Développement

La coopérative, pilier du développement rural

La coopérative a un rôle prépondérant dans le développement rural. Elle a été introduite au Burundi pendant la période coloniale. Mais son essor n’a pas suivi une courbe ascendante parce que les pouvoirs qui se sont succédé ne voyaient pas son importance de la même façon. Depuis quelque temps, un effort particulier est en train d’être fourni pour inciter la population  à se regrouper en coopératives

Depuis l’époque coloniale, la formule « coopérative »  a été reconnue  comme un vecteur important de promotion humaine et de développement économique et social.  Ce constat a été fait également par les premiers dirigeants nationaux qui en ont fait une stratégie volontariste de politique nationale  de gouvernance dès l’accession du pays à la souveraineté nationale.

Ainsi, le mouvement coopératif  a  connu un essor quantitatif et qualitatif appréciable dans tous les  secteurs économiques sous la houlette, d’une part, de l’Eglise Catholique entre 1960 et1980 et, d’autre part, du soutien trilogique du Gouvernement, du PNUD et du Bureau International du Travail (BIT). Comme on peut le constater, les coopératives ont une longue tradition au Burundi.

Le héros de l’indépendance avait egalement pressenti le rôle primordial des coopératives  dans la lutte contre la pauvreté. Malheureusement, au fur des années, la politique de développement communautaire basée sur les  coopératives n’a pas vraiment été soutenue à sa juste valeur par les gouvernements qui se sont succédé.

Tout faire pour redynamiser ce secteur

Radjabu Nzobambona, directeur exécutif de la Coopérative pour le Développement Economique et Social (CODES) : « L’objet de la coopérative est de permettre par exemple à celui qui n’a que quelques kilos d’une marchandise donnée de les vendre, de les transporter ou de les transformer à moindre coût et dans les meilleures conditions »

Le gouvernement actuel a réalisé la nécessité  de redynamiser  ce secteur combien important dans l’économie du pays. C’est pour cette raison qu’il a mis en place une loi régissant les sociétés coopératives au Burundi.

Cette loi a été promulguée le 26 juin 2017 dans le but justement de revitaliser les coopératives existantes et de favoriser la création de nouvelles, indique M. Parfait Bukebuke, directeur de la Promotion de l’Economie Locale, des Coopératives et de l’Entrepreneuriat au ministère de l’Intérieur, de la Formation Patriotique et du Développement Communal.

Une loi qui organise le secteur

Cette loi est importante, car elle offre la protection légale aux coopératives dans la mesure où elle détermine les démarches à suivre pour créer d’une coopérative. Elle en organise aussi la gestion  et  le mode de fonctionnement.

Plus important encore, elle instaure les avantages et les exonérations dont bénéficient les jeunes sociétés coopératives dès leur création.

Cela démontre à suffisante la volonté du gouvernement de soutenir ce secteur, souligne M. Bukebuke.

Une ombre au tableau

L’institution qui devait assurer le contrôle et la régulation de ce secteur n’a pas encore été mise en place. Pourtant la loi n° 1/12 du 26 juin 2017 stipule qu’il est créé une Agence Nationale de Promotion des Sociétés Coopératives (ANACOOP).

C’est un handicap certes, mais M. Bukebuke tranquillise. Il rappelle que l’enregistrement  des coopératives était du ressort de l’Agence de Promotion des Investissements  (API). Depuis la réorganisation des ministères et la mise en place de la nouvelle loi, le développement communal a été intégré au ministère de l’intérieur.

La direction chargée des coopératives est en train de répertorier les coopératives présentes sur tout le territoire national, fait-il savoir. Néanmoins, même si l’ANACOOP n’est pas encore fonctionnel, les nouvelles coopératives ou celle déjà existantes peuvent déjà régulariser leur situation en allant demander dans leurs communes respectives une attestation de reconnaissance provisoire en attendant la mise en place de l’ANACOOP, conseille le directeur de la Promotion de l’Economie Locale, des Coopératives et de l’Entrepreneuriat.

Priorité à l’identification des coopératives

Parfait Bukebuke, directeur de la Promotion de l’Economie Locale, des Coopératives et de l’Entrepreneuriat au ministère de l’Intérieur, de la Formation Patriotique et du Développement Communal : « La loi du 26 juin 2017 a été promulguée dans le but justement de revitaliser les coopératives existantes et de favoriser la création de nouvelles »

Actuellement nous procédons à l’identification des coopératives. Nous voulons savoir celles qui jouissent de la reconnaissance au niveau national et celles qui ont obtenu la reconnaissance provisoire au niveau communal afin de déterminer le meilleur moyen de leur venir en aide, indique Bukebuke.

