Gouvernance

SOPEBU : est-ce une garantie !

La Société Pétrolière du Burundi chargée de garantir l’approvisionnement en or noir vient d’être récemment créée. La PARCEM évoque la confusion des missions de supervision, le monopole d’une société publique, l’intervention intempestive de certains cadres, la non disponibilité du matériel…

Une société publique exclusivement chargée des produits pétroliers et qui va permettre la constitution d’un stock stratégique du carburant vient d’être créée. Son opérationnalisation est attendueincessamment.

La société SOPEBU vient d’être mise en place dans un contexte de pénurie répétitive du carburant. Toutefois, cette initiative suit d’autres efforts pour mettre fin à cette pénurie et dont on attend encore la suite. C’est notamment l’accord de don de carburant d’une valeur de 3, 45 millions USD signé entre le Burundi et le Japon l’année dernière, la promesse de l’ambassade de la Russie au Burundi de livrer le carburant au pays ou celle du Nigéria de plaider pour la fourniture du carburant auprès de la Nigerian National Petroleum Company Limited.

La licence d’importation des produits pétroliers avait été aussi retirée à la société Interpetrol pour l’attribuer à la société de gestion des eaux et d’électricité (Regideso). Les organisations de la société civile comme l’Observatoire de Lutte Contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME) attribue souvent la pénurie récurrente du carburant au manque de devises pour l’importer, au monopole dans l’importation de ce produit et au manque d’un stock stratégique carburant.

Pour mettre fin à toutes ces tracasseries, le Président de la République du Burundi avait annoncé la mise en place d’une société pétrolière nationale le 29 décembre 2023 lors d’une émission publique à Cankuzo à l’Est du pays. Chose récemment concrétisée par la nomination du patron de la Société Pétrolière du Burundi (SOPEBU) le 14 mars 2024.

Vers la remédiation de la pénurie répétitive du carburant !

Le conseil des ministres du 3 janvier 2024 a annoncé l’implantation de la Société Pétrolière du Burundi (SOPEBU). Celle-ci est une société publique chargée de la coordination des opérations d’importation, du transport, de stockage, de distribution, de commercialisation et de la réexportation des produits pétroliers, gaziers et de leurs dérivés.

La motivation est que depuis un certain temps, le pays a subi des perturbations dans les approvisionnements en carburant. « L’une des causes est l’absence d’un organe public à même de centraliser les approvisionnements du pays pour une gestion rationnelle des fonds destinés à l’importation du carburant », lit-on dans le communiqué sanctionnant le conseil des ministres

Le conseil des ministres avait signalé que les sociétés privées intervenant dans ce secteur ont aussi une capacité financière limitée et recourent à la Banque centrale et que certaines de ces sociétés n’utilisent pas l’entièreté des devises reçues pour l’importation du carburant à cette fin. Ce qui cause des pénuries répétitives.

Le communiqué reconnait que malgré toutes les mesures déjà prises par le gouvernement pour remédier à cette situation, les résultats ne sont pas jusqu’ici satisfaisants. Ce qui a incité à la création d’une société publique exclusivement chargée des produits pétroliers et qui va permettre la constitution d’un stock stratégique du carburant.

La société civile s’inquiète

L’Ong locale Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (PARCEM) indique sur son compte twitter qu’il y a une confusion entre les missions de supervision, de régulation et de gestion quotidienne de la SOPEBU.

Elle explique que quand il y a une telle confusion dans l’organisation de la gestion d’une société, il y a un risque de ne pas aboutir à des résultats concrets.

PARCEM parle également d’un risque de monopole d’une entreprise publique. Pour cette ONG locale, la mise en place d’une société pétrolière expose la gestion et l’importation des produits pétroliers à un monopole d’une société publique ayant des missions élargies. Celles-ci ne différencient pas la régulation qui est une mission classique du gouvernement et la gestion du secteur de l’importation des produits pétroliers qui est une mission classique du secteur privé.

Et de continuer : « L’expertise de la société démontre un danger imminent de ne pas avoir des ressources humaines compétentes (au niveau des cadres de direction, des cadres d’appui et des agents) bien outillés pour s’acquitter de cette mission » avant de rappeler que la mise en place d’une telle société exige la maîtrise du secteur.

La PARCEM est préoccupée par la nomination des cadres aux postes de responsabilité au sein de la SOPEBU. Ce qui pourrait être une occasion de procéder à de nouvelles nominations aux postes politiques.

Elle craint aussi une plausible absence d’une logistique nécessaire capable de s’acquitter de cette mission, entre autres les camions, leur entretien, les stations de stockage…La PARCEM s’interroge sur le capital de 120 milliards de FBU de la SOPEBU, s’il est financièrement ou techniquement libéré à partir d’une logistique déjà disponible. « Est- ce qu’on va s’atteler d’abord aux achats de tous ces matériels de transport », se demande-t-elle.

La PARCEM craint une probable intervention intempestive de certains mandataires publics pour influencer la gestion de la nouvelle société.

Elle est soucieuse de la non disponibilité des devises afin de payer à temps les fournisseurs des produits pétroliers.

La solution idéale pour cette ONG serait de créer cette société avec des missions de supervision et de régulation. Ensuite, intéresser les acteurs privés à s’engager dans ce secteur afin d’avoir une sorte de concurrence (oligopoles) avec 3 ou 4 opérateurs économiques.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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