Editorial

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Les effets du phénomène climatique El Niño caractérisé par des températures anormalement élevées et de fortes intempéries sont déjà perceptibles. A fortiori, le gouvernement vient de déclarer l’urgence climatique et appelle à l’aide internationale pour atténuer l’impact du changement climatique.

Le Burundi est en proie aux effets du changement climatique. Ces derniers se manifestent à travers les catastrophes naturelles dont les inondations, les pluies torrentielles, les vents violents ou la prolongation de la saison sèche selon les régions. Les catastrophes d’une forte intensité fragilisent d’une manière répétitive les habitations, les infrastructures socio-économiques et exposent la population à une précarité absolue.  Les sinistrés se retrouvent du jour au lendemain dans une situation d’indigence parce qu’ils ont perdu leurs logements et leurs moyens de subsistance. Ils sont dans l’incapacité de subvenir aux besoins vitaux.

Les inondations et les glissements de terrain sont à l’origine des déplacements internes de la population. Les catastrophes affectent de façon disproportionnée les femmes et les enfants vivant sur les collines du Burundi. Actuellement, les autorités dénombrent plus de 80 000 déplacés internes et plus de 300 000 personnes en besoin d’aide humanitaire entre septembre 2023 et avril 2024.

Paradoxalement, les pays du Sud subissent de plein fouet les conséquences dévastatrices du changement climatique alors qu’ils ne contribuent presque pas aux émissions des gaz à effets de serre. Le Burundi est classé parmi les 20 pays les plus vulnérables au changement climatique à l’échelle mondiale. Les risques liés au changement climatique constituent une menace permanente pour tous les secteurs du pays. Le domaine des infrastructures est durement touché avec des pertes annuelles estimées à 30 millions USD rien que pour la plaine de l’Imbo. Pour minimiser les dégâts, les autorités découragent les constructions anarchiques dans les zones à haut risque. Dans les faits, le mot d’ordre n’est pas scrupuleusement observé.

D’après la Banque Mondiale, une écrasante majorité de Burundais, soit 99 % de la population n’ont pas la capacité d’adaptation nécessaire pour résister aux effets du changement climatique. Ce qui veut dire que le gouvernement devrait mobiliser des moyens conséquents pour faire face aux catastrophes naturelles. Des plateformes de prévention et de gestion des catastrophes ont été mises en place jusqu’au niveau décentralisé, mais encore faudra-t-il que ces structures bénéficient d’appuis financiers pour s’acquitter de leur mission.

Malgré la création du Fonds Spécial de Réduction des Risques de Catastrophes, le gap entre les ressources et les besoins reste important. Le fonds pour la prévention et la gestion des catastrophes est jusque-là alimenté par les dotations budgétaires de l’Etat à hauteur de 600 millions de FBu. Ce montant reste insuffisant pour atténuer les effets du changement climatique. Dans l’immédiat, l’opérationnalisation des systèmes d’alerte précoce est indispensable pour préserver les vies des populations. Certes, le gouvernement déclare l’urgence climatique, mais il reste à savoir si la réponse sera proportionnelle à l’envergure des catastrophes qui attaquent le pays sur tous les plans.

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Benjamin Kuriyo.

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