Nous nous attelons aussi à la sensibilisation de la population pour l’inciter à adhérer aux coopératives. Nous avons déjà visité 11 des 18 provinces du pays, donc 74 communes. Nous  nous rendrons dans les 46 communes restantes avant la fin de l’année, fait savoir le directeur ayant en charge les coopératives au ministère de l’Intérieur.

Une organisation verticale des coopératives en perspective

Les habitants des collines vont s’organiser en coopératives multifonctionnelles, c’est-à-dire qui rassemblent les agriculteurs, les commerçants, les mineurs, etc. en son sein.

Ensuite les coopératives collinaires s’organiseront pour former une union des coopératives communales multifonctionnelles au niveau de la commune. Et puis les unions des coopératives communales formeront une fédération au niveau provincial.

Enfin, l’ensemble des fédérations provinciales formera une confédération qui coiffera l’organisation au niveau national. C’est dans ce cadre que nous sommes en train répertorier les coopératives.

Le rôle primordial des coopératives dans le développement rural

L’Alliance Coopérative Internationale définit la coopérative comme une « association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs au moyen d’une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement » a rappelé M. Radjabu Nzobambona, directeur exécutif de la Coopérative pour le Développement Economique et Social (CODES)  œuvrant dans le quartier Buyenzi de la Mairie de Bujumbura lors de la célébration de la journée internationale dédiée aux coopératives.

En fait, l’objet de la coopérative est de permettre à des individus de se regrouper et de réunir leurs moyens afin d’atteindre un objectif commun qui leur serait difficile à atteindre individuellement. En d’autres termes, l’objet de la coopérative est de permettre par exemple à celui qui n’a que quelques kilos d’une marchandise donnée de les vendre, de les transporter ou de les transformer à moindre coût et dans les meilleures conditions, a ajouté M. Nzobambona.

La population Burundaise est à 90% agricole, mais nous constatons avec amertume une insécurité alimentaire criante dans les ménages. C’est dans ce sens que les coopératives sont nécessaires dans la sensibilisation des agriculteurs à une consommation responsable des productions agricoles afin d’éviter les pertes post-récolte, a-t-il tenu à préciser.

RENACOOP-BURUNDI dans la droite ligne de la redynamisation des coopératives

Maxime Nshimayezu, président du conseil d’administration du Réseau National des Sociétés Coopératives (RENACOOP-BURUNDI) : « Le réseau rassemble 37 unions regroupant 142 coopératives répartis dans les différentes provinces du pays »

Un Réseau National des Sociétés Coopératives (RENACOOP-BURUNDI) vient de voir le jour justement dans le but de fédérer les coopératives afin de faire face aux défis auxquels elles sont exposées. Maxime Nshimayezu, président du conseil d’administration de ce réseau fait savoir que les coopératives manquent cruellement de cadre d’expression.

Nous serons leur porte-parole. Il était difficile pour elles par exemple d’obtenir un crédit à la banque du fait que chacune travaillait seule dans son coin sans collaborer avec les autres. C’était préjudiciable pour elles.

C’est pour cette raison que nous avons jugé bon de créer ce réseau. L’union fait la force. On gagne à travailler ensemble, indique M. Nshimayezu. Le réseau rassemble 37 unions regroupant 142 coopératives répartis dans les différentes provinces du pays.    

Les initiatives qui sont en train d’être prises pour redynamiser ce secteur sont appréciables. Peut-être qu’avec  la conjugaison de tous les efforts, la coopérative jouera pleinement son rôle, c’est-à-dire servir de pilier solide dans le développement rural.

A propos de l'auteur

Parfait Nzeyimana.

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Les effets du phénomène climatique El Niño caractérisé par des températures anormalement élevées et de fortes intempéries sont déjà perceptibles. A fortiori, le gouvernement vient de déclarer l’urgence climatique et appelle à l’aide internationale pour atténuer l’impact du changement climatique. Le Burundi est en proie aux effets du changement climatique. Ces derniers se manifestent à travers les catastrophes naturelles dont les inondations, les pluies torrentielles, les vents violents ou la prolongation de la saison sèche selon les régions. Les catastrophes d’une forte intensité fragilisent d’une manière répétitive les habitations, les infrastructures socio-économiques et exposent la population à une précarité absolue

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