Integration régionale

Quand l’histoire du Burundi rime avec celle de Kigoma

La région de Kigoma au Nord-Ouest de la Tanzanie a connu des moments historiques forts semblables à ceux du pays frontalier qu’est le Burundi. Par exemple, Therèse Ntare, une reine d’origine Burundaise a gouverné cette région et des princes originaires du Burundi y ont été élevés. Des explorateurs européens ayant arrivé  au Burundi se sont rencontrés dans la zone d’Ujiji de la région de Kigoma, une zone rappelant la pratique de l’esclavagisme    

Dans la zone d’Ujiji située dans la province de Kigoma en République Unie de Tanzanie, un petit site historique rappelant les grands passages des explorateurs est clôturé. 

Une stèle, un monument, deux manguiers greffés et une maison hébergeant deux statues de l’explorateur David Livingstone et du reporter Henry Morton Stanley ainsi que des affiches faisant l’apologie de l’esclavage et des objets d’art constituent le musée commémoratif Linvigstone.

Une somme de 2882 shillings tanzaniens, soit environ 4323 FBu est exigé par individu pour visiter le site. Un septuagénaire exige un bakchich de la part des visiteurs après avoir raconté des histoires en rapport avec le musée.

Kasim Govola Mbingo, guide touristique au Livingstone Memorial Museum d’Ujiji Kigoma : « Des Burundais, des Congolais et des Zambiens étaient rassemblés par les Arabes dans la zone d’Ujiji. Ils étaient acheminés vers Bagamoyo, Pangani, Kilwa ou Lindi à Zanzibar. Cela pour être achetés par après par les Européens qui allaient les vendre en Amérique où ils allaient travailler dans les plantations de canne à sucre… »

Une descendance de Ntare Rushatsi gouverne la région

Selon Kasim Govola Mbingo, guide touristique au Livingstone Memorial Museum d’Ujiji à Kigoma, les habitants de Kigoma ont toujours tissé des liens étroits avec les habitants du pays voisin qu’est le Burundi.

Les crises répétitives qu’a connu le Burundi ont provoqué les déplacements des Burundais de différentes ethnies qui se sont réfugiés vers Kigoma. « Kigoma était un milieu hostile pour les Burundais. Celui-ci était peuplé par pas mal d’ethnies dont les Baha, les Bajiji, les Banyamwezi, les Bahangaza… », explique Kasim Govola Mbingo, le septuagénaire.

Et de rappeler : « Par ailleurs, la reine Theresa Ntare, une descendante de Ntare Rugamba, le roi qui a tracé les frontières pour le Burundi aurait gouverné le royaume du Buha en Tanzanie au début du 20ème siècle. Des princes Burundais étaient envoyés à Kigoma chez leurs tantes pour y être éduqués ».

La région de Kigoma frappée par la traite des esclaves

Pour Kasim Govola Mbingo, le site d’Ujiji servait de transit pour les esclaves africains. Depuis le début du 19ème siècle, des Arabes venaient chercher la main d’œuvre sur la côte du lac Tanganyika.

« Des Burundais, des Congolais et des Zambiens étaient rassemblés par les Arabes dans la zone d’Ujiji, d’où étaient acheminés vers Bagamoyo, Pangani, Kilwa ou Lindi au Zanzibar. Cela pour être achetés par après par les Européens qui allaient les vendre en Amérique où ils allaient travailler dans les plantations de canne à sucre… », fait-il remarquer avant d’indiquer que des chefs locaux ont contribué à la traite négrière.

Recherche des débouchés et lutte contre l’expansion arabe

Le 18ème siècle ou le siècle des Lumières fut prospère pour les Européens qui se lançaient à la recherche des débouchés en Afrique et de sources d’approvisionnement en matières premières.

«Les Allemands qui ont conquis en premiers la Tanzanie se sont retrouvés face à un lac qui n’avait pas de nom. C’est l’actuel lac Tanganyika. Les Tanzaniens l’appelaient rivière, cours d’eau ou fleuve. Ces colonisateurs ont découvert par après deux sortes de poissons qui vivaient dans ce lac. La première sorte de poissons s’appelait Ntanga, un poisson qui sautait jusqu’à plus de 8 mètres de haut et une sorte de poisson qui s’appelait Nyika avait des propriétés électriques. Des deux noms de poissons, on a tiré le nom de Tanganyika», précise Kasim Govola Mbingo.

Et de continuer : « Vers les années 1800, le médecin et missionnaire écossais David Livingstone entama ses explorations en Afrique. C’était dans l’optique de chercher des débouchés pour les produits européens et là où on peut s’approvisionner en matières premières. Il venait également comme missionnaire et c’était dans l’optique de combattre l’expansion arabe ».

C’est vers les années 1870 que ce missionnaire se rencontre avec le reporter américain Henry Morton Stanley qui était à son tour à la recherche de la source du Nil, notifie Kasim Govola Mbingo avant de renchérir qu’Ujiji fut le lieu de leur rencontre.

Et de continuer : « Les deux explorateurs ont continué le chemin ensemble se retrouvant un jour à Kabezi au Burundi sur les rives du lac Tanganyika alors qu’ils étaient à la recherche des débouchés des produits européens. Ils voulaient également découvrir la source du Nil qu’ils estimaient se trouver sur le lac Tanganyika ».

Des sources disent que c’est le docteur Burckhart Waldecker qui découvrit la source du Nil à Rutovu dans la province de Bururi au Sud du Burundi. Plus long fleuve d’Afrique avec une longueur de 6 671 km, le fleuve Nil traverse sept pays africains, à savoir : le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda, la Tanzanie, l’Ethiopie, le Soudan et l’Egypte. Ce fleuve fait vivre des milliers d’Egyptiens par la pratique de l’irrigation.

L’Ethiopie est en train d’y ériger un grand barrage dénommé barrage de la Renaissance ayant une capacité de production hydroélectrique de 5 000 MW.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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