Société

Se couvrir derrière un groupe pour les crimes individuels : Une entrave au processus de la recherche de la vérité

Dans le processus de recherche de la vérité, les crimes du passé sont déterrés et évoqués. Lors de ce processus, certains gens se cachent derrière leur groupe d’appartenance pour cacher leur implication et leur responsabilité dans ce qui s’est passé. Selon Chartier Niyungeko, expert en résolution et transformation des conflits, cela constitue un frein à la réconciliation

Chartier Niyungeko, expert en résolution et transformation des conflits : « Les responsables des crimes doivent être rassurés afin qu’ils facilitent le processus de recherche de la vérité en leur assurant qu’il n’y aura pas de vengeance, mais plutôt que certaines actions seront menées dans le cadre d’une adéquate compensation à l’endroit des victimes ».

 

« Cette attitude reflète la peur des gens qui ne veulent pas qu’on pointe du doigt ceux qui sont responsables des différents crimes commis dans le passé », indique Chartier Niyungeko, expert en résolution et transformation des conflits.  L’expert explique que cette attitude est liée à notre passé où les différents crimes commis dans notre pays ont toujours été attribués aux groupes ethniques. La société burundaise est habituée à un langage de globalisation, un langage de généralisation. « On disait tel groupe ethnique a fait ceci, tel autre groupe ethnique a fait cela », fait-il savoir. Néanmoins, cela constitue un handicap au processus de recherche de la vérité.

La peur de subir les représailles

L’autre raison évoquée par l’expert Niyungeko est le fait qu’il y a des gens qui savent bien qu’ils sont responsables des différents crimes qui ont été commis et lorsqu’ils se trouvent dans une situation où la vérité va être dévoilée, ils cherchent à se couvrir à travers leurs groupes ethniques. Ainsi,ce n’est plus une responsabilité individuelle. Tout le groupe est impliqué.

Ceux qui sont responsables de ces crimes pensent qu’une fois la vérité dévoilée, révélée, la justice va s’en prendre à eux et donc ils ont peur des conséquences qui peuvent ensuivre. Ensuite, ces gens ont peur de perdre leurs intérêts du fait que les Burundais sauront que telle ou telle autre personne est responsable de ce qui s’est passé.

Le risque d’avoir une vérité biaisée

Le premier danger de ne pas assumer la responsabilité et de se cacher derrière son groupe est de rendre le processus de recherche de la vérité difficile. « Si des gens continuent à cacher la vérité en cherchant la couverture de leurs groupes ethniques, le processus de recherche de la vérité va, à un certain moment, produire un rapport qui aura un mélange d’informations, c’est-à-dire des données effectives bien sûr, mais également des données biaisées », analyse l’expert.

Il continue à expliquer qu’avec ce scénario, le processus de recherche de la vérité ne va pas vraiment aider les Burundais à trouver la vérité par rapport aux différents crimes commis. Au contraire, il va compromettre la voie de la réconciliation.

Que le gouvernement rassure !

Pour leur permettre de se reconstruire et tourner la page, les victimes ont besoin de savoir ce qui s’est réellement passé. Il informe que normalement l’objectif de la recherche de la vérité n’est pas la vengeance : « la vérité soulage d’une manière ou d’une autre, même s’il y a d’autres initiatives qui doivent être menées, toujours dans le cadre de bien gérer ce processus afin qu’il n’y ait pas cet esprit de vengeance, surtout du côté des victimes ».

Toutefois, il fait savoir que le gouvernement a le devoir d’instaurer un climat de confiance afin que les responsables des crimes soient rassurés. « Ces derniers doivent être rassurés afin qu’ils facilitent le processus de recherche de la vérité en leur assurant qu’il n’y aura pas de vengeance, mais plutôt que certaines actions seront menées dans le cadre d’une adéquate compensation à l’endroit des victimes », indique l’expert.

Mais également pour les victimes, la vérité seule ne suffit pas. « Il faut une justice restauratrice et ces responsables des crimes qui ont été commis dans le passé doivent participer dans ce processus de compensation ou de restauration. Des actions concrètes doivent être menées pour qu’ils participent à ce processus et qu’ils demandent pardon aux victimes », explicite Niyungeko.

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A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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