environnement, s’inquiètent les experts

Les mineurs l´importent dans la clandestinité et ni la PAFE, ni l´OBR ne savent pas encore comment le contrôler.

Dès lors, il est urgent de pouvoir maîtriser le circuit d´importation et de commercialisation de cette matière première utilisée par les EAPO avec tous les dangers qu´elle comporte, précise le PAN.

En outre, pour mieux cerner et maîtriser les circuits de provenance et de commercialisation du mercure, une stratégie de collaboration régionale (CIRGL, EAC, SADEC, CEPGL) dans un cadre formel régional où les polices respectives de contrôle des frontières et des marchandises collaborent devrait être mise en place afin d´échanger les informations et de définir des actions communes de lutte contre la fraude du mercure.

Mots-clés :
A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 606

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

éditorial

Vers la redynamisation de la filière café ?

Vers la redynamisation de la filière café ?

Le café reste le pilier de l’économie nationale dans la mesure où il apporte des devises et des revenus aux ménages. Cependant la production du café vert est en chute libre. Elle oscille autour de 8 000 tonnes alors que les projections portent sur une quantité exportable de 45 000 tonnes chaque année. Pour gagner ce pari, il faudra mobiliser des investissements conséquents pour redynamiser l’ensemble de la chaine de valeur. Malgré les tentatives de nationalisation de la filière café, les défis demeurent nombreux. Les milieux bien informés évoquent notamment le désintéressement de la population, le faible encadrement des producteurs, les opérateurs privés qui s’enrichissent sur le dos des producteurs.
  • Journal n° 606

  • Dossiers Pédagogiques