Transport

Relancer la compagnie aérienne nationale : Une tâche de longue haleine et qui nécessite la prudence

Le gouvernement Burundais a décidé en avril 2021 de fusionner les sociétés SOBUGEA et Air Burundi. Le but ultime de ce projet était de recréer une nouvelle compagnie d’aviation après plusieurs années de faillite de la malheureuse Air Burundi. Après plus de deux ans, il serait important d’en savoir l’état des lieux, en portant un regard critique sur la nature du projet en soi.

Alors que Airlines n’a pas encore d’avion après plus de 2 ans de création, le Burundi dont la dette publique ne cesse de croître devrait d’abord étudier la fiabilité de ce projet avant de se lancer.

Dans une situation économique encore difficile, le gouvernement Burundais a eu le courage de relancer sa propre compagnie aérienne. Le gouvernement d’Evariste Ndayishimiye veut désormais ressusciter la compagnie aérienne nationale tombée en faillite depuis plus de 13 ans. La stratégie qui a été choisie pour redonner le souffle à cette société qui avait mis la clé sous le paillasson depuis longtemps était de la fusionner la SOBUGEA (Société burundaise de gestion des entrepôts et assistance des avions en escale). La nouvelle compagnie née du mariage entre les deux sociétés a été baptisée Burundi Airlines le 4 février 2021.

Mme Capitoline Niyonizigiye, ministre des transports de l’époque a affirmé que le projet avait été longuement réfléchi et inspirait une réussite. Pour elle, il est impossible que le gouvernement lance un projet si important sans en avoir analysé les contours. « Pour ce qui est des avions, nous allons en avoir. Pourriez-vous fusionner des sociétés telles que SOBUGEA et Air Burundi sans objectifs », a-t-elle lancé aux journalistes qui l’interrogeaient sur les capacités opérationnelles de la nouvelle société en marge d’une assemblée générale des actionnaires. Visiblement très déterminée, la ministre a donné des garanties. « Burundi Airlines sera la société la meilleure compagnie aérienne que le Burundi ait connue et tous les moyens nécessaires vont être disponibilités à cet effet », a-t-elle indiqué.

Quelles chances de réussite ?

D’un coup, ce projet semble être bon. Tant il est important de disposer de sa propre compagnie aérienne pour un pays.  Cependant, des inquiétudes ne manquent pas autour de ce projet. Il suffit de porter un regard sur la situation qui prévaut dans le domaine du transport aérien au niveau de la sous-région pour se rendre compte des risques financiers auxquels on fait face. Les Etats de l’Afrique en général et de la région en particulier sont obligés d’appuyer financièrement leur compagnie aérienne. Les exemples des compagnies ayant frôlé la faillite ou ayant tout simplement mis la clé sous la porte sont loin de tarir. La trésorerie de Kenya Airways est dans le rouge depuis dix ans. « KQ a déclaré une perte record de 38,26 milliards de shillings kenyans (290,7 millions USD) au cour de son exercice écoulé qui s’est clôturé le 31 décembre 2022 », écrit Ecofin qui décrit les mésaventures de KQ dans son article paru le 28 mars 2023.

Air Tanzania constituerait aussi une bonne étude de cas. Créée en 1977, cette compagnie demeure très déficitaire. Cela malgré les efforts de refinancement qui ont plus que doublé sa flotte, la portant à 12 appareils pendant ces 6 dernières années. Selon le Centre Africain de Veille et d’Intelligence Economique (CAVIE) 2020, Le TC a enregistré une perte de $25,8 millions USD en 2020.

Prendre en compte la conjoncture financière actuelle du secteur

Le business des compagnies aériennes africaines dans l’ensemble a été gravement bousculée par la Covid-19 et se trouvent dans une situation financière critique qui risque de durer longtemps. Selon Jeune Afrique qui citait le rapport de l’IATA dans son article de décembre 2022, les compagnies aériennes africaines devraient diviser leurs pertes équivalant à plus de 600 millions USD par 3 en 2023.

Avant de se relancer dans le transport aérien, le Burundi dont la dette publique ne cesse de croître devrait faire attention. Si des pays comme le Kenya, la Tanzanie et autres peinent à maintenir debout leurs compagnies aériennes malgré leur niveau d’attirance des touristes et du commerce, qu’en sera-t-il pour le Burundi ? Pour avoir plus de lumière sur ce dossier, nous avons essayé de joindre les différents responsables concernés dont le directeur général chargé des transports au ministère du Commerce, mais sans succès.

 

A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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