Société

UB : Quand les restaurants universitaires tombent dans les mains des particuliers

Après  la fermeture  de tous les  restaurants universitaires  de l’UB, les acteurs privés occupent  le terrain. Le cas du restaurant universitaire du campus Rohero qui s’est métamorphosé en Resto-Bar Rohero est très évocateur à ce sujet. Les étudiants se restaurent à cash ou à crédit. Pourtant, certains étudiants n’adhèrent  pas cette initiative. (reportage)  

Alors  que tous les restaurants universitaires  sont verrouillés, les acteurs privés occupent  le terrain. L’ancien restaurant universitaire Rohero s’est transformé en Resto-bar Rohero où les étudiants se restaurent à crédit.

Nous sommes mercredi le 20 mars 2024. Vers 12h 15 min et sous un soleil accablant, nous quittons la  rédaction du journal Burundi-Eco à destination  de l’université  du Burundi  au campus Rohero.  Cela pour se rendre compte des conditions de vie des étudiants de cette université publique. L’atmosphère est très chaude. Personne ne peut admettre que le service météo affiche seulement  27˚ C. Mais cela ne nous empêche pas d’atteindre notre objectif. Le chauffeur démarre notre voiture de marque probox. Dans la joie  et dans la bonne humeur, nous  empruntons la chaussée d’Uvira vers le centre-ville de Bujumbura. Le voyage  est bon, car la route est sans nids de poule. Après  15 minutes, nous  arrivons au centre de la capitale économique. Nous avançons un peu pour rejoindre le boulevard de Mwezi Gisabo  qui prend sa source au rond-point du soldat inconnu jouxte l’enclos du cathédrale Regina Mundi.  Pourtant l’apothéose de notre voyage commence dès qu’on arrive à la jonction du boulevard Mwezi Gisabo et de l’avenue Muyinga . C’est ici où se trouve   l’entrée du campus Rohero.

Les étudiants se rangent   tout au long de ce  boulevard qui passe devant les enceintes du campus Rohero pour solliciter le lift pour aller  se reposer  dans leurs résidences  respectives. Beaucoup d’entre eux  vivent au campus Mutanga. D’autres à Kamenge. D’autres résident dans les quartiers périphériques.

Les étudiants  se restaurent à la carte ou à crédit

Une pancarte qui attire l’attention  de tout passager  a été installée à l’entrée  du  campus  Rohero qui héberge   l’Institut de Pédagogie   Appliquée (IPA), l’Institut Supérieur de Commerce (ISCO) et  certains départements de la Faculté des Sciences et de l’Ingénierie (FSI). La pancarte annonce l’existence  d’une Resto –Bar  Rohero à 300 m. Curieux,  nous laissons cette pancarte guidée nos pas vers  l’intérieur  du campus. Nous traversons la cour du campus et finalement nous  arrivons à un endroit   qui se trouve derrière  un grand bâtiment à quatre étages  qui sert des auditoires   en forme de l’avion  dont les étudiants  ont surnommé «Indege ».

C’est étonnant, l’ancien restaurant universitaire  est  tombé dans les mains des particuliers .Ils ont aménagé ce restaurant fermé depuis 3 ans, mais  qui reste gravé dans la mémoire des anciens étudiants de l’UB.   « Ici, les étudiants  se restaurent  à la carte ou à crédit. Cela  dépend du statut de chaque étudiant », fait savoir un employé de ce  restaurant universitaire privé avant d’indiquer que certains étudiants de l’U.B ont fait un enregistrement  électronique pour se restaurer  à crédit afin que le propriétaire puisse  retirer  à la source le montant consommé  par l’étudiant  et que d’autres préfèrent ne pas être  enregistré dans la base des données de ce restaurant pour payer  cash  le repas de midi.

Les étudiants ne mangent pas à leur faim.

Le constat est qu’il n’y a pas de chaine comme auparavant ;  soit on confirme sa présence au restaurant par une empreinte digitale, soit on paie le cash. La réception possède deux appareils électroniques  permettant   les étudiants de confirmer leur présence selon le  prix  du plat que l’étudiant veut commander; soit il choisit de manger un plat  de 1000FBu ou celui de 1500FBu.

Pourtant, les étudiants  préfèrent se restaurer  ailleurs  dans les gargotes en tentes   qui se trouvent  dans la cour de ce campus,notamment chez Gasongo.

