Tourisme

Un secteur prioritaire dépourvu de financements

Après une période de récession, le tourisme reprend son élan. Le secteur se remet peu à peu des effets de la crise socio-économique et de la pandémie de Coronavirus. Les touristes affluent de nouveau pour contempler le paysage époustouflant et visiter les sites touristiques. Cependant, le pays doit investir davantage pour exploiter tout son potentiel touristique et relever un certain nombre de défis qui minent le secteur

Malgré des potentialités énormes, le secteur du tourisme fait face à des défis multiformes liés notamment au cadre légal et administratif.

 

Avec le rétablissement de la coopération internationale, le nombre de passagers qui transitent par l’aéroport international Melchior Ndadaye est en nette augmentation. Parmi ceux-ci figurent des touristes qui fréquentent les hôtels et les lieux touristiques. « Nous avons enregistré plus de 2000 visiteurs sur certains sites emblématiques comme le sanctuaire des tambourinaires de Gishora et les chutes de Karera qui sont plus visités », renseigne Georges Nikiza, conseiller à la direction générale du tourisme.

L’industrie touristique se revitalise après une période de crise avec la fin de la pandémie de Covid-19 qui a frappé l’industrie du voyage. Cependant, le ministère en charge du tourisme ne dispose pas de données actualisées sur le taux de fréquentation de l’ensemble des sites touristiques et encore moins sur le taux d’occupation des hôtels.  « Les données ne sont pas encore compilées pour déterminer avec précision le taux d’occupation des hôtels. Même s’il n’y a pas une étude qui a été faite sur ce sujet, nous constatons que les hôtels sont suffisamment occupés, surtout dans la ville de Bujumbura », estime Nikiza.

Une offre touristique peu structurée

Malgré des potentialités énormes, le secteur du tourisme fait face à des défis multiformes liés notamment au cadre légal et administratif. En outre, il s’observe des chevauchements entre les différents intervenants. Le deuxième problème est qu’il n’y a pas de plan directeur d’investissement au Burundi qui guide les investisseurs potentiels dans le secteur touristique. Le guide d’investissement disponible est lacunaire en termes d’investissements qui doivent être alloués à ce secteur, déplore M. Nikiza.

Il regrette le fait que l’offre touristique n’est pas bien structurée. Pour preuve, sur plus de 249 sites touristiques seuls une centaine d’entre eux sont reconnus par le gouvernement du Burundi. Encore faudra-t-il que ces sites déjà identifiés soient bien délimités et aménagés. A cela s’ajoute le manque criant de ressources humaines. Le mécanisme de collecte des données n’est pas inclusif.  Cela dénote surtout la non coordination des acteurs. Les recettes comptabilisables devraient provenir de ces acteurs qui travaillent en solo.  Ce qui entrave encore une fois le développement du tourisme.

L’aménagement des sites touristiques fait défaut. La plupart des sites ne sont pas aménagés. Pire encore, les routes d’accès sont impraticables. Ce qui désintéresse les touristes qui ne veulent pas gâcher leur séjour. D’après le conseiller du directeur général du tourisme, le gouvernement privilégie l’approche progressive. « Nous espérons qu’avec l’introduction du budget programme, il est prévu la réalisation des études d’aménagement pour d’autres sites touristiques ». Il est à noter qu’il y a des études déjà réalisées par d’autres partenaires, notamment les opérateurs privés et les organisations internationales.

Un financement très limité pour booster le tourisme 

Le tourisme fait également face au manque de financement alors qu’il a besoin des moyens financiers conséquents pour développer les infrastructures d’accueil ou de soutien. Le budget de l’Etat reste insuffisant. Parallèlement, les investissements privés restent faibles pour faire du Burundi une destination touristique très prisée. Une récente visite du directeur général du tourisme sur le littoral du lac Tanganyika a mis en évidence les difficultés financières auxquelles fait face les investisseurs dans la mise en place des infrastructures d’appui.

