Genre

Quand la tradition burundaise dévalue les efforts des femmes rurales

La valeur d’une femme dans la société burundaise est étroitement liée à sa contribution au développement de son foyer. Malheureusement, bien que de nombreuses tâches lui soient assignées par la tradition, elles ne sont pas toujours estimées à leur juste valeur. Cette situation peut parfois favoriser les violences conjugales. L’autonomisation financière des femmes pourrait-elle être une solution ?

« Une femme qui dépend entièrement du portefeuille de son mari aura du mal à être valorisée ».

Les femmes rurales sont souvent victimes du manque de reconnaissance de leurs efforts. Certaines d’entre elles sont maltraitées au sein de leur foyer et accusées d’être inutiles ou un fardeau pour leurs maris. La tradition burundaise joue un grand rôle dans cette perception. Elle a établi une séparation des tâches ménagères au sein du foyer : à l’homme revient la conception des projets familiaux et la mobilisation des ressources pour les mettre en œuvre, tandis que la femme est chargée de la survie quotidienne du ménage et de toutes les tâches qui y sont liées, qu’il s’agisse des travaux domestiques, agricoles ou de l’éducation des enfants. Malheureusement, ces nombreuses tâches lui assignées par la tradition sont souvent réduites à néant.

Cependant, les choses ont évolué. La vie est devenue plus difficile et il est presqu’impossible pour une personne de mobiliser seule les ressources nécessaires pour faire tourner un ménage. En plus de leurs multiples responsabilités au foyer, certaines femmes ont dû ajouter d’autres activités génératrices de revenus, parfois en exerçant des métiers qui étaient autrefois considérés comme réservés exclusivement aux hommes.

L’autonomisation financière de la femme, une solution

Dans la commune de Giteranyi, de la province de Muyinga, nous rencontrons Mme Imelde Bitangimana. Cette mère de deux enfants est couturière au centre de Ruzo. « Après avoir terminé l’école secondaire, je me suis retrouvée sans emploi. Dans mon foyer, toutes les dépenses étaient prises en charge par mon mari. J’ai constaté que cela le fatiguait beaucoup et que cela entraînait parfois des malentendus. C’est ainsi que j’ai décidé d’apprendre le métier de couture plutôt que de rester sans aucune contribution au développement de mon foyer », raconte-t-elle.

Elle a eu la chance de pouvoir s’acheter une machine à coudre et elle a commencé à générer des revenus grâce à ce métier. « J’arrive facilement à subvenir aux besoins de mes enfants et à couvrir les dépenses essentielles de mon foyer. Mon mari est aujourd’hui fier de moi », témoigne-t-elle.

Selon Mme Bitangimana, si une mère n’apporte aucune contribution financière à son foyer et souhaite que son mari achète tout pour la famille, cela devient souvent une source de malentendus. Comme elle l’explique, la femme est alors considérée comme un fardeau pour son mari, malgré les multiples tâches ménagères qu’elle accomplit. « Pour avoir de la valeur au sein de son foyer, la femme doit absolument apporter sa contribution financière », estime-t-elle.

Evelyne, âgée de 22 ans, a été embauchée comme aide-maçon sur le chantier d’un tribunal en cours de construction à Ruzo dans le cadre du projet Rusumo via Nelsap. Elle nous a fait savoir qu’à ses yeux, il n’y a pas de métiers réservés exclusivement aux hommes ou aux femmes. « Les choses ont changé. Aujourd’hui, aucun jeune homme ne souhaite épouser une femme qui n’a aucune source de revenus. Une femme qui dépend entièrement du portefeuille de son mari aura du mal à être valorisée », explique-t-elle. Avec l’argent qu’elle gagne, elle prévoit d’investir dans l’élevage.

A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

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