Economie

ZLECAF : Le Burundi soucieux de ne pas être un marché d’écoulement

Le Burundi se dit prêt à intégrer la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAF) à condition qu’il ne soit pas un marché d’écoulement. L’intégration de ce marché d’environ 1,2 milliards de personne où les pertes annuelles à court terme sont estimées à 26 milliards BIF nécessite une prudence. Cela au moment où le pays passe plus de 20 ans avec une balance commerciale déficitaire

La ZLECAF est déjà fonctionnelle depuis janvier 2021. Cependant, sur les 54 pays qui ont signé l’accord, seuls 36 pays l’ont ratifié. Le Burundi figure parmi les premiers. Son parlement l’a adopté à l’unanimité le 19 mai.

Malgré cela, le Burundi enregistre des avancées significatives en matière d’intégration de ce marché comme le signale Chrysologue Mutwa, négociateur en chef du processus de mise en œuvre de la ZLECAF.

Pour lui, il y aura des pertes sur le court terme et des bonus qu’il n’a pas précisé sur le moyen et le long terme. Les pertes sont estimées à 26 milliards de FBu par an selon l’avocate Ange Dorine Irakoze. Malgré cela, l’African Export-Import Bank (Afreximbank) a déjà mis à la disposition des pays africains 1 milliard USD pour faire face aux probables pertes.

Comme le pays est membre de pas mal d’organisations, cette avocate annonce également que les acquis peuvent se chevaucher.

L’intégration du Burundi dans la ZLECAF occasionnera une perte d’environ 26 milliards BIF par an sur le court terme.

Néanmoins, Mme Irakoze annonce qu’intégrer la ZLECAF est avantageux en ce sens qu’il y aura la création des économies d’échelles, la diversification des produits sur le marché, l’accès au marché dans tous les pays, la création d’emploi…

Les défis sont par exemple, selon toujours elle, le manque de laboratoire spécialisé et d’équipement pour les tests de certification de certains produits, la carence d’énergie, les produits d’exportation non diversifiés, la Covid-19…

« Les réalisations du Burundi en matière d’intégration régionale ne sont pas encore à la hauteur de ses ambitions. Il reste un marché d’écoulement au lieu de participer dans ce commerce intra-communautaire », déclare Isidore Ntirampeba, secrétaire permanent au ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération au Développement avant de marteler que le Burundi n’acceptera jamais d’être un marché d’écoulement.

Au moment où le Burundi se prépare à entrer dans la ZLECAF, M.Ntirampeba informe que beaucoup d’activités ont été menées, entre autres l’élaboration de la stratégie nationale d’intégration régionale du Burundi 2018-2027 (phase finale), élaboration de la stratégie nationale d’industrialisation, l’élaboration de la politique commerciale du Burundi…

Le secteur privé inquiété par l’intégration du Burundi à la ZLECAF

Christian Nibasumba, représentant pays de TradeMark East Africa au Burundi se pose la question de savoir si le secteur privé est prêt à intégrer la ZLECAF ou si cette zone va permettre la promotion du commerce et de l’investissement au Burundi.

Ginette Karirekinyana, vice-président de la Chambre Fédérale de Commerce et d’Industrie du Burundi (CFCIB) regrette que le secteur privé ne soit pas associé dans les différents engagements de l’intégration du pays dans la ZLECAF.

Elle rappelle que la taille du marché africain est estimée en 2021 à 1,35 milliards. Celui de la Chine compte environ 1,45 milliards, celui de l’inde 1,4 milliards, celui de l’Union Européenne 450 millions et celui des Etats Unis 330 millions.

« Ces quelques chiffres indicatifs témoignent la force du marché africain, surtout que d’ici 20 ans, l’Afrique se hissera au premier rang mondial au niveau de sa population en termes de blocs économiques continentaux », précise-t-elle.

Mme Karirekinyana déplore que les Africains achètent chez les Africains seulement 14% des produits qu’ils importent. Pourtant, ils achètent en dehors du continent 86% des produits qu’ils importent. Cela au moment où le commerce intra-européen se chiffre à 70%.

Denis Nshimirimana, secrétaire général de la CFCIB s’inquiète de la faisabilité de cette intégration qui s’accélère à grande vitesse. « En plus du manque d’infrastructures, les conflits déchirent le continent », s’exclame-t-il.

Philippe Ndikumana, président de l’Association des Agences en Douanes et Transitaires (ABADT) est embarrassé par le néocolonialisme des pays n’ayant pas participé à la colonisation comme la Chine, le Japon, les Etats-Unis, le fardeau qu’apportera le brexit … Leurs entreprises vont s’installer en Afrique. La production de celles-ci inondera le marché africain sans que les pays africains gagnent les recettes douanières.   

Actuellement le Burundi est membre de 190 organisations internationales et régionales dont plus de 154 organisations internationales. Pour entrer dans une organisation, c’est facile que de s’en retirer. On doit faire des négociations et régler les arriérés.

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A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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