D’après Georges Nikiza, le problème d’accès au financement est récurrent chez l’ensemble des opérateurs dans le secteur.  Paradoxalement, le secteur a été placé dans les secteurs prioritaires mais sans toutefois être accompagné par des actions.  « Le secteur doit être refinancé au même titre que l’agriculture.  Les investisseurs engagent des milliards de FBu, mais mettent trop longtemps pour dégager des bénéfices. L’accès au financement n’est pas garanti avec des taux d’intérêt bancaire prohibitifs. D’où le refinancement du secteur s’impose pour attirer les investissements » conclut-il.

Pour tenter de mobiliser les ressources nécessaires au développement du tourisme, y compris l’aménagement des sites touristiques. Le gouvernement a introduit une nouvelle taxe sur les frais d’occupation des hôtels, soit 1%. « Cette taxe qui a soulevé des remous dans les rangs des opérateurs économiques reste insuffisante pour répondre aux besoins d’investissement dans le secteur.  Les travaux d’aménagement des sites sont budgétivores et les retours sur investissement n’est pas immédiat », fait remarquer Nikiza.

 

Redorer l’image positive du pays

Georges Nikiza regrette profondément le fait que certains partenaires au développement, notamment les ambassades continuent à décourager les voyages vers le Burundi arguant que le pays est une destination dangereuse. Il lance un appel vibrant à tous les partenaires d’avoir le courage de narrer la réalité de ce qui se passe au Burundi.  Pour lui, l’époque où le pays était perçu comme une nation meurtrière suite aux épisodes de crise politique ponctuées par des guerres civiles à répétition est révolue.

Le Burundi est un pays doté d’un gouvernement déterminé plus que jamais à promouvoir le développement économique. Donc, il est inutile de décourager ses efforts.  Malheureusement, des informations négatives circulent toujours sur les réseaux sociaux et dans les médias classiques.  Ce qui décourage sans doute les touristes de fréquenter notre pays. Le conseiller du directeur général du tourisme invite tout un chacun à œuvrer pour la promotion d’une bonne image du pays, car notre département du tourisme à lui seul ne peut pas gagner le pari.

Un visa touristique unique pour bientôt

L’hypothèse de   collaborer avec les pays de l’EAC n’est pas écartée.  La collaboration avec les pays de la sous-région est une condition sine qua none, car nous sommes déjà membre de cette communauté. « Nous participons à mise en œuvre du Protocole qui fait foi à cette communauté.  Ce qui présage des programmes à exécuter en commun accord avec des résultats similaires sur l’ensemble du bloc régional. En ce sens, des conventions et des Mémorandums d’entente ont été signés entre les pays membres », explique M. Nikiza.

Ce cadre au ministère en charge du tourisme se dit satisfait du pas déjà franchi dans le processus d’adoption du visa touristique unique. Il encourage le gouvernement à accélérer le processus d’adhésion au visa touristique unique de l’EAC.  Le Burundi a déjà manifesté la volonté d’y adhérer lors d’un récent Conseil des ministres de l’EAC, le Burundi a réitéré sa ferme volonté d’adhérer au visa touristique unique. Les techniciens sont à pied d’œuvrer pour amender le projet de texte et lever certaines zones d’ombre quitte à rassurer tous les partenaires.  D’ici peu, le Burundi rejoindra les autres pays qui bénéficient du visa touristique unique.

Des stratégies pour redynamiser le tourisme

Le gouvernement vient d’adopter le document de la politique nationale du tourisme fondée sur 10 piliers. Le document envisage le développement des infrastructures et des services de soutien, la conservation et la préservation de l’environnement, des coutumes et des mœurs. Le pays doit mener des recherches pour avoir une approche et une stratégie appropriées pour développer le tourisme.

Pour Georges Nikiza, chaque pays à sa propre histoire, son offre touristique et ses défis.  Donc, on ne peut pas imiter à la lettre ce que les autres font.  Il y a aussi la sécurité et sûreté dans le domaine touristique. Le tourisme est un domaine très sensible. Donc nous devons répondre à un certain nombre de critères et normes internationaux pour rassurer les touristes quant à leur sécurité et leur bien-être durant leur séjour.

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Benjamin Kuriyo.

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