Développement

Une digitalisation timide des services publics  

Les services d’état-civil fonctionnent toujours en mode classique. Les officiers d’état-civil tiennent régulièrement des registres sur les naissances et la situation matrimoniale. La sécurité des documents n’est pas garantie et cette pratique favorise les tricheries. D’où la digitalisation des services publics s’avère urgente.

Un petit tour dans le petit bureau des services d’état-civil de la Zone Muzye en commune Giharo dans la province de Rutana nous a permis de constater les contraintes liées à l’archivage des documents. Des registres ont été classés dans des armoires année par année. L’agent de l’état-civil affirme que le gros du travail d’enregistrement des naissances au niveau de cette zone se fait à la main. Ils complètent les actes de naissance et de mariage volume par volume quitte à retrouver les enregistrements en cas de besoin.

Ce système archaïque comporte plusieurs failles. Il n’est pas facile de recenser le nombre de décès, de naissances ou de mariages enregistrés dans une circonscription donnée. La population sollicite de moins en moins les services d’état-civil pour déclarer les naissances ou les décès sauf en cas d’impérieuse nécessite. L’autre défi est que le dysfonctionnement des services d’état-civil encourage la polygamie. Les hommes qui migrent vers la région de Kumoso font de fausses déclarations sur leur état matrimonial et se marient avec d’autres femmes. Ce qui hypothèque l’avenir de leur progéniture.

C’est un travail plutôt fastidieux que de retrouver les actes de naissance. « Nous mettons des jours voire des mois pour parcourir tous les registres, car certains demandeurs de pièces d’identité viennent sans aucune référence. L’autre souci est qu’en cas d’incendie criminel ou accidentel, il y a un grand risque de perdre toutes les données du service d’état-civil », s’indigne un fonctionnaire à l’état-civil sous couvert d’anonymat. Ce dernier propose la digitalisation des services d’état-civil.

La digitalisation des services d’état-civil, une urgence

La digitalisation des services publics devrait inclure les activités au niveau des services décentralisés dans les communes. Avec les outils informatiques, il sera plus aisé de se procurer sa carte d’identité, les attestations et/ou extraits des actes de naissance…. On n’aura même pas besoin d’organiser des enquêtes d’envergure nationale, car en un seul clic, on pourra avoir une estimation de la population totale du pays. Ce qui permettra de mieux planifier les projets et programmes de développement sur base des données démographiques fiables à l’échelle du pays.

Malgré ces atouts, la digitalisation des services publics avancent à pas de tortue. Le pays progresse avec la télé-déclaration des impôts, mais cette technique se limite uniquement aux grands et moyens contribuables. Les banques commerciales se lancent dans une rude concurrence pour promouvoir le mobile banking et les services de paiement électronique. Jusque-là, le pays n’a pas réussi à mettre en place des infrastructures d’appuis (centres de stockage et de traitement des données, internet à haute débit, électricité, etc.) à cette transition vers l’économie digitale.  La volonté est là avec la semi-digitalisation des services des migrations, du guichet de création des sociétés, la création du portail des données macroéconomiques et l’informatisation des services d’octroi des permis de construction.

Une carte d’identité biométrique à l’horizon 2025 ?

Pour des besoins de transparence des élections, le gouvernement a entrepris un vaste projet de digitalisation des services d’état-civil. C’était dans le cadre des préparatifs des élections de 2010. La plupart des communes ont été équipées pour produire des cartes d’identité biométrique, mais le projet s’est clôturé en queue de poisson.

A une année des élections de 2025 et dans un contexte du nouveau découpage administratif, le ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique vient de relancer le projet de fabrication des cartes d’identité biométriques. Au cours de cette année, toute la population burundaise ayant le droit de posséder la carte nationale d’identité aura cette nouvelle carte biométrique. Cela pour éviter les lamentations de certains politiciens après les élections, mais aussi pour se conformer aux autres pays de la région.

Une carte non falsifiable

Le ministère en charge de la sécurité publique estime que la carte d’identité biométrique va réduire drastiquement les cas de criminalité. « Les criminels seront retracés sans difficulté, car certains criminels cachaient leur vraies collines d’origine en présentant des cartes d’identité erronées. La carte biométrique va aussi faciliter le mouvement des personnes n’ayant pas de passeports à travers les pays limitrophes signataires de conventions régionales de libre circulation », lit-on sur le site dudit ministère.

Nous osons espérer que la carte d’identité biométrique va corriger certaines anomalies et pratiques obscures de l’administration. Il n’est pas rare de trouver des cartes d’identité aux mains des étrangers. Une personne pouvait disposer plus d’une pièce d’identité. Ce qui est délicat est que deux personnes avec une identification différente se retrouvaient avec un même numéro de la pièce d’identité. Certains ont eu du mal à se procurer des cartes SIM chez les opérateurs télécoms locaux.  Une loi de protection de la carte d’identité biométrique serait en cours d’élaboration. Le projet sera présenté en conseil des ministres pour analyse et adoption dans les prochains mois.

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Benjamin Kuriyo.

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