«C’est très cher dans ce restaurant universitaire. Chez nous, la quantité est notre priorité. J’ai fait un test un jour, j’y suis  entré pour manger à midi et j’ai été surpris par le  plat de 1500 FBu. C’est comme j’avais  passé toute une journée sans manger », Confie E. K, une étudiante du département de Kirundi-Kiswahili  de l’Institut de Pédagogie Appliquée rencontré à quelques mètres de l’une de ces gargotes en tentes.

B.I, un autre étudiant du département de Mathématiques  ne mâche pas les mots :«  Je suis entré  dans ce restaurant pour commander un plat , le réceptionniste avait déjà préparé ma carte  mais, après avoir jeté un coup d’œil sur le plat de 1000 FBu de mes camarades, j’ai feint d’avoir  oublié  l’argent dans l’auditoire et j’ai quitté les lieux à toute bride.je n’ai plus eu l’envie d’y retourner».

D’autres inquiétudes  des étudiants sont liées aux  modalités de paiement.  Ils n’ont confiance ni  à l’empreinte digitale ni  aux gestionnaires  des comptes. « Et si on retire à source  un montant supérieur  à celui que tu as  consommé, comment est-ce que tu peux gérer la situation ?Moi-même  je ne mange jamais  à crédit  soit je paie le cash soit je laisse tomber», réplique un étudiant   qui sort du Resto –Bar Rohero sur la question de savoir pourquoi un nombre minimal des étudiants est enregistré  pour manger à crédit  alors  que le paiement du  prêt – bourse connait  toujours des retards.

Un projet  qui perdure

Pourtant, les employés  de ce restaurent confirment que c’est un projet qui va être réalisé dans tous les campus de l’Université  du Burundi, car leur patron a décroché  un marché pour  implanter ces restaurants  dans tous les campus de cette institution .Toutefois , les  étudiants de Rumuri indiquent  que  cette  pratique n’améliore pas leurs conditions de vie car ,à côte d’être cher, ce restaurant ne fonctionne pas les week-ends.

La question  de la  restauration  des étudiants de Rumuri est d’une importante capitale. Par ailleurs, elle contribue à la qualité de l’enseignement de cette institution étatique qui forment les futures cadres du pays. Le Recteur de cette université, Dr Audace Manirambona  est en accord avec cette assertion car, lundi le 18 mars 2024  ce cadre a affirmé devant le vice- président de sénat Fabrice Nkurunziza   parmi les défis   auxquels  cette université fait  face figurent l’absence de la restauration des étudiants, les coupures intempestives d’électricité, mais aussi le retard de paiement des annales des enseignants.

Le Projet fait-il  figure de bon samaritain ?

Avant la suppression de la bourse d’étude au profit du prêt-bourse, chaque étudiant touchait une bourse de 9 000 FBu par mois. Il avait droit à une chambre à coucher semi-équipée (lit, matelas, chaise, armoire, table). Il recevait également une carte de restauration pour accéder au restaurant universitaire. Dans les homes universitaires, il prenait un petit déjeuner avec un morceau de pain, un dîner et un souper lui permettaient quand même de tenir durant la journée.  Par  conséquent, l’U.B était  une référence dans la formation et l’encadrement  des futurs cadres du pays. Mais, les nouvelles générations n’auront pas l’occasion de goûter à cet «Eldorado»

Aujourd’hui, avec le prêt-bourse irrégulier de 60 mille FBu, ils occupent les ghettos de la zone périurbaine, notamment  Kanyare, Mugoboka, Gikungu… où ils vivent dans des conditions minables en raison du taux d’inflation qui ne cesse pas d’augmenter. Leur alimentation est exclusivement composée de pâtes de manioc ou de maïs, de haricots et de légumes quelquefois. Cela impacte négativement les conditions d’apprentissage. Ceci alors que tous les campus  possèdent de restaurants universitaires. Malheureusement,  certains d’entre eux ont été transformés  en auditoires. Mais on se pose la question de savoir  toujours si l’université  du Burundi reste  Rumuri ou encore si la restauration des étudiants de l’U.B  par un acteur privé va  réellement changer la donne. Wait and seeǃ

A propos de l'auteur

Méchaël Tuyubahe